Le budget 2025/26, premier de l’Alliance du Changement, a été adopté vendredi soir après l’examen en comité des dotations ministérielles, totalisant Rs 305,4 milliards. Les travaux reprendront lundi pour la troisième lecture des Budget Estimates.Le leader de l’opposition, Joe Lesjongard, et Adrien Duval ont multiplié les questions, notamment sur les Advisers recrutés après les élections. Plusieurs ministres ont communiqué les noms et salaires de ces conseillers. Un échange tendu a brièvement opposé Paul Bérenger à Adrien Duval, avant que la Speaker n’intervienne. La mesure phare du budget, le relèvement de l’âge de la BRP à 65 ans au 1er septembre, reste en attente de précisions. Deux comités ministériels planchent toujours sur les modalités d’application.
Navin Ramgoolam : “Le MSM a trahi le pays par une gestion économique criminelle”
Dans son summing-up avant l’adoption du Budget 2025/26, le Premier ministre et ministre des Finances, Navin Ramgoolam, a livré un discours offensif, dénonçant avec virulence l’héritage économique du MSM, qu’il a accusé de “vandalisme économique” et de “trahison envers le peuple”.
Crise des retraites : un signal d’alarme lancé
Au cœur de son intervention, la réforme controversée de la Basic Retirement Pension (BRP), dont l’âge d’éligibilité doit passer à 65 ans à partir du 1er septembre. Navin Ramgoolam a justifié cette décision par la croissance exponentielle du coût des pensions, qui a atteint Rs 55,4 milliards en 2024, soit une hausse de 828 % depuis 2010. Le nombre de bénéficiaires a bondi de 186 400 en 2015 à 257 600 en 2024, et pourrait atteindre 315 000 d’ici 2030.
Il a insisté sur le caractère non contributif de la BRP, financée exclusivement par les impôts ou l’endettement public : « Il n’y a pas de solution miracle. » Le Premier ministre a plaidé pour un retour à un système de retraite contributif, avertissant que sans réforme structurelle, le pays court à la faillite sociale.
Un déficit abyssal et une dette publique inquiétante
Navin Ramgoolam a exposé les failles de la gouvernance économique du régime précédent, dénonçant notamment l’inaction du MSM face aux alertes contenues dans des rapports de la Banque mondiale dès 2018. Il a fustigé le gouvernement sortant pour avoir préféré le populisme électoral à la rigueur budgétaire : « Ils savaient que le patient était aux soins intensifs, mais ils n’ont pas osé administrer le traitement. »
Il a rappelé que le déficit budgétaire s’élève désormais à Rs 81,4 milliards et que la dette publique atteint Rs 642 milliards. Le service de cette dette coûte déjà Rs 21,8 milliards. Il a également mis en garde contre une nouvelle dégradation de la note souveraine par Moody’s, qui ferait de Maurice un “Junk State”.
Interrogé sur les dotations pour l’Extra Assistance, Navin Ramgoolam a minimisé les critiques de l’opposition en révélant que « deux assistants domestiques sont classés comme Advisers ». Il a aussi réfuté les rumeurs sur l’acquisition d’un nouveau véhicule officiel, affirmant qu’il utilise encore l’ancienne voiture, souvent en panne.
Initiatives phares : Chagos, sécurité et Rodrigues
Le Premier ministre a confirmé plusieurs engagements budgétaires, dont :
• Rs 75 millions pour les Chagos, avec Rs 5 millions pour une zone marine protégée.
• Le renforcement de la FCC avec l’appui de Scotland Yard et le recrutement de 94 agents pour Rs 339 millions.
• Rs 1,1 milliard pour le Safe City Project.
• Près de Rs 100 millions alloués au Rodrigues Holiday Package, ayant profité à 142 000 Mauriciens.
En conclusion, Navin Ramgoolam a appelé à une gouvernance responsable face à l’urgence économique, fustigeant ceux qu’il qualifie de “requins politiques” et de “vautours” cherchant à manipuler la population. Il a réaffirmé que son gouvernement prendrait les décisions difficiles qui s’imposent pour éviter l’effondrement financier de l’État.