(CRISE SANITAIRE) Aux banquiers – Lord King : « Far too early to declare complete success »

L’ex-gouverneur de la Banque d’Angleterre; « We are going through a difficult period now in which the initial optimism about vaccination which promised a way out of the Covid-19 problems is being tampered »

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Après le refus du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, mardi dernier de communiquer à l’Assemblée nationale des informations sur le fonctionnement de la Mauritius Investment Corporation (MIC) lors de la Private Notice Question du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, la Banque de Maurice a tenté de remettre en perspective cette approche face à la crise économique et financière, découlant de la pandémie de Covid-19. Toutefois, l’un des intervenants, Lord Mervyn King, ancien gouverneur de la Bank of England, a partagé sa part de vérité en soulignant avec force que « it is far too early to declare complete success and say that there won’t be anymore future losses ». Il a mis en garde contre un trop d’optimisme sur le tourisme.

Lord King a fait comprendre qu’avant la crise financière de 2008, les banques étaient perçues comme la partie la plus « successful » de l’économie de marché, réalisant de gros profits et attirant les jeunes professionnels les plus talentueux. « Everything seemed to going well », concède-t-il. Mais ce que le secteur a oublié, dit-il, c’est que ce ne sont pas que la profitabilité et l’efficience qui comptent, car la résilience est également cruciale.
« The ability to withstand unexpected events that comes along is clearly a crucial part of any successful enterprise or bank in the private sector. It is no good being efficient if you disappear when something unexpected comes along, and you can’t cope with that fact. Resilience is being brought back into focus. » Toutefois, il a soutenu que le système bancaire mondial est désormais « much better prepared » qu’avant la crise financière de 2008.

« Great uncertainty » pour le secteur touristique

Mervyn King, réaffirme que les banques doivent être prêtes à tout moment contre n’importe quel risque. « It is crucial when the sources of funding could suddenly dry up for reasons that are never easy to anticipate, sometimes a loss of confidence. » Il a indiqué que les banques mauriciennes « seem to be on a good track », mais que « some questions need to be raised as we look forward ». Il ajoute qu’à un moment donné, les mesures gouvernementales d’aides aux entreprises et particuliers devront cesser, alors que le monde sortira graduellement de la pandémie.

De fait, c’est là que la plus grande vigilance devra être exercée, estime-t-il. « We are going through a difficult period now in which the initial optimism about vaccination which promised a way out of the Covid-19 problems is being tampered by a realization that there can be new variants of the virus and that there can still be large number of cases even if the majority of a population is vaccinated. » Il a ainsi évoqué une “great uncertainty” concernant le secteur des voyages et l’industrie touristique de Maurice.

L’économiste estime que le secteur bancaire doit de fait être prêt en toutes circonstances à de « possible losses », prévenant que « it is far too early to declare complete success and say that there won’t be anymore future losses ». C’est dans cette optique qu’il conseille vivement aux banques de ne pas payer de gros dividendes et de ne pas « faire d’excès ».
De son côté, le gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegoolam, qui est intervenu lors de cette première édition du Thought Leadership Series, débat réunissant des professionnels bancaires locaux et étrangers, dont Lord Mervyn King, économiste et ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, le Dr Vera Songwe, secrétaire de la commission économique pour l’Afrique des Nations Unies, et Daniel Essoo, Chief Executive Officer (CEO) de la Mauritius Bankers Association, a défendu bec et ongles la MIC. « MIC has been instrumental in preserving resilience of the banking sector and successfully prevented potential failures of systemically important domestic companies, this has mitigated contagion risk from the real sector to the banking sector », déclare-t-il. Et de poursuivre : « The MIC continues to play a critical role in reshaping the economic landscape of our country. »

Par ailleurs, il a défendu la position adoptée par la Banque de Maurice (BoM) depuis le déclenchement de la pandémie, déclarant que « the Bank of Mauritius has bridged a significant shortfall of foreign exchange inflows by regularly supplying BoM a regularly supplying foreign exchange to the market, by so doing the bank has been able to avoid heightened economic and financial vulnerabilities that would have caused major risks to price stability in the country ». Le gouverneur a expliqué que la pertinence de la stratégie mise en place à la banque centrale pour préserver la résilience du secteur bancaire est démontrée par les indicateurs, qui témoignent que les banques demeurent bien capitalisées avec un “capital adequacy ratio” de 18,7%, soit bien au-delà du seuil réglementaire requis, et la qualité des actifs « has also remained strong ».

Il a aussi mentionné le “non-performing loan ratio”, qui s’est amélioré à 5% fin mars de cette année, en sortant de 5,4% fin septembre 2020. De plus, le “liquidity coverage ratio” était à 250,6% fin mars 2021, soit bien supérieur au niveau requis de 100%. Le gouverneur de la banque centrale a indiqué que des “stress tests” ont été effectués auprès des banques, confirmant qu’elles demeurent résilientes.

Il a toutefois insisté sur le fait que « nous ne devons pas dormir sur nos lauriers », car d’autres défis restent à être relevés avec le retrait des aides gouvernementales. « The critical point here is to ascertain that any unwinding of any support measure does not lead to financial stability risks. The phasing out of any measure must be done very cautiously » afin d’éviter des risques à la stabilité financière.

Daniel Essoo, CEO de la Mauritius Banking Association, a, lui, déclaré que les banques ont été résilientes à ce stade face à la pandémie pour diverses raisons, dont le fait que Maurice a été un “early adopter” des normes Bâle III concernant la réglementation bancaire, puis de par le fait qu’en général, les banques locales tendent à adopter une approche « conservatrice ». Selon lui, « banks have been fairly prudent in Mauritius ». Il a également commenté leurs stratégies commerciales et le fait qu’elles pratiquent beaucoup de transactions internationales.

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