(Des entreprises donnent leur avis) Oui au télétravail… mais en le limitant à deux ou trois jours par semaine

-Vino Sookloll, de l’agence de publicité Cread & Co Ltd : « L’interaction entre collègues ne peut être occultée par les employeurs »
-1 700 fonctionnaires exercent actuellement à domicile contre 220 en 2020

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Le confinement, décrété le 10 mars, a conduit de nombreuses entreprises à réinstaurer le télétravail, une pratique qui a de grandes chances de s’inscrire dans le temps. C’est du moins l’impression qui se dégage à la lumière des témoignages recueillis auprès des cadres d’Aviva Call, de Cread & Co Ltd et de la Mauritius Commercial Bank (MCB). Ils disent avoir pris conscience des nombreux bénéfices de ce mode de travail qu’ils entendent néanmoins limiter à deux ou trois jours par semaine. L’objectif étant d’aider leurs salariés à entretenir des liens avec leurs collègues.

La pandémie a bouleversé les modes d’organisation dans les entreprises et plus particulièrement dans le secteur du BPO/centre d’appels. Fort de l’expérience acquise lors du premier confinement en mars 2020, de nombreux centres d’appels ont décidé de pérenniser le travail à domicile. Basée au cœur de la cybercité d’Ébène, la société Aviva Call, spécialiste de la télévente, met, depuis juin 2020, 70% de ses collaborateurs en télétravail. « Réduction des coûts liés à la location et productivité accrue » sont autant de raisons qui ont poussé son directeur, Ludovic Terner, à sauter le pas.

« Comment faire face au prix élevé de l’immobilier à Ébène ? L’expérimentation du télétravail l’année dernière nous a permis de diminuer les surfaces de bureaux et réduire les coûts de location. Il y a une rotation entre nos collaborateurs afin que chacun vienne dans l’entreprise au moins deux fois par semaine », souligne Ludovic Terner.

Sauf que la crainte d’un manque de sérieux de ses salariés était le principal frein à la mise en place du télétravail sur une base permanente. Ces derniers lui ont prouvé qu’il pouvait leur faire confiance. « Il y avait des appréhensions par rapport au sérieux des salariés et je dois dire que j’ai été agréablement surpris par les résultats fournis lors de ces neuf derniers mois », soutient Ludovic Terner, qui ajoute : « Je me suis rendu compte que ce type de travail permet aux parents de préparer sereinement leurs enfants pour la garderie ou l’école le matin et les accueillir au retour. Ils disposent chez eux d’un coin de travail isolé, un ordinateur performant, une connexion internet rapide qui sont également la clé du succès du télétravail », dit-il.

« Une certaine forme d’autonomie »

D’autres secteurs d’activités envisagent de poursuivre l’expérience, si l’on se fie à l’analyse de Vino Sookloll, CEO de l’agence de publicité Cread & Co Ltd, qui compte une trentaine d’employés. Il brosse un tableau positif des retombées du travail à domicile. « Il a été source d’efficacité et de productivité pour notre entreprise l’année dernière. C’est également le cas actuellement si je me fie aux à notre productivité ce mois-ci. Nos designers, film makers et commerciaux ont été ravis d’acquérir une certaine forme d’autonomie. Je les connais. Ils sont surtout en attente de reconnaissance de leur travail, plutôt que d’avoir quelqu’un sur le dos constamment », souligne Vino Sookloll, qui envisage, sous certaines conditions, de maintenir cette pratique après la crise.

« Je ne pense pas en revanche que ce serait une bonne chose qu’un salarié travaille depuis son domicile cinq jours par semaine. Deux ou trois jours par semaine de télétravail seraient parfaitement suffisants », dit-il. Pour étayer ses arguments, notre interlocuteur souligne que « l’interaction entre collègues renfonce l’esprit d’équipe. Les employeurs ne peuvent occulter ce fait. »

Les banques cherchent l’équilibre entre télétravail et présence au bureau. « À la faveur de l’expérience acquise, l’instauration du télétravail s’est faite sans anicroche cette année. Nous sommes satisfaits des résultats. Le télétravail sera une réalité dans certains départements de la banque, mais sur deux ou trois jours uniquement », soutient le manager d’une succursale de la MCB dans l’ouest du pays.

À noter que 1 700 fonctionnaires exerca nt, comparé à 220 en 2020. Ils sont répartis dans 29 ministères et départements gouvernementaux. Ces chiffres ont été dévoilés le 22 mars par le ministère de la Fonction publique. Un protocole de Work From Home, préparé par des consultants du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et la firme PriceWaterhouseCoopers Ltd a aussi été dévoilé dans le cadre d’un Business Continuity Plan pour la fonction publique.

Le protocole vise entre autres à établir une politique de flexibilité pour équilibrer les besoins de l’État et ceux des fonctionnaires et instaurer un système d’évaluation des performances des fonctionnaires. D’ailleurs, un des critères pour se qualifier à travailler de la maison est d’assurer un minimum de trois heures de travail par jour

 

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