Dimanche 1er juillet 1979 : Plus de 80 ressortissants indiens sont arrivés à Plaisance

84 ressortissants indiens bloqués à Plaisance depuis jeudi le 28 juin. À leur arrivée, ils ont déclaré aux autorités mauriciennes qu’ils étaient des pèlerins désirant se rendre en pèlerinage à Grand-Bassin. C’était, semble-t-il, ce qu’on leur avait demandé de dire à l’immigration à Maurice. Or, selon des sources indiennes très autorisées à Maurice, ce sont certaines personnes à Maurice qui aient voulu utiliser de la main d’oeuvre indienne. Propos vérifiés d’ailleurs, puisque quatre autres Indiens, arrivant à leur tour, le vendredi le 29 juin, ont tout simplement déclaré « qu’ils venaient prendre de l’emploi à Maurice ». Mais ceux-là ont été promptement rapatriés par le même avion par les autorités mauriciennes.

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Les mêmes sources autorisées, que nous avions interrogées pour savoir où en étaient leurs démarches auprès des autorités mauriciennes, nous ont confié que « les autorités mauriciennes ont la compétence nécessaire, en vertu du droit international, de régler le problème ». Les lois en vigueur à Maurice et le droit international donnent, en effet, aux autorités mauriciennes toutes les facilités pour renvoyer ces personnes en Inde. Ce n’est que si le cas était référé aux autorités indiennes à Maurice, avec l’argument que ces personnes seraient en détresse, que la mission diplomatique indienne aurait pu intervenir pour les rapatrier en Inde.

Mais, pour l’instant, toute l’affaire est entre les mains des autorités mauriciennes et celles-ci peuvent agir en toute liberté pour régler ce problème qui, somme toute, est très simple du point de vue juridique. Ce n’est pas la première fois que cela arrive. Dans d’autres parties du monde, des Indiens se sont déjà trouvés dans la même situation et le problème a été réglé sans difficulté.

LEURRÉS PAR DES ESCROCS ?
Nos sources estiment également que les Indiens arrivés à Maurice « ont été leurrés par des escrocs en Inde, qui les auraient assurés qu’ils auraient un métier lucratif à Maurice » et, selon ces sources, il n’est pas exclu que « some local people », à Maurice, aient voulu utiliser de la main-d’oeuvre indienne.

Certains ont démissionné là où ils travaillaient…

« On nous a dit que nous aurions du travail à Maurice et que tout arrangement avait été fait ici pour nous trouver un logement. Chacun d’entre nous a payé Rs 5 107 indiennes (Rs 3 500 mauriciennes) pour notre billet et encore Rs 5 000 indiennes pour note hébergement ». Celui qui parle est un des 84 ressortissants indiens qui ont débarqué à Plaisance, jeudi le 28 juin, venant de Bombay, et des États du Kerala et de Tamil Nadu, victimes de ce qui semble être une énorme escroquerie.

84 citoyens indiens, parmi lesquels beaucoup de jeunes, sont arrivés par l’avion d’Air Mauritius. Les autorités de l’Immigration à Plaisance ne se seraient sans doute pas opposées à leur entrée à Maurice, car en vertu d’accords bilatéraux entre l’Inde et Maurice, aucun visa d’entrée n’airait été nécessaire, mais les explications qu’ils ont données étaient quelque peu contradictoires.

QUATRE RETARDATAIRES
Certains disaient être venus pour se rendre à Grand-Bassin, en pèlerinage. Mais comme une certaine dame nommée Premila qui avait fait le voyage avec eux et qui était censée s’occuper de leur installation ne se manifestait pas, des policiers en faction, flairant quelque chose de louche, ont avisé leurs supérieurs qui, avec beaucoup de tact, ont décidé de “retenir” les nouveaux arrivés dans l’enceinte de l’aéroport. Et comme personne ne venait pas, les citoyens indiens eux-mêmes ont commencé à s’impatienter. Alors les langues se sont déliées…

C’est ainsi qu’ils ont raconté qu’on leur avait promis du travail à Maurice et qu’on leur avait conseillé de dire qu’ils étaient des pèlerins désirant aller à Grand-Bassin si jamais ils avaient des problèmes au passage de l’immigration.

La plupart d’entre eux n’avaient en tout et pour tout qu’un maigre bagage et quelques roupies en poche. Les membres du personnel de l’aéroport ont décidé alors de parer au plus pressé et des couchettes ont été aménagées dans un hangar en tôle de l’aéroport, à côté du VIP Lounge, pour qu’ils passent la nuit.

Vendredi le 29 juin, quatre retardataires débarquaient à Plaisance, mais étaient tout de suite rapatriés après qu’ils ont naïvement déclaré qu’ils venaient travailler à Maurice. Le même jour, le haut-commissaire de l’Inde à Maurice, M. S. Chandra, se rendait à Plaisance pour s’entretenir avec ses compatriotes et leur promettait de les aider d’une manière ou d’une autre.

Quant aux malheureux sans-papiers indiens – sans papiers puisqu’ils n’ont pas de permis de travail -, ils se trouvent toujours dans le hangar de Plaisance où, comme on l’imagine, malgré la bonne volonté des autorités et des membres du personnel de l’aéroport, ce n’est pas le grand confort

ON SE COMPREND
Ils sont libres de circuler et on les voit déambuler en petits groupes dans l’enceinte de l’aéroport ou encore engager la conversation avec des Mauriciens d’origine indienne à qui ils racontent leur mésaventure. Quelqu’un qui demandait une précision à l’un des ressortissants indiens est rabroué par son ami : « Ki to croire li pas comprend langez là. » Un des porte-parole du groupe, un des seuls à bien parler l’anglais, nous déclare : « We were told by a certain Dr. Guild and by another man named Mohun that we would have jobs here in Mauritius according to qualifications. We were already in India. Some of us are helpers, drivers, welders, electricians, fitters and for my part as I am a graduate (B. Sc Physics). I was to have a critical work ».

Les Indiens étaient libres
de circuler dans l’enceinte
de l’aéroport, mais en
présence de la force
policière

Il raconte qu’il a payé Rs 5 107 indiennes à un “agent” appelé Morris pour le billet avion aller-retour, plus Rs.5 000 pour les frais de leur hébergement pendant les premiers mois à Maurice. La dame qu’ils appellent Premila devait se charger de leur « accommodation ». Et samedi, à 11 heures, ils attendaient encore la dénommée Premila qui leur avais donné rendez-vous à Plaisance.

« NOUS AVONS TOUT QUITTÉ »
« Mes amis ont tout quitté en Inde. Nous voudrions rester à Maurice car pour nous maintenant ce sera la misère en Inde », a dit le porte-parole. Quel va être le sort de ces malheureux travailleurs venus de l’Inde ?

Interrogé, hier, un officiel du gouvernement déclarait que les négociations sont déjà en cours entre le Bureau du Premier ministre qui est aussi ministre de l’Intérieur et le haut-commissaire de l’Inde pour trouver une solution la plus humaine possible en vue du rapatriement des citoyens indiens.

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