(Post-Covid-19) Salt of Palmar sous administration : craintes du début d’une série noire

  • Avis de forte tempête sur un important groupe hôtelier

Économistes et observateurs ont prévenu depuis plusieurs semaines déjà, que les Casualties s’annoncent nombreuses dans le secteur touristique, sinistré depuis la crise avec la fermeture des frontières depuis bientôt un an. Le premier à courber l’échine sous le poids des problèmes financiers est Salt of Palmar du groupe Lux (IBL). Cette entité a préféré se mettre sous administration volontaire pour tenter de trouver des solutions à ses problèmes, avant qu’il ne soit trop tard.

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C’est à travers la compagnie Salt Hospitality (dont l’actionnaire est The Lux Collective) que l’hôtel a été mis sous administration. Pour l’exercice au 30 juin dernier, Salt Hospitality affichait un chiffre d’affaires de Rs 121 millions et des pertes de Rs 76,3 millions. Du côté du groupe Lux, on affirme que « c’est un ultime recours pour remettre l’entreprise à flot ». Rajeev Basgeet, associé chez PwC, agit désormais comme administrateur. « Cette décision a été prise au vu des difficultés financières de l’établissement qui subit, depuis plusieurs mois, les graves répercussions de la pandémie de Covid-19, en particulier la fermeture des frontières », explique-t-on au sein de Lux.

L’objectif de cette mise sous administration volontaire est de permettre à l’administrateur d’évaluer les actifs financiers et les opérations de l’hôtel, puis d’engager des discussions avec les créanciers. Il leur proposera une solution afin de tenter d’assainir la situation financière de l’hôtel. Entre-temps, l’établissement restera opérationnel et continuera à accueillir ses clients en mobilisant l’ensemble de son personnel.

La fragilité financière de Salt of Palmar a été exacerbée par un contexte de crise extrême. L’établissement venait d’investir dans sa reconversion et sa transformation et à peine ses opérations avaient-elles redémarré que la crise est arrivée pour y mettre frein. L’établissement n’a donc pas eu le temps de générer de revenus assez solides pour renforcer ses assises financières. Sa décision de se mettre sous administration s’explique car « elle doute qu’elle sera en mesure de payer ses créances, donc les directeurs ont pris la décision de ring the bell », explique un spécialiste. Rajeev Basgeet préside désormais aux destinées de la compagnie. Il a déjà eu une rencontre avec tout le personnel de l’hôtel et affirme à Le-Mauricien que « c’est business as usual » au sein de l’établissement. « Nous venons d’être appointed. Nous ferons un état des lieux de la situation et nous allons travailler avec les créanciers de la compagnie pour trouver une solution. »

Dans le secteur hôtelier, personne ne veut s’aventurer à commenter le cas Salt of Palmar, car tous les opérateurs sont dans le même bateau. Leur situation financière est extrêmement compliquée. Le pire est à venir et ils le savent…


« Beaucoup d’entre nous ne pourront pas tenir »

« Tous les hôtels sont à risque en ce moment. C’est le début d’une série noire. Vous allez voir plusieurs hôtels se mettre sous administration dans les prochains mois. C’est une étape pour se protéger d’une issue plus dramatique et recourir à l’aide d’un administrateur volontaire qui prend en charge le ‘running’ du business, » indiquent des spécialistes dans le monde des affaires.

L’administration volontaire donne du temps à la compagnie pour lui permettre de « souffler » et s’annonce être « la suite logique » pour de nombreux hôtels. Un hôtelier qui se montre d’abord réfractaire à commenter le cas de Salt of Palmar, finit par lâcher « je ne suis nullement étonné. Ce que nous voyons aujourd’hui est normal. Ce sera le même processus pour beaucoup d’autres… Beaucoup d’entre nous ne pourront pas tenir. Nous sommes tous logés à la même enseigne. Nous n’arrivons plus à supporter les coûts qui sont de plus en plus lourds et nous n’avons pas de recours. »

Certains groupes hôteliers ont fait appel à la Mauritius Investment Corporation mais celle-ci n’est pas la panacée aux problèmes actuels. « Heureusement que nous avons pu avoir un prêt-relais pour nous soutenir, sinon nous serions déjà morts », avoue cet hôtelier qui tire son chapeau aux banques qui le soutiennent. Mais il n’est pas sorti de l’auberge pour autant ! « La période de crise est trop longue. Cela fait presque un an que nous n’avons pu opérer et il faudra attendre encore six à huit mois. Combien de temps allons-nous pouvoir tenir, je ne sais pas quoi vous répondre… » L’aide du gouvernement sur 50% des salaires est un point positif mais représente aussi une contrainte pour les hôteliers qui ne peuvent licencier. « Si le gouvernement était plus flexible, peut qu’être que cela nous permettrait de tenir plus longtemps. »


DOMMAGES COLLATÉRAUX : Les fournisseurs d’hôtels en grande difficulté

La mise sous administration de plusieurs hôtels, si elle se matérialise dans les prochains mois, comme les indications laissent voir, risque également de provoquer des dommages collatéraux non négligeables dans d’autres secteurs économiques gravitant autour de l’hôtellerie, incluant des moyennes et des petites entreprises.

« Les fournisseurs vont être affectés, car les hôtels vont avoir de plus en plus de difficultés à honorer leurs engagements financiers et les fournisseurs se retrouveront avec des factures impayées. S’il y a une vague de mises sous administration et de cas de Receivership, les fournisseurs risquent d’être lourdement affectés. C’est maintenant que cela commence et cela va avoir un effet domino », explique notre interlocuteur.

L’impact se fera ressentir en particulier chez les fournisseurs du secteur F&B (Food & Beverages). Dans un établissement hôtelier type, l’item F&B peut représenter jusqu’à 70 à 80% du crédit total aux fournisseurs. Il y a aussi l’énergie qui représente un gros poste de dépenses. Les difficultés financières des fournisseurs du secteur hôtelier devraient ainsi constituer la « deuxième vague » des effets de la fermeture des frontières. L’économiste Zayd Soobedar abonde dans le même sens, et parle de « lag effect » de la pandémie. « Elle a éclaté il y a un an mais ses effets sur le tissu économique mauricien se feront ressentir dans  le temps », dit-il.

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