Covid-19 : Jagutpal acculé sur les données officielles

XLD : « Pourquoi les 12 026 cas positifs sur les 44 838 Rapid Antigen Tests de la période du 1er au 24 octobre ne figurent pas dans les chiffres officiels de la Santé ? »

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Le ministre de la Santé : « The paradigm shift this Government has made in the management of the Covid-19 pandemic from containment of infection to a successful vaccination programme… »

Sur les 16 décès de personnes Fully Vaccinated, neuf étaient vaccinées au Sinopharm

Record absolu : une seule interpellation sur 15 inscrites au Prime Minister’s Question Time répondue par Pravind Jugnauth

La reprise des travaux de l’Assemblée nationale a été marquée sous le sceau du Covid-19. Outre le barrage de Parliamentary Questions déposées initialement par les députés, majorité et opposition confondues, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, a été épinglé par le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, lors de la Private Notice Question (PNQ), avec les Tainted Statistics publiées officiellement au sujet de l’évolution de la pandémie sur le terrain. Officiellement, les autorités font face à des allégations selon lesquelles les chiffres seraient manipulés. D’ailleurs, reprenant les détails fournis par le ministre, le leader de l’opposition a acculé ce dernier sur le fait que les 12 026 cas positifs suite à 44 838 Rapid Antigen Tests – soit un sur quatre –, effectués au cours de la période allant du 1er au 24 octobre, ne figurent nullement dans les données publiées officiellement par la Santé.

En guise de réponse, Kailesh Jagutpal s’est contenté de parler en pas moins de trois occasions lors de la demi-heure de « paradigm shift this Government has made in the management of the Covid-19 pandemic from containment of infection to a successful vaccination programme ». Il devait également être pris de court par Xavier-Luc Duval quant à la commande de Tocilizumab, un puissant médicament anti-Covid-19, recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) depuis le 5 juillet dernier. Le leader du PMSD est d’avis que ce médicament ne sera disponible qu’en 2022, car ce n’est qu’en septembre que la décision a été avalisée au niveau de la Santé.

D’autre part, le Premier ministre et Leader of the House, Pravind Jugnauth, a établi un nouveau record avec une seule interpellation répondue lors des 30 minutes du Prime Minister’s Question Time. Certes, la première PQ, au nom de la backbencher de la majorité Joanne Tour, sur la souveraineté territoriale des Chagos, est d’intérêt public et de portée internationale. Il n’empêche que d’autres PQs concernant Ken Arian en tant que Chief Executive Officer d’Airport Holdings Ltd, ou encore les démêlés ou non-démêlés de Jean-Michel Lee Shim avec la police, et les conditions et salaires de Navin Beekarry en tant que directeur de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC), ont été laissées sur la touche.

En début de séance, l’Assemblée nationale a rendu hommage à quatre anciens parlementaires décédés pendant la période des vacances parlementaires, soit Khalid Tegally (73 ans), mort le 6 août, le Dr S. Peerthum (80 ans), le 22 août, Premduth Doongoor (78 ans), le 21 septembre, et Jacques Chasteau de Balyon (70 ans), le 25 septembre. Les travaux ont été ajournés vers les 00 h 40 ce maton avec la suite des débats sur l’Offshore Petroleum Bill

Tout au long des échanges lors de la tranche de la PNQ, Xavier-Luc Duval s’est engagé dans un exercice pour démontrer que les données statistiques publiées par le ministère de la Santé ne sont pas fiables, pour dire le moins. D’ailleurs, il a animé un point de presse à la mi-journée pour commenter les éléments de réponse du ministre. Celui-ci a indiqué que, pour la période du 1er au 24 octobre, 47 855 tests PCR ont été effectués, soit comme suit :

Central Health Lab : 5 868

Airport Health Lab : 25 525

Novalab : 6 327

Wellkin : 11 819.

Pour se justifier eu égard au changement de stratégie, le ministre, qui a confirmé que 1 738 cas positifs ont été dépistés, soutient : « we have now reached a point where vaccination against Covid-19 is the only solution. In fact, it is the game changer. » Il a ajouté : « We are no longer in 2020. As everyone is aware, in 2020 the recommendation of WHO was Testing, Testing and Testing. However, in 2021 the recommendation of WHO and the international community is Vaccination, Vaccination and Vaccination! »

Kailesh Jagutpal devait être pris à défaut lors de la tranche des interpellations supplémentaires avec les données relatives aux Rapid Antigen Tests. « My Ministry has effected 44 838 Rapid Antigen Tests out of which 12 026 have been found positive », devait-il ainsi révéler dans sa réponse liminaire.

Toutefois, le leader du PMSD devait avancer subséquemment que le nombre de tests de dépistage entrepris par la Santé se résume actuellement à 244 par jour, alors que pour le mois de juillet dernier, la moyenne quotidienne variait de 5 000 à 6 000. Ce qui a poussé Xavier-Luc Duval à dire que « there are hundreds of discrepancies with the figures published by the ministry ».

Plus loin, il a apostrophé le ministre Jagutpal en soulignant : « You must tell everything to the House. Il y a 12 000 cas positifs avec les Rapid Antigen Tests avec un Accuracy Rate de 99%. Where are the 12 000 cases in the figures? They are not published anywhere. Pourquoi cela ? You are misleading the House… The ministry is misleading the House. »

Un autre sujet de controverse porte sur les cas de décès de patients Fully Vaccinated , soit 16 selon le ministre, dont neuf étaient vaccinés avec le Sinopharm. Kailesh Jagutpal a tenté de justifier la décision de recourir à ce dernier vaccin face à la déclaration de Xavier-Luc Duval selon laquelle des études scientifiques ont prouvé que ce traitement vaccinal était le moins efficace de la série. « It is very wrong to criticize a country that has provided us with a vaccine », devait-il répondre à ce sujet.

Pour la même période, du 1er ou 24 octobre, les services sanitaires ont enregistré 63 décès, dont seulement 16 sont attribués au Covid-19, notamment 11 à l’hôpital ENT, deux à l’hôpital Victoria, un au Sir Seewoosagur Ramgoolam National Hospital et un autre au Dr Bruno Cheong Hospital de Flacq. « No fully vaccinated Covid-19 positive patient was admitted to J. Nehru Hospital and Dr A.G. Jeetoo Hospital », affirme-t-il.

Les 47 autres décès survenus depuis le début de ce mois sont attribués par le ministère à d’autres facteurs de comorbidité, comme

le cancer (3),

les complications cardiaques (17), les problèmes rénaux (16), le diabète (6), l’hypertension artérielle (2), la fracture du crâne (1) et la Cervical Mass (1).

Le leader de l’opposition n’a pas manqué également de relever le « manque d’humanisme » dans le traitement des dépouilles des victimes du Covid-19 à l’hôpital ENT. Par manque de facilités mortuaires dans cet établissement hospitalier flambant neuf, les corps sont en effet placés dans des Disaster Bags à même le couloir et pour au moins un cas pendant quatre jours…

L’archipel des Chagos

monopolise le PMQT

Pour le premier Prime Minister’s Question Time de la rentrée parlementaire, les députés de l’opposition avaient sorti l’artillerie lourde, avec une série d’interpellations sur Airports Holdings Ltd/Ken Arian et Jean-Michel Lee Shim. Comme il fallait s’y attendre, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, n’y a pas répondu… faute de temps. La question de la Backbencher de la majorité, Joanne Tour, a monopolisé cette tranche du Question Time, qui a vu également des interventions pointues du leader du MMM, de Paul Bérenger. Pravind Jugnauth a déclaré qu’il a fait une demande pour une rencontre avec le Premier ministre britannique, Boris Johnson, concernant le dossier Chagos en marge du sommet de COP26 à Glasgow, en Écosse, tout en réitérant les menaces des États-Unis de faire couler tout bateau transportant des Mauriciens dans l’archipel.

Pendant presque 30 minutes, le Premier ministre a répondu à la question de Joanne Tour. Celle-ci voulait savoir où en sont les choses concernant la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos. Il a pris le temps de rappeler les derniers développements sur ce dossier, allant de la résolution de l’ONU, à l’avis de la Cour internationale de Justice, en passant par la décision du Tribunal international du Droit de la Mer, en faveur de Maurice, face aux Maldives, ainsi que la décision de l’Union postale internationale de ne plus reconnaître le British Indian Ocean Territory (BIOT).

Le Premier ministre a également exprimé sa déception du fait que le Royaume-Uni continue d’ignorer l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice et la Résolution de l’ONU. En revanche, a-t-il précisé, c’est clair que toutes les instances internationales reconnaissent aujourd’hui, la souveraineté de Maurice sur les Chagos.

De même, il a réitéré la disposition du gouvernement mauricien à discuter avec les Anglais quant à la base militaire sur Diego Garcia. « Nous avons toujours dit que nous n’avons aucune objection à la poursuite des activités liées à la sécurité sur Diego Garcia. Nous sommes prêts à signer un accord à long terme, avec les États-Unis ou le Royaume-Uni, sur les Chagos », fait-il comprendre.

Pravind Jugnauth ajoute que le gouvernement continuera à explorer toutes les avenues politiques, légales et diplomatiques, en vue de compléter la décolonisation de Maurice. Dans ce contexte, il indique qu’il a fait une demande pour rencontrer le Premier ministre anglais, Boris Johnson, à l’occasion de son déplacement pour le Sommet de Glasgow. Il revient sur la légitimité des Chagossiens de vouloir retourner dans leurs îles.

Tour : Peut-on savoir qui sont les six membres ayant voté contre la résolution de l’Union postale internationale concernant la souveraineté de Maurice sur les Chagos ?

PM : Sur les 124 membres ayant participé au vote, six étaient effectivement contre. Cinq parmi sont membres des Nations unies, à savoir l’Australie, la Hongrie, la Grande-Bretagne, Israël et les États-Unis. Le sixième était des UK Overseas Territories, qui sont collectivement, membres de l’Union postale internationale. Soulignons qu’initialement, les Maldives avaient voté contre la Résolution de l’ONU, mais n’ont pas participé au vote dans ce cas.

Tour : Quelles ont été les actions prises par Maurice au niveau de la Commission des Thons de l’océan Indien (CTOI), par rapport à la Résolution de l’ONU ?

PM : C’était logique, après la Résolution de l’ONU, de demander à toutes les agences des Nations unies, ainsi qu’à toutes les organisations internationales de mettre en œuvre la résolution. Nous avons soumis une motion à la CTOI. Malheureusement, avec la situation sanitaire, il n’y a pas eu de session de la commission en personne. Notre motion demeure à l’agenda, pour la prochaine session. Nous sommes confiants de réunir une majorité de membres de notre côté sur ce dossier.

Bérenger : Il y a un nouveau président, un nouveau secrétaire d’État, aux États-Unis, et tout récemment, un nouveau Foreign Secretary en Grande-Bretagne. Avez-vous eu l’occasion d’établir le contact avec eux ?

PM : Cela dépend de ce que l’honorable membre veut dire par établir le contact. À l’occasion de son élection et de son accession à la présidence, j’ai écrit à Joe Biden pour le féliciter et j’en ai profité pour mentionner le dossier de l’archipel des Chagos. Ce sont les seules communications que j’ai pu envoyer au président américain. Il n’y a pas eu de contact verbal.

Nous avons fait des demandes au niveau des États-Unis et surtout de la Grande-Bretagne. Les Américains ont toujours dit d’une part, que c’est une affaire entre nous et les Britanniques et qu’il faut régler cela entre nous ; et d’autre part, qu’ils reconnaissaient le BIOT. J’ai écrit au Premier ministre britannique pour solliciter une rencontre à ce sujet, lors de mon déplacement pour le Sommet de Glasgow. Attendons voir leur réponse.

Mayotte : Le Premier ministre peut-il éclairer la Chambre sur le rejet de l’instrument présenté par les Britanniques à la CTOI, par la Food and Agriculture Organisation (FAO) ?

PM : Lorsque la Grande-Bretagne a quitté l’Union européenne, elle a présenté un nouvel instrument à la CTOI. Elle a demandé à devenir membre en tant que Coastal State, à travers le BIOT. En raison de la Résolution de l’ONU, la FAO a rejeté cette proposition. Cette fois-ci, ils ont fait une demande en tant que Distant Water Fishing Nation.

Bérenger : Le Premier ministre est-il au courant que les Rules de la CTOI permettent aux pays qui ne sont pas des Coastal States, mais qui ont un ou plusieurs bateaux pêchant dans l’océan Indien, de devenir membre de la commission. Que fait Maurice à ce sujet ?

PM : Je suis bien au courant de cela. Ce que nous contestons c’est que la Grande-Bretagne ne peut demander admission à la CTOI sur la base de la BIOT. Il y a eu la Résolution de l’ONU et surtout le jugement du tribunal du droit de la mer qui reconnaît notre territoire aux Chagos. Il faut voir quels sont les critères mis en avant par la Grande-Bretagne pour demander le Membership.

Navarre-Marie : Où en est le projet de visite aux Chagos ? Un navire a-t-il été affrété à cet effet ?

PM : Depuis l’annonce de cette visite, nous avons reçu des menaces de la part de la Grande-Bretagne et des États-Unis. Je l’ai déjà dit publiquement, l’ancien ambassadeur des États-Unis m’a rencontré spécifiquement sur ce sujet. Il m’a mis en garde que si l’on essayait de se rendre aux Chagos, le navire serait coulé avant même d’y parvenir.

Par la suite, il a voulu clarifier la situation, disant qu’il y avait un malentendu. Je suis déterminé à continuer la lutte pour retrouver notre territoire. Je dois dire qu’il n’est pas facile de trouver un navire non plus pour cela, surtout avec la pandémie. Mais je rassure, ce projet est toujours à l’agenda.

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