En marge de la construction de la smart city Cap Tamarin : Le bassin de la discorde

Les développements qui interviennent dans le sillage du projet de village intégré initié par la société Trimetys à Cap Tamarin font monter au créneau un groupement de pêcheurs de la région qui craignent les effets néfastes sur le barachois de Tamarin. La principale cause d’inquiétude : la construction d’un bassin de rétention et de décantation des eaux pluviales qui affecterait l’écosystème marin et l’environnement et menacerait le gagne-pain des pêcheurs et des plaisanciers de la localité, selon Licmand Aunund, représentant de Solidarité Anti-Pollution Ouest (SAPO) Tamarin, qui a alerté les autorités. Or, soutient Kian Jhuboo, directeur de la société Trimetys, « nous venons avec un projet d’infrastructure qui filtrera l’eau et qui permettra aussi l’irrigation d’un parc en bordure de la rivière qui sera accessible au public. » Les autorités, qui ont effectué un constat de visu sur place la semaine dernière, indiquent qu’un suivi sera effectué sur ce dossier pour s’assurer que toutes les clauses des différents permis octroyés au promoteur sont respectées et qu’il n’y a pas d’entrave ou de dégradation à l’environnement.

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L’association SAPO tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme afin que le barachois de Tamarin soit protégé. L’objectif n’est pas de contrer le développement dans la localité, mais de préserver l’environnement, avance Licmand Aunund. « Il est important que l’environnement autour du barachois soit protégé pour sauvegarder la riche biodiversité aquatique du barachois », dit-il, insistant que le barachois est important et des constructions peuvent causer des dégâts irréversibles à la biodiversité. Il pointe du doigt la récente construction d’un bassin de rétention des eaux pluviales, estimant qu’il servira à un système d’épuration de la smart city, en construction à Cap Tamarin.

Selon lui, si cela s’avère, les eaux usées de la smart city pourraient être déversées dans le barachois et ainsi polluer ce sanctuaire où des dizaines de pêcheurs ainsi que des plaisanciers gagnent leur vie. « Il faut éviter la pollution à tout prix, car la baie de Tamarin est un sanctuaire pour les dauphins. L’épuration des produits chimiques et les rejets iront directement à la mer. Les promoteurs doivent s’assurer que notre richesse marine soit protégée, car que ce soit les pêcheurs qui utilisent la réserve pour trouver leur «bouette», ou un simple villageois qui à la brume va à la recherche d’enn ti cari pou zanfan, le barachois regorge de trésors essentiels aux habitants de Tamarin », dit le représentant de SAPO.

D’où le courrier qu’il a envoyé aux différents ministères concernés pour les alerter sur la menace qui, estime-t-il, pèse sur le barachois. Selon lui, le promoteur n’a pas respecté la buffer zone nécessaire pour les constructions au bord de la rivière. Il y a également plusieurs arbres au bord du barachois qui sont actuellement abattus pour faire place à des constructions, note-t-il. Réclamant l’intervention des autorités en vue de « stopper immédiatement la destruction de l’environnement du barachois de Tamarin par les promoteurs », SAPO fait ressortir qu’il est urgent de s’assurer que les promoteurs respectent les permis — s’ils existent — de construction obtenus dans le cadre de ce projet, sans nuire à l’environnement et au gagne-pain de ceux qui utilisent le barachois.

Sollicité par Week-End, Kian Jhuboo réfute les allégations de SAPO, faisant ressortir que le projet de smart city du groupe Trimetys est eco-friendly. « Dans le cadre de ce projet, nous avons opté pour des solutions green. D’où d’ailleurs la construction de ce bassin de rétention et de décantation des eaux pluviales », dit-il. Et d’expliquer que s’il existe actuellement aux abords du site des infrastructures de drains, elles sont sans filtre et l’eau de pluie se déverse avec ses déchets directement dans la rivière. « À travers ce bassin de rétention des eaux pluviales, nous apportons un système green qui débourbera l’eau de pluie, ce qui fait que c’est de l’eau propre qui ira à la rivière. Qui plus est, cette eau de pluie servira également à irriguer le parc de 3 hectares que nous aménagerons en bordure de la rivière une première sur une primeland – et qui sera accessible au public », explique Kian Jhuboo. Le directeur de Trimetys fait aussi ressortir que le projet de smart city de Cap Tamarin dispose de tous les permis nécessaires et que tout est fait dans le respect de l’environnement. « Nous avons d’ailleurs eu des discussions avec les habitants et pêcheurs de la région avant d’initier ce projet qui est dans l’intérêt de la localité », rappelle-t-il.

Le ministère de l’Environnement indique pour sa part avoir dépêché ses officiers sur place la semaine dernière. Suite à ce constat de visu, le ministère a demandé au promoteur de lui remettre les copies de toutes les autorisations obtenues pour aller de l’avant avec ce projet d’envergure comprenant, entre autres, la construction de plusieurs villas au sein d’un morcellement en bordure de la rivière et également un club de loisirs, et qui verra parallèlement l’agrandissement de la route de Tamarin, qui sera déviée à la hauteur du rond-point de U-Express, alignée dans l’axe du pont. Les autorités affirment qu’un suivi sera effectué sur ce dossier pour s’assurer que toutes les clauses des différents permis octroyés au promoteur sont respectées et qu’il n’y a pas d’entrave ou de dégradation à l’environnement.

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