— Une réforme pour sauver le système, selon le Junior Minister
La décision de relever progressivement l’âge d’éligibilité à la pension de vieillesse à 65 ans continue de susciter de vives réactions. Face aux critiques, le ministre délégué aux Finances, Dhaneswar Damry, est monté au créneau pour défendre cette réforme qu’il juge indispensable à la survie du système, tout en accusant directement le précédent gouvernement du MSM d’avoir compromis sa viabilité.
Lors d’une rencontre avec des opérateurs du secteur privé ce samedi, Dhaneswar Damry a défendu avec vigueur le relèvement de l’âge d’éligibilité à la pension universelle de vieillesse. Celui-ci passera progressivement de 60 à 65 ans sur une période de cinq ans, mais l’âge de départ légal à la retraite, lui, reste fixé à 65 ans.
« Les décisions que nous avons prises visent à protéger le système de pension. Si nous n’avions pas agi, son existence même aurait pu être remise en cause », a-t-il déclaré. Selon le ministre, la réforme est dictée par des considérations de durabilité financière, alors que la Basic Retirement Pension (BRP) constitue une dépense publique croissante dans un contexte de vieillissement accéléré de la population.
Un système déjà fragilisé par le passé, selon le ministre
Mais au-delà de la justification comptable, Dhaneswar Damry a saisi l’occasion pour lancer de graves accusations contre le précédent régime dirigé par le MSM, affirmant que « le paiement de la pension avait été mis en péril » sous son mandat.
Il a rappelé que c’est le Parti Travailliste qui avait instauré le National Pension Fund (NPF) afin que les pensions soient financées à long terme par les cotisations des travailleurs. Mais, selon lui, le MSM a dévoyé ce modèle en imposant la Contribution Sociale Généralisée (CSG), censée venir renforcer le système. « Ils ont utilisé l’argent de la CSG à d’autres fins et l’ont dilapidé, au lieu de l’utiliser pour rehausser la pension », a-t-il accusé, évoquant une utilisation jugée opaque et inefficace des fonds publics issus des cotisations sociales.
Pour pallier ces dérives, le gouvernement actuel a mis sur pied un comité d’experts chargé de relancer le NPF, dans un cadre plus rigoureux. L’objectif : réinstaurer un système contributif solide, où les cotisations des travailleurs servent effectivement à garantir leurs pensions à l’âge de la retraite. « Nous devons penser aux générations futures. Il ne s’agit pas d’un calcul électoral, mais d’une responsabilité d’État », a insisté Dhaneswar Damry.
Un budget d’urgence dans un contexte explosif
La réforme des pensions s’inscrit dans une politique budgétaire plus large, élaborée dans un contexte économique jugé “exceptionnellement difficile”. Le ministre délégué a rappelé les chiffres : une dette publique équivalente à 90% du PIB, soit Rs 640 milliards ; un déficit budgétaire de 10% ; et un déficit commercial de Rs 200 milliards.
Il a mis en garde contre les conséquences d’une inaction : une dégradation de la note souveraine par l’agence Moody’s, qui aurait pu provoquer une fuite des capitaux, une envolée du coût de la dette et une crise économique plus profonde. « Nous avions un choix à faire. Heureusement, nous avons un Premier ministre et un Premier ministre adjoint qui ont agi en hommes d’État, en pensant aux générations futures plutôt qu’aux prochaines élections », a-t-il insisté.
Le budget vise ainsi à ramener la dette à 80% du PIB en trois ans, tout en maintenant la croissance économique dans une fourchette de 4 à 5% par an.
Diversification des investissements et justice fiscale
Réagissant aux critiques sur la hausse de la fiscalité immobilière, Dhaneswar Damry a encouragé les opérateurs économiques à diversifier leurs investissements dans des secteurs productifs capables de générer des devises pour le pays : énergies renouvelables, économie circulaire, traitement des déchets, projets environnementaux.
Il a souligné que les taxes introduites sont temporaires et visent à restaurer l’équilibre budgétaire sans pénaliser les couches les plus vulnérables.