Dans l’océan Indien : l’UE constate une hausse des transactions de drogue

  • Nando Bodha : « La piraterie peut resurgir à tout moment »

« Le trafic de drogue par la mer a augmenté de manière considérable et demeure active dans la région comme nous indiquent les récentes saisies de drogue », a déclaré l’ambassadrice de l’Union européenne à Maurice, Marjaana Sall, hier matin lors de l’ouverture de la deuxième conférence ministérielle sur la sécurité maritime et le 22 Contact Group on Piracy off the Coasts of Somalia (CGPCS), à Ébène.

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La sécurité maritime, rappelle l’ambassadrice, est « cruciale ». Elle poursuit : « Nous avons vu des attaques de piraterie dans la région, le trafic humain, la contrebande, le trafic de drogue et la dégradation de l’environnement marin. Ceci a un impact sur l’économie, le commerce international et sur le développement du commerce dans la région. Notre vigilance commune est importante. » Pour combattre les crimes maritimes, elle fait ressortir qu’un fonds de 42 M euros de l’UE a été décaissé. Même si le nombre de cas de piraterie a connu une baisse, elle demande à « continuer les efforts » et à « exercer la prudence ».

Le trafic de drogue est un problème également mis en exergue par le ministre des Affaires étrangères, Nando Bodha, présent lors de cette première table ronde. « L’océan Indien est devenu un centre pour le trafic de drogue à l’international », dit-il, faisant ressortir que ce trafic a quitté tout lentement le Mexique, les régions d’Amérique Latine et les États-Unis pour l’océan Indien. « Les défis sont énormes », dit-il.

Hormis le fléau du trafic de drogue, la piraterie demeure le « problème principal ». De ce fait, les Nations unies avaient voté pour la mise en place d’un Contact Group pour lutter contre la piraterie sur la côte de la Somalie. Selon lui, la piraterie est une menace « endémique ». Si le nombre de cas de piraterie a baissé, il fait ressortir deux cas en avril de cette année. « Nous ne devons pas oublier qu’il y a encore des prisonniers et des cas où des pirates doivent être poursuivis et avoir une peine d’emprisonnement », dit-il.

Le ministre fait de même ressortir qu’il y a encore des otages des derniers événements de 10 ans. Par ailleurs, une conférence à Copenhague, tenue récemment, avait pris en considération les actions du Contact Group depuis la dernière décennie. Selon Nando Bodha, on note toujours des incidences. Il y a, ajoute-t-il, consensus parmi les îles de l’océan Indien et que le Contact Group doit poursuivre son travail. « La piraterie peut resurgir à tout moment », dit-il.

Si les pirates sont arrêtés, Nando Bodha avance que « la mafia » derrière ces pirates et qui a collecté des millions de dollars, est à la recherche des opportunités pour se présenter. « Le combat est toujours présent », dit le ministre. Évoquant la superficie de Maurice, qui est de 250 km, il révèle que les officiers du National Coast Guard ont « des difficultés » pour surveiller les eaux mauriciennes. « Nous éprouvons des difficultés pour contrôler nos zones maritimes », dit-il.

Ces officiers ont quotidiennement 250 missions en mer et, selon Nando Bodha, ils « ne peuvent surveiller toutes les eaux mauriciennes autour du lagon ». La surveillance de la mer est une « tâche gigantesque ». Il fait de même ressortir que la sécurité maritime fait face à plusieurs défis, notamment la piraterie, le trafic de drogue, le blanchiment d’argent et le trafic humain. « Comment coordonner tous nos efforts pour qu’il y ait efficacité ? », se demande le ministre. Par ailleurs, ils sont 5 000 navires qui sortent du Moyen-Orient et se dirigent vers l’Asie avec des produits pétroliers. « De ce fait, les menaces se présentent », dit-il.

Une trentaine d’organisations travaille de concert pour lutter contre la piraterie dans l’océan Indien. Lors de son discours, Nando Bodha a lancé sa suggestion demandant « s’il est possible d’étendre le mandat du Contact Group au-delà de la piraterie ». Il poursuit : « Il y a trop de crimes illicites qui se produisent. » Il fait d’ailleurs référence aux saisies de drogue dans l’océan Indien. « Il y a un besoin d’action coordonnée pour combattre d’autres formes de crimes », dit-il.

Associer les crimes et la piraterie, selon le ministre, peut être considéré par ce Contact Group. « En raison de la piraterie, les bateaux de croisière ne mouillent pas à Maurice », précise-t-il. Deux conférences se tiendront dans le sillage de cette conférence interministérielle. L’une portera sur les dix ans du Contact Group mis en place par les Nations unies et la marche à suivre.

La deuxième conférence sera sur la sécurité maritime qui en est à sa deuxième édition cette année. Autour de cette conférence, le souhait a été d’organiser une Maritime Security Week, durant laquelle plusieurs institutions se sont engagées telle l’université de Maurice. En marge de ces deux conférences, une dizaine de thèmes sera discutée. « Sans sécurité, il n’y a aucune activité touristique ou l’économie bleue », dit-il. Cette conférence vise à positionner Maurice et les pays de la région, tels les Seychelles, pour être en avant-plan. L’un des objectifs est aussi de continuer le travail avec le Contact Group qui a été créé.

Un professeur de l’université de Copenhagen est à Maurice pour que les structures pour combattre la piraterie soient toujours en place. La promotion d’autres projets est aussi à l’agenda. L’Union européenne, qui participe à cette conférence, finance la Commission de l’océan Indien. Cette commission émerge comme la structure autour de laquelle les efforts sont coordonnés pour que l’océan soit sûr.

Nando Bodha espère que cette semaine consacrée à la sécurité maritime, nous permettra d’être plus conscients des menaces et défis auxquels fait face Maurice. La troisième conférence sur la sécurité maritime avec un agenda plus ambitieux se tiendra à Maurice l’année prochaine.

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