Pre et Post-Covid-19 : Le groupe Omnicane justifie son deal avec la MIC

Des pertes colossales de Rs 3,2 milliards dans le bilan financier

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Sous le feu des critiques depuis son deal avec la Mauritius Investment Corporation (MIC), le groupe Omnicane réagit dans son dernier bilan financier en justifiant son recours à cet organisme. Et la direction d’expliquer que « the business activities of Omnicane, a systemic group in the Mauritian economy, have and will be adversely affected. » Phrase qui peut paraître anodine mais qui est en fait lourde de sens, dans un contexte de critiques fusant de toutes parts sur l’opacité avec laquelle fonctionne cette filiale de la Banque de Maurice et concernant le deal précis réalisé avec le groupe dirigé par Jacques d’Unienville pour décrocher une enveloppe d’aide de Rs 4,5 milliards. Ce commentaire d’Omnicane fait également suite aux critiques du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval. Ce dernier avait déclaré : « La plus grosse transaction de la MIC, c’est quand elle a donné Rs 4,5 milliards à Omnicane contre 184 hectares de terrain, soit Rs 10 millions l’arpent. Qui a procédé à l’évaluation de ces terres ? Ces terres ont-elles été correctement évaluées ? Pour quelles raisons la MIC a décidé de les racheter et que compte-t-elle en faire ? Nous avons le droit d’avoir des réponses à ces questions. La MIC doit répondre sur ces Rs 4,5 milliards d’argent public. » Des questions demeurées sans réponses à ce stade, que ce soit du côté de la MIC où c’est motus et bouche cousue sur les deals réalisés avec différentes entités du privé, bénéficiaires des manes de ce War Chest de plus de Rs 82 milliards, ou du côté du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, ce dernier préférant brandir l’argument de la confidentialité au détriment de la transparence.

Au sein d’Omnicane, la direction lâche seulement dans ses derniers Audited Abridged Financial Statements : « The company has entered into binding agreements with the Mauritius Investment Corporation Ltd for the sale of all its shares held in Mon Trésor Smart City (a wholly owned subsidiary), and the sale of plots of land situated in the regions of Britannia and Mon Trésor for a total consideration of Rs 4.5 billion. The proceeds will be used to meet the Group’s current and future financial commitments ».

Pour l’exercice financier clos le 31 décembre 2020, le bénéfice d’exploitation du groupe a chuté par rapport à 2019, passant de Rs 365,8 millions à Rs 144,7 millions. Pour l’année 2020, dans son ensemble, Omnicane essuie des pertes massives de Rs 3,2 milliards, après des pertes de Rs 1 milliard réalisées en 2019, signe que le groupe était déjà en difficulté bien avant l’éclatement de la pandémie. Il convient à cet égard de noter que pour la période de neuf mois se terminant au 30 septembre 2020, le groupe avait essuyé des pertes de Rs 299,7 millions mais sur le dernier trimestre de l’année elles ont littéralement explosé – pour franchir la barre de Rs 3,2 milliards pour l’ensemble de l’année financière.

Les frontières étant fermées pendant une longue période, le secteur de l’hôtellerie/restauration, ainsi que l’immobilier, ont été les segments les plus touchés au sein du groupe, affichant une perte totale de Rs 164 millions. Au chapitre de la dépréciation d’actifs et la provision pour pertes sur créances, dans le sillage de la pandémie de Covid-19, le groupe a enregistré une dépréciation totale de Rs 2,1 milliards, concernant principalement les éléments suivants : un Full Impairment” de son investissement dans le projet sucrier au Kenya pour Rs 1 milliard.

Ce projet fait l’objet d’un exercice de restructuration financière qui a été retardé par le Covid-19 et qui n’est toujours pas achevé à ce jour. Il y a également la dépréciation à l’item de Plant & Equipement de l’hôtel Holiday Inn Airport pour Rs 200 millions, dans le sillage des incertitudes sur le retour à la normale. La direction mentionne aussi : « Impairment of land conversion rights for Rs 233 million and real-estate-related projects in the Mon Trésor Smart City for Rs 175 million as property projects had to be frozen due to reservations cancellations. » Eu égard aux pertes au change, elles ont augmenté de Rs 239 millions suivant la dépréciation de la roupie par rapport à l’euro et au dollar en 2020. La direction mentionne également que « The Group performed a revaluation exercise of its land bank at 31 December 2020, which resulted in a net revaluation surplus of Rs 1.9 billion. »

Après la vente de sa Smart City à la MIC, Omnicane compte se recentrer sur ses activités industrielles et explorer de nouvelles avenues pour la création de richesses. Il compte se positionner stratégiquement dans le sucre, l’éthanol et l’énergie verte. Il envisage d’ailleurs de recruter une firme de consultants pour l’accompagner dans cet exercice de restructuration. Omnicane se réjouit, par ailleurs, des mesures annoncées dans le budget concernant la rémunération de la bagasse, l’élimination du charbon avant 2030, entre autres. De nouvelles opportunités à saisir pour alléger son endettement massif de Rs 10 milliards durant les prochaines années. Les déboires financiers d’Omnicane datent d’environ deux ans et ont été exacerbés par la chute des prix du sucre sur le marché mondial. Le groupe peut néanmoins compter sur des actifs totaux de Rs 22 milliards. Il emploie 1 500 personnes et compte plus de 2 000 actionnaires.

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