Tourisme à Maurice en 2025 : Une reprise en pente douce

— Une hausse de 1,6% par rapport aux 557 133 visiteurs recensés sur la même période en 2024 — L’embellie d’avril et mai 2025 ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt

Les données de Statistics Mauritius pour la période de janvier à mai 2025 dévoilent une évolution prudente mais globalement positive du secteur touristique. Sur les cinq premiers mois de l’année, Maurice a accueilli 565 636 visiteurs, contre 557 133 à la même période en 2024, soit une croissance de +1,6%. Ce chiffre marque un témoignage de résilience après les turbulences pandémiques, mais il souligne également l’absence d’un véritable rebond. L’Europe reste la principale source de touristes, avec des hausses notables en provenance de la France (+6,1%) et de l’Italie (+8,2%), malgré un léger recul du Royaume-Uni et de l’Allemagne. L’Inde, deuxième marché pour Maurice, confirme sa solidité avec une progression de +4,5% en mai, consolidant ainsi son statut de pilier du tourisme mauricien.

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Les trois premiers mois de l’année avaient  été marqués par un recul généralisé : Janvier : -2,0%, Février : -12,1%, Mars : -3,8%. Les détails mensuels montraient une dynamique hétérogène. Ces baisses sont, d’après les spécialistes, attribuables à un effet de rattrapage post-Covid en 2024, à la morosité économique sur certains marchés émetteurs (Afrique du Sud, Allemagne), et à une concurrence régionale accrue.

La lente et encourageante reprise est due principalement à la bonne performance des deux derniers mois : +13,8% en avril et +9,7% en mai. Ainsi, de janvier à mai 2025, 565 636 touristes ont visité l’île, soit une hausse de 1,6% par rapport aux 557 133 visiteurs recensés sur la même période en 2024. Cette tendance est portée notamment par la reprise des vacances de printemps en Europe, les fêtes religieuses et une relance des vols saisonniers. Cela laisse espérer un été plus performant, mais le retard accumulé au début de l’année reste à combler.

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L’Europe et l’Inde maintiennent le cap
Malheureusement, le nombre de touristes arrivant par voie maritime s’est effondré de près de 90%, tombant à 546 visiteurs en mai 2025, contre plus de 4 400 un an plus tôt. Cette chute vertigineuse questionne la stratégie croisière du pays, qui reste marginale et peu attractive, en dépit de ses installations portuaires de Port-Louis. Le développement d’un segment de croisières haut de gamme, à l’instar des Seychelles ou des Maldives, pourrait constituer une piste à explorer pour relancer cette voie de diversification.
Par contre, les chiffres révèlent une nette consolidation du transport aérien, canal d’arrivée privilégié des touristes. La desserte de Maurice par les grandes compagnies (Air France, Emirates, Turkish Airlines, Air Mauritius) reste soutenue, malgré des tensions sur les tarifs et les fréquences. Les efforts de codeshare et les nouveaux accords (Air India notamment) ont permis de stabiliser les flux.

Une géographie du tourisme mauricien toujours polarisée
Le paysage géographique des arrivées reste relativement stable. L’Europe conserve sa place dominante avec près de 60% des visiteurs, portée par la France, l’Italie et la Suisse. Le Royaume-Uni et l’Allemagne accusent toutefois un recul, en raison de la baisse du pouvoir d’achat et des coûts aériens plus élevés.

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L’Europe reste la première source de visiteurs, en particulier la France (+6,1%), l’Italie (+8,2%) et dans une moindre mesure la Suisse (+3,9%). L’Inde, deuxième marché stratégique, poursuit sa montée en puissance avec une hausse de +4,5% des arrivées en mai, confortant les efforts diplomatiques et commerciaux entrepris ces dernières années.
En revanche, le Royaume-Uni (-0,5%), l’Allemagne (-1,4%) et l’Afrique du Sud (-6,9%) reculent, témoignant des effets combinés de l’inflation, des tensions géopolitiques et d’une concurrence régionale plus marquée.

L’Inde reste un marché clé avec une croissance constante (+4,5% en mai), confirmant la pertinence des investissements mauriciens en promotion sur ce territoire. La Chine, bien qu’en hausse relative (+52%), reste en volume très en deçà des niveaux pré-Covid.
Du côté africain, l’Afrique du Sud fléchit, tandis que des pays comme le Nigeria et le Kenya montrent des signes d’émergence, bien qu’encore modestes. Dans l’océan Indien, La Réunion reste un partenaire essentiel, représentant jusqu’à 12% des arrivées en mai.
Dans l’océan Indien : Maurice à la croisée entre prudence et concurrence
En comparaison à ses voisins, Maurice progresse lentement. Les Maldives affichent plus de 900 000 arrivées entre janvier et mai 2025 (+7,2%), portées par une clientèle haut de gamme asiatique et moyen-orientale. Cette performance est soutenue par une diversification des marchés (Inde, Chine, Russie, Arabie Saoudite) et des investissements étrangers massifs dans l’hôtellerie. La marque « Maldives » conserve un rayonnement mondial, y compris auprès des voyageurs mauriciens fortunés.

Les Seychelles, avec environ 170 000 visiteurs (+4,5%), misent sur une stratégie de niche haut de gamme, ciblant des marchés comme la Russie, l’Allemagne et les Émirats. La dépense moyenne par touriste y est nettement plus élevée qu’à Maurice, ce qui compense des volumes moindres.

La Réunion, quant à elle, agit principalement comme marché émetteur, alimentant le tourisme régional vers Maurice, Madagascar et Rodrigues. Son rôle est renforcé par les subventions françaises au déplacement, qui encouragent les flux intra-océaniques.
Dans ce paysage régional dynamique, Maurice affiche des chiffres honorables mais sans relief. Son positionnement sur le milieu de gamme et le tout-inclus reste attractif, mais souffre d’un manque d’innovation structurelle. L’île peine à se distinguer face à des concurrents plus agiles, mieux segmentés et plus audacieux dans leur offre.

Quelle stratégie pour demain ?
En somme, le tourisme mauricien se maintient, mais sans éclat, à l’image d’un secteur qui reste dépendant de ses marchés traditionnels, tout en peinant à ouvrir de nouvelles perspectives fortes. L’absence de croissance significative et la chute du transport maritime interrogent sur la diversification des offres. Si la reprise semble acquise, la consolidation reste fragile, et la concurrence régionale, notamment des Seychelles ou des Maldives, continue de pousser à l’innovation.

La légère progression observée en 2025 confirme que Maurice reste une destination fiable. Mais cette stabilité relative ne peut faire oublier les défis à moyen terme :
•Une diversification trop lente des marchés cibles
•Une faible valorisation des atouts culturels, patrimoniaux et écologiques
•Un positionnement concurrentiel flou entre tourisme familial, luxe et affaires
•Une absence d’impulsion forte sur les segments émergents (croisière, digital nomads, tourisme sportif)

Le repositionnement du tourisme mauricien passera par une stratégie plus volontariste, articulée autour d’une meilleure segmentation, d’une modernisation des infrastructures et d’un marketing international plus audacieux.
L’année 2025 pourrait ainsi marquer non pas un retour au tourisme d’avant, mais l’émergence d’une nouvelle ambition pour le secteur.

Un cap à consolider
Avec une légère croissance retrouvée, Maurice peut se féliciter d’avoir stabilisé son secteur touristique. Mais cette reprise reste fragile, dépendante de quelques marchés historiques et plombée par l’effondrement du segment maritime. Face à la concurrence régionale, la nécessité d’un repositionnement stratégique se fait sentir : diversification des marchés (Afrique de l’Est, Golfe, Chine), montée en gamme de l’offre hôtelière, valorisation du patrimoine et relance du tourisme culturel. Le ministère du Tourisme et les opérateurs du secteur devront faire pour transformer cette timide reprise en véritable relance durable

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