Le gouvernement a rendu public aujourd’hui l’intégralité du très attendu Rapport de la Cour d’Enquête sur l’échouement du vraquier MV Wakashio survenu il y a cinq ans, soit le 25 juillet 2020 au large de Pointe d’Esny. Ce document accablant de 223 pages, a été rédigé par l’ancien juge A Hamuth, qui a présidé l’enquête judiciaire, ainsi que par les experts maritimes M Genevieve et J Lam Kai Leung. Le rapport conclut que la catastrophe est due intégralement à l’erreur humaine et à la négligence, écartant toute défaillance mécanique.
L’enquête révèle que le Commandant, le Chef Officier et le Chef Mécanicien se trouvaient sur la passerelle au moment de l’échouement, leur attention étant centrée sur la tentative d’accès au réseau de télécommunications mauricien pour obtenir une connexion internet. La recherche de signal mobile a primé sur le devoir fondamental du Chef Officier d’assurer une veille de navigation sécurisée. Les risques étaient aggravés par la consommation de whisky par le Commandant sur la passerelle, ce qui a constitué une faute professionnelle grave et a nui à son jugement. Il est établi que le Commandant avait dévié de la route pré-établie pour naviguer à seulement 2 milles marins des côte du sud-est afin de capter un signal mobile.
Les défaillances s’étendent aux autorités : la Cour a conclu que la Garde côtière nationale (NCG) n’avait pris aucune mesure pour empêcher l’accident, en dépit de ses pouvoirs légaux. Les officiers de la Salle des Opérations et de la Station radar de surveillance côtière ont été jugés peu véridiques dans leurs dépositions, la Cour soupçonnant fortement que de fausses inscriptions ont été faites dans les journaux de bord pour dissimuler l’échec de la surveillance efficace des eaux territoriales.
L’échouement a provoqué le déversement d’environ 1 000 tonnes de mazout lourd (Heavy Oil) dans une zone d’une biodiversité exceptionnelle, incluant le Parc Marin de Blue Bay, un site Ramsar. Le Rapport critique également l’état de préparation : le Plan National d’Urgence en Cas de Déversement d’Hydrocarbures (NOSCP) était obsolète, datant de 2003, et les autorités ont tardé à déclarer l’urgence environnementale.
Face à ces conclusions, la Cour d’Enquête a recommandé l’annulation du certificat du Commandant et a ordonné que les incohérences et les soupçons de dissimulation impliquant les officiers de la NCG soient renvoyés au Directeur des poursuites publiques (DPP) pour toute action jugée appropriée. Le document complet est désormais accessible pour tous les citoyens ci-dessous.
À noter que cinq ans après le naufrage du MV Wakashio, le Bureau du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) a recommandé récemment l’ouverture d’une enquête policière visant la National Coast Guard (NCG).