(Covid-19) 3e phase de déconfinement : le secteur des loisirs en panne technique

Un directeur de casino : « Veut-on nous éliminer pour laisser la voie libre à un privilégié ? »

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Rajesh Callicharan (MCiné) : « Nous sommes fermés alors que des blockbusters sortent enfin »

Cinémas, casinos, bars et discothèques restent fermés jusqu’à nouvel ordre. Parallèlement, pas de concerts. Komiko a mis la clé sous le paillasson et les artistes évoluant dans le circuit hôtelier n’ont pas été rappelés, en dépit de la réouverture des hôtels et des frontières. Même si certains ont droit à une allocation de Rs 10 200, ils peinent à joindre les deux bouts et ont hâte de pouvoir recommencer à exercer leurs talents. Un directeur de casino s’interroge sur cette interdiction, et se demande si le but n’est pas de « protéger un privilégié » .

Des Running Costs de près de Rs 4 millions par mois et 150 emplois à préserver. C’est avec cette lourde responsabilité qu’un directeur de casino dénonce la situation avec les restrictions sur le secteur des loisirs. « Avec la troisième phase de déconfinement, on s’attendait à pouvoir reprendre les activités. Malheureusement, les autorités ont décidé qu’il fallait garder les casinos fermés. Je ne comprends pas cette logique, quand je vois des autobus et le métro remplis de passagers. Il n’y a pas de cohérence dans ces décisions. Malgré la fermeture, je dois trouver Rs 4 millions pour les Running Costs chaque mois, comprenant le loyer et les factures. Sans compter les salaires des employés, qui ne sont pas éligibles à l’allocation mensuelle du gouvernement », fait-il comprendre.

Ce directeur de casino se dit conscient qu’il y a des risques de propagation du virus dans un espace fermé. Toutefois, il est d’avis que les autorités auraient pu autoriser certaines activités en attendant une réouverture complète. « Prenons par exemple les machines à sous. On aurait pu mettre des cloisons pour empêcher des joueurs d’avoir des contacts et limiter l’accès à 50 personnes, comme cela se fait pour les mariages. Au moins, cette partie du casino aurait pu opérer. Bien sûr, on prendrait les précautions sanitaires nécessaires. Pourquoi fermer complètement et nous empêcher de travailler ? » dit-il.

Très remonté, ce dernier va jusqu’à soupçonner une tentative de pousser certains casinos à mettre la clé sous le paillasson. « Nous avons tous entendu les rumeurs qu’un certain privilégié était bien placé pour reprendre les Casinos de Maurice. Est-ce un moyen de mettre ses concurrents hors-jeu et de lui offrir le secteur sur un plateau ? » se demande-t-il. Il regrette que personne ne semble se soucier des difficultés des opérateurs. « On n’a pas de moratoire sur les Running Costs. À la fin du mois, le propriétaire du bâtiment veut son argent. Que vous soyez opérationnel ou pas » lâche-t-il.

Au sein de la communauté des artistes, la situation n’a pas évolué non plus. Après plus d’un mois et demi d’inactivités, la troupe Komiko a été contrainte de fermer sa salle de spectacles à Bagatelle. En dépit d’une rencontre avec le ministre des Arts et du Patrimoine culturel, Avinash Teeluck, et de l’élan de solidarité manifesté par les Mauriciens, la situation n’a pas évolué.

Sollicité, en l’absence de sa sœur Miselaine, Wesley Duval confirme que c’est toujours le statu quo et ajoute que « comme vous le savez, le ministère des Arts a suggéré son aide, mais nous n’avons rien de concret à ce jour. Nous attendons toujours, en espérant que nous aurons bientôt une nouvelle positive. »

Lors de la rencontre avec le ministre Teeluck, il avait été question de mettre le théâtre Serge Constantin à la disposition de la troupe pour ses représentations. En attendant, ceux qui ont fait rire les Mauriciens pendant plus d’une décennie n’ont pas le cœur à l’humour. Bien au contraire. Six comédiens à plein-temps se retrouvent en chômage technique. Une dizaine d’autres, en Freelance, resteront éloignés de la scène pendant encore un bon bout de temps. « Nous attendons une réponse pour savoir dans quelle direction aller. Entre-temps, on ne peut rien planifier », ajoute Wesley Duval.

Strass et paillettes au placard

Avec la réouverture des frontières et des établissements hôteliers aux Mauriciens, le secteur de l’animation se remet aussi en place, mais très lentement. Pour l’heure, la majorité des artistes engagés dans ce secteur n’ont pas encore été rappelés. C’est ce que confirme Joëlle Coret, leur porte-parole. « Il y a des artistes qui avaient déjà des contrats et qui ont été rappelés. Cependant, ce n’est pas le cas pour la grande majorité d’entre nous. Nous avons une allocation du gouvernement jusqu’à fin septembre, mais par la suite, il faudra recommencer à travailler. Nous attendons donc », regrette-t-elle.

La chanteuse avoue que c’est le flou pour le moment, car on ne sait comment cela va se passer. « Même si on nous rappelle, nous ne savons pas quelles seront les conditions. Aurons-nous un nouveau contrat ? On ne sait pas. »

Au niveau du circuit des salles de cinéma, on projette toujours relâche. Un employé du secteur dit ainsi craindre de ne pas pouvoir retrouver son emploi. « Cela fait plus de dix ans que je fais ce métier et on n’aurait jamais imaginé se retrouver dans une telle situation. Pour le moment, pe bat bate. Le patron a dit qu’il nous rappellerait dès que les activités reprendraient », laisse-t-il entendre.

Une situation que confirme Rajesh Callicharan, le directeur de MCiné. Le pire, pour lui, c’est que cette nouvelle fermeture survient au moment même où les blockbusters tant attendus sont enfin sortis. « Après le premier confinement, on avait du mal à reprendre les activités. Il n’y avait pas de nouveaux films, donc les gens ne venaient pas. On attendait notre première grosse production pour le mois de mars, soit Fast and Furious 9. Malheureusement, il y a eu le deuxième confinement et, depuis, nous sommes toujours interdits d’opérer », indique-t-il.

Ainsi, MCiné rate la sortie de Black Widow, sorti récemment, et qui fait déjà un carton à l’étranger. Suicide Squad 2 et Jungle Cruise, tous des blockbusters, sont aussi attendus. « Avec tous ces blockbusters, cela aurait été l’occasion pour nous de nous relancer. Malheureusement, les salles restent fermées, je ne sais pourquoi. Cela alors qu’à l’étranger, même en Inde, les salles sont ouvertes. »

Conséquence de la situation, Rajesh Callicharan dit n’avoir eu d’autre choix que de se séparer de certains de ses employés. Des 55 membres du personnel, il n’en a gardé que dix pour le moment. Il ajoute que si les choses s’améliorent, il devra recruter à nouveau. Mais pour l’heure, c’est toujours le flou. En plus, il faut trouver les moyens d’assurer les coûts fixes pour les quatre salles, soit une somme d’environ Rs 1 million par mois.

Silence, on confine les loisirs et détente…

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