Dépistage dans les centres : Striptease du système Jagutpal-Joomaye-Gaud

– Parcours du combattant pour un positif au Covid-19, qui a dû attendre quatre heures parmi une cinquantaine d’autres patients venus se faire tester

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Si au sein du Covid-19 High Level Committee, présidé par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, la stratégie prônée est toutes voiles dehors pour la réouverture des frontières, au sein de la population, notamment parmi ceux qui sont contaminés par le virus, c’est le désarroi total. Sur le terrain règne en effet une démission des autorités devant leurs responsabilités d’accompagner médicalement les patients infectés, dont le nombre semble être « Out of Control ». En tout cas, le vécu de ce Mauricien, n’ayant aucun moyen de prétendre à une évacuation sanitaire pour se faire soigner, n’est nul autre qu’un exercice de striptease de la formule de traitement préconisée par le trio, comprenant Kailesh Jagutpal, Zouberr Joomaye et Catherine Gaud. Dans la conjoncture, le message décodé est simple : l’économie passe avant la santé.

Quelle est la stratégie des autorités sanitaires pour éviter que les patients qui se rendent à l’hôpital ne soient pas contaminés au Covid-19 ? C’est la question que se pose P.S, cet habitant des Plaines-Wilhems qui, positif au virus, a eu, en sus des aller-retour, à patienter pendant quatre heures dans une salle d’attente bondée de patients, positifs comme lui. Après ses tribulations, presque du jamais-vécu dans un centre hospitalier en vue de se faire soigner, il sera tout simplement renvoyé chez lui avec un test PCR toujours positif pour une période de « Self-Isolation » avec du Panadol et, pour seule consigne, de faire savoir s’il ressent des problèmes aux bronches. Et surtout que, parallèlement, mis à part les membres de sa famille, à qui lui-même a recommandé de faire des tests antigènes pour s’assurer qu’il ne les avait pas contaminés, aucun exercice de Contact Tracing n’a été effectué. Le représentant de l’Organisation mondiale de la Santé, le Dr Musango, est-il encore dans les parages ? La seule consolation pour ce patient, comme pour plus d’une centaine d’autres pour ce seul lundi, est que tout au plus un médecin passerait les voir si nécessaire…

C’est vendredi que P.S a commencé à ressentir les premiers symptômes. En revenant de la mosquée, dit-il, il a ressenti une irritation de la gorge. Pensant qu’il avait pris froid sous le ventilateur de la mosquée, cet employé d’une firme privée ne s’en est pas inquiété outre mesure. De retour à la maison après le travail, il a pris un médicament contre la toux.

Mais samedi matin, il se réveille avec non seulement de la toux, mais aussi un terrible mal de gorge et des courbatures. P.S prend alors contact avec son pharmacien attitré, qui lui recommande de prendre quelques médicaments habituels contre la grippe. Ne soupçonnant à aucun moment le Covid, il se rend au marché. Mais dans l’après-midi, il note que son mal de gorge s’est accentué. Un peu patraque, il mise sur les médicaments recommandés pour se remettre. Mais dimanche matin, son état ne s’étant pas amélioré, il préfère ne pas se joindre à la sortie familiale prévue et décide d’effectuer un test antigène, juste « au cas où ». Test qui se révèle positif.

Inquiet pour son père de 85 ans

Sans céder à la panique, car ayant déjà vécu cette expérience similaire en mars dernier avec son fils, qui avait été testé positif au Covid dès l’apparition de la deuxième vague de la pandémie à Maurice, P.S prévient les membres de sa famille et s’auto-isole, comme recommandé par les autorités. Il est surtout inquiet pour son père de 85 ans, qui vit avec lui. Heureusement, aucun membre de son proche entourage n’est positif au Covid. Néanmoins, il prend la décision de demander à son père qui a, lui, participé à la sortie familiale, de ne pas rentrer à la maison, pour éviter tout contact.

Lundi matin, P.S appelle le 8924, la hotline, pour prévenir les autorités. Le médecin qui répond lui demande de se rendre à l’hôpital. Perplexe, P.S s’exécute. Heureusement qu’il a une voiture personnelle, dit-il, autrement il aurait eu à prendre l’autobus et risquer d’exposer d’autres personnes au virus. Il est 11h lorsque P.S débarque à l’hôpital de Rose-Belle. Sur place, sous la salle verte aménagée dans l’enceinte de l’établissement hospitalier, une quarantaine de personnes font la queue pour effectuer le fameux test PCR. Si P.S prévient le vigile qui prend la température qu’il est positif, ce dernier lui fait comprendre qu’il doit patienter jusqu’à 13h, car pour l’heure, il y a un nettoyage des locaux où sont effectués les tests, ajoutant qu’ensuite, ce sera l’heure du déjeuner. Ce ne sera qu’à partir de 13h que les tests médicaux reprendront.

Quatre heures d’attente

Pour ne pas avoir à patienter avec toutes ces autres personnes sous la tente, P.S décide de se rendre à la Mediclinic de Floréal. Toutefois, lorsqu’il y arrive, à 11h55, alors qu’il y a également quelque 30 personnes dans la ligne menant au test PCR, P.S s’entend dire que c’est l’heure du déjeuner et qu’il faut revenir à 13h. Le préposé du ministère de la Santé sur place s’étonne par ailleurs qu’il soit venu faire un test PCR alors qu’il est positif au Covid et qu’il aurait dû être en auto-isolement. P.S lui explique que c’est le médecin de la hotline qui lui a demandé de se faire dépister une nouvelle fois à l’hôpital.

Toujours est-il qu’il doit attendre une heure encore avant que les officiers de la Santé ne reprennent le travail. P.S décide de rentrer déjeuner chez lui et de revenir plus tard. À 13h, puisque les examens devaient reprendre après la pause déjeuner à l’hôpital de Rose-Belle, P.S décide de s’y rendre. Sur place, comme avant midi, une cinquantaine de personnes attendent toujours. Si P.S insiste auprès de la sécurité sur le fait qu’il est positif et souhaite éviter tout risque aux autres patients, dont une famille avec des enfants en bas âge, on lui fait comprendre que « travay-la fer koumsa mem », ajoutant : « Ou bizin atann ou tour ! »

Aucune procédure ne permet aux patients positifs d’éviter la foule. P.S rencontre d’ailleurs un autre patient, qui en est, lui, à son second test après dix jours d’auto-isolement. À ce patient également, on a demandé de se rendre à l’hôpital pour effectuer un second test PCR. À 15h20, si la file d’attente a diminué, il reste encore une vingtaine de personnes devant P.S qui attendent toujours leur tour.

« Ou bizin atann ou tour »

Mais subitement, la porte de la Mobile Unit, où se font les tests PCR, se ferme : les officiers de la Santé prennent leur pause « dite ». Ils reviendront à 16h, témoigne P.S, qui finira par subir son examen peu après 17h. Après 15 autres minutes d’attente, on lui confirmera qu’il est effectivement positif au Covid. Après qu’un médecin soit venu lui prodiguer des recommandations pour l’auto-isolement chez lui, P.S est renvoyé à la maison avec du Panadol, du sirop contre la toux et un produit pour le gargarisme.

Si un préposé des autorités sanitaires a téléphoné à P.S pour s’enquérir de son état, aucune enquête n’a été effectuée pour connaître les personnes avec qui il est susceptible d’avoir été en contact et d’avoir éventuellement contaminées. D’où les nombreuses interrogations de cet habitant des Plaines-Wilhems et du public en général quant à la nouvelle gestion du Covid par le ministère de la Santé.

P.S se dit convaincu qu’il n’y a « plus de politique de dépistage » et que le gouvernement « se contente d’attendre que ceux qui se sentent malades se rendent dans les centres de  tests ». Sur cette base, il faut estimer que les cas déclarés sont nettement en dessous des cas réels qui existent à travers le pays. D’autant qu’avec tous ces obstacles de procédures, ceux susceptibles de se faire tester par jour sont limités en nombre.

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