Court of Investigation : le Deputy Director of Shipping pointe du doigt l’équipage du Wakashio

C’est en la salle d’audience n°2 de l’ancienne Cour suprême, à la rue Pope Hennessy, Port-Louis, que les travaux de la Court of Investigation sur l’échouement du vraquier MV Wakashio sur les récifs de Pointe-d’Esny, le 25 juillet 2020, ont débuté ce mardi, 19 janvier.

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La première audition a été celle du capitaine Asiva Coopen, Deputy Director of Shipping, qui a révélé que le capitaine du Wakashio s’est rapproché des côtes de Maurice dans le but de capter le signal téléphonique/wifi.

Le capitaine du Wakashio lui aurait déclaré qu’il aimé que son équipage soit heureux. « De temps en temps, je vais près des côtes pour capter un signal. C’est bon pour le moral ».

Selon les conclusions de son rapport, Asiva Coopen indique que l’échouement a été causée par une « décision humaine” et que “l’équipage ne s’est pas rendu compte du danger ».

« Il y a eu négligence. Ils étaient trop sûrs que tout allait bien se passer », a déclaré le Deputy Director of Shipping.

Ce dernier a souligné que, pour tout voyage avec ce type de bateau, un Passage Plan doit être obligatoirement établi. Ce plan doit ainsi prendre en compte la proximité de la terre, le trafic maritime, les conditions météorologiques ou encore la profondeur de l’eau sur le trajet.

C’est le rôle du second d’établir ce plan qui doit être avalisé par le capitaine. « Ils n’ont pas suivi le plan. C’est vers l’Indonésie que le Wakashio a changé de cap cinq jours avant son échouement », a soutenu le capitaine Coopen.

Le Deputy Director of Shipping a expliqué que le changement de cap doit être discuté et approuvé par les autorités. « Ils doivent avoir fait une évaluation de la sécurité en premier lieu lorsqu’ils s’approchent d’une côte ».

Il a poursuivi en soutenant que le capitaine du Wakashio ne possédait pas de carte électronique ou papier de la région de Maurice. « Une carte est le cœur de la navigation », a ajouté le capitaine Coopen.

Asiva Coopen a aussi révélé que le pilotage automatique était activé lorsque le Wakashio a dévié de sa trajectoire initiale. « Il n’y a eu aucune surveillance de la position du navire à aucun moment. Ils ont tout pris pour acquis », a-t-il soutenu.

Répondant aux questions de l’Assistant Sollicitor General, Me Rajkumar Baungally, le capitaine Coopen a également confirmé qu’une fête d’anniversaire avait lieu à bord du navire le jour de l’échouement.

Sur la possibilité de dégager le vraquier grâce à un remorqueur, le capitaine Coopen a souligné que les autorités mauriciennes n’ont pas la capacité/expertise de sauvetage ou l’équipe requise pour faire face à un naufrage comme celui du Wakashio.

« Pour être honnête, les remorqueurs de sauvetage ne sont pas assez grands pour enlever un navire comme le Wakashio. Ils ont besoin d’un fil spécial qui n’est pas disponible à Maurice », a-t-il fait comprendre

L’audition du Capitaine Manu, Commandant de la National Coast Guard, n’a pas été de tout repos. Prétextant qu’il n’est pas en position de répondre à certaines questions ou qu’il ne possède pas les réponses, le Capitaine Manu, visiblement embarrassé par les interrogations persistantes des juges, a eu du mal à fournir des éclaircissements clairs et précis.

Il a affirmé désormais qu’aucun signal de détresse n’a été reçu avant l’échouement du vraquier.

Selon ce dernier, c’est à partir de 18h15 que les appels vers le MV Wakashio ont débuté, venant des officiers de la NCG de Pointe-du-Diable. Toutefois, aucune réponse n’a été reçue d’eux.

« Ce n’est que lorsqu’il s’est échoué que nous avons réussi à établir le contact. Des appels ont été lancés depuis la Pointe-du-Diable, Mahébourg et Blue-Bay. Nous n’avons pas supposé que la navigation était un problème. Leur navigation est la responsabilité du navire. Nous n’avions pas de soupçons, mais c’était inhabituel », a déclaré le Commandant de la NCG.

Il a déploré également que Maurice ne possède pas de système de gestion du trafic pour surveiller le navire et que les radars, à St-Brandon et à Agaléga, ne sont pas en opération.

Le capitaine Manu devra une nouvelle fois comparaitre en Cour suprême ce mercredi, 20 janvier. Il a confié aux juges qu’il quittera le pays pour l’Inde ce vendredi.

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