Élections 2019 : Cannabis, un débat qui traîne

Plusieurs rapports internationaux et des observateurs locaux se prononcent en faveur de la révision des lois et de l’approche concernant la problématique des drogues illicites. L’une des mesures proposées est la dépénalisation du cannabis. Certains le suggèrent pour des besoins médicaux et d’autres souhaitent dépénaliser le cannabis à but récréatif. Chez nous, après les tables rondes et les discussions organisées ces dernières années, le débat avance. Mais il reste confronté à des considérations électoralistes.

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Alain Ah-Vee, Lalit

“Nou an faver dekriminalizasion gandia depi 1982”

“Ce n’est pas la première fois que Lalit se prononce en faveur de la décriminalisation du gandia dans son manifeste électoral. Nou finn komans sa konba la depi 1982. La raison est toute simple : nous voulons séparer les drogues dures et le gandia qui, selon nous, cause moins de tort. Pou nou, li kler si sa kapav koup lerb anba lipie mafia. Si on décriminalise le gandia, nous serons en mesure de contrôler sa vente, comme c’est un peu le cas avec la cigarette.

Concernant les consommateurs de drogues, Lalit est définitivement contre la répression. D’ailleurs, l’ONU a reconnu que la stratégie de répression est un échec, tandis que la World Health Organisation a expliqué que la dépendance à la drogue est un problème de santé public. Ces instances donnent raison au combat de Lalit, qui a toujours soutenu que ces personnes doivent être traitées comme des personnes malades et qu’il faut leur procurer des soins adéquats.

De manière générale, la drogue est un problème qui comprend de nombreux facteurs. Dimounn ki rant dan ladrog li pou bann rezon spesifik ou parski li pe rod enn esapatwar, parski swa li pena travay ou bien so lavenir som. Lalit pense donc qu’il est impératif de mener une lutte politique autour d’un programme qui vise la création d’emplois stables, surtout pour les jeunes, des logements bon marché et des loisirs accessibles partout. Fode pa zis pini dimounn. Il y a un changement dans le monde. Fode pa ki ena ipokrizi lor sa size la.”

Veda Baloomoody, MMM

“Le MMM est open-minded. Li pou dan nou azinda

“Il y a un grand débat au niveau international sur la légalisation pour l’utilisation du cannabis médical. Le MMM ne veut pas se prononcer sans avoir probablement mis sur pied un Select Committee. Il faut d’abord faire un travail de recherche approfondi avec tous les parlementaires et les professionnels avant de prendre une décision. Néanmoins, le MMM est open-minded sur le sujet. Li pou dan nou azinda. Nou pa bloke lor la.

Concernant les trafiquants de drogue, le MMM sera sans pitié. Nous sommes bien décidés à appliquer la loi au maximum. Nous veillerons aussi à ce que les enquêtes au niveau de la police soient faites de manière professionnelle pou ki okenn trafikan pa pas dan file lazistis. Nous estimons que les consommateurs ne doivent pas finir en prison. On a même la preuve qu’à Maurice, la drogue est disponible et beaucoup plus accessible dans le milieu carcéral. Le MMM compte revoir la loi afin d’amener des mesures favorisant la réhabilitation, surtout pour les first offenders. L’encadrement dans des institutions adaptées est primordial afin que ces consommateurs n’aient plus accès aux drogues.”

Miven Tirvengadum, Reform Party

“Le cannabis comme une option médicale”

“Nous sommes conscients qu’une grande partie de la population mauricienne est contre le cannabis. Lorsqu’il faut prendre une political decision, cela doit concerner tout le monde. Dans un contexte où il y a des pour et des contre, le Reform Party pense que la médicalisation du cannabis est la meilleure chose. Tout comme il existe déjà le système de méthadone en place pour les consommateurs de drogues dures, il est primordial de mettre en place un système pour aider ceux qui consomment les drogues synthétiques. Le cannabis se vend actuellement au gramme. Il coûte plus cher que le synthétique, que les jeunes peuvent se procurer à pas plus de Rs 75.

Le cannabis médical pourrait aussi aider des personnes atteintes de Parkinson et d’épilepsie, comme envisagé par la World Health Organisation. Pour contrôler l’utilisation du cannabis, le Reform Party prévoit un minimum de deux centres dans chaque circonscription avec des spécialistes, médecins et personnes qualifiées pour soigner les malades ou accompagner ceux qui veulent sortir du fléau de la drogue.”

Légalisation du cannabis

CLAIM organise une marche à Rose-Hill, le samedi 2 novembre

Le Cannabis Legalization and Informative Movement (CLAIM) invite le public à une marche pacifique, le samedi 2 novembre, pour la légalisation du cannabis. Rendez-vous est pris à 11h sur le parking de la Federation of Progressive Union, près de la gare de Rose-Hill. Les marcheurs emprunteront la Route Royale avant de rallier la rue Inkerman et faire route jusqu’à la place Edward VII. Sur place, plusieurs représentants de CLAIM et d’autres ONG prendront la parole pour exposer leurs arguments sur la requête pour laquelle ils militent depuis des années. Un concert sera ensuite organisé avec plusieurs artistes : Grup Latanier, Jahfazon, Bruno Raya, Jerry n the Resistance, Yvon Adel, Grup Zanfan Dodo et Ras ti Charles, entre autres.

Tania Diolle, Alliance Morisien

“C’est une question piège”

“J’ai assisté à plusieurs débats où j’ai dit que j’étais en faveur de la dépénalisation du cannabis. Mais dans la conjoncture actuelle, il est assez délicat pour moi de répondre sur ce sujet. Cela me semble même être comme une question piège.”

Si Tania Diolle est désormais très réticente à se prononcer dans le cadre de ce débat, soulignons que dans des discussions publiques dans le passé, elle s’est prononcée en plusieurs occasions en faveur de plus de flexibilité en ce qui concerne le gandia. Il en a été de même pour Alan Ganoo, avant que ces deux derniers ne rejoignent l’Alliance Morisien.

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