Environnement marin : nos lagons sont malades, mais des solutions existent

  • Le géologue Gaj Pindyah prône la culture de coraux et une sensibilisation de Mauriciens à l’importance des polypes

Au sommet des Chefs d’État du Commonwealth, jeudi à Londres, lors de la session dédiée à l’adoption du Commonwealth Blue Charter axé sur l’économie, le Premier ministre a évoqué son inquiétude quant au déclin des prises des pêcheurs traditionnels et à la dégradation des récifs coralliens. “Plus de 75% de nos barrières de corail sont endommagés”, dit Pravind Jugnauth, ajoutant que ces dernières décennies, Maurice a perdu environ 10% de ses plages en raison de l’érosion. Une situation menaçante pour notre économie, car les conséquences sur l’environnement marin mettent à risque l’industrie touristique mauricienne.

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C’est ce que fait aussi ressortir l’inventeur, ingénieur en informatique, diplômé en géologie et chercheur en énergie et environnement Gaj Pyndiah. “Aujourd’hui, les pentes et dunes de sable qui freinaient l’ardente frénésie des vagues ont disparu. La mer a englouti une bonne partie des plages du pays. Une situation qui risque d’être irréversible si rien n’est fait pour s’occuper de nos lagons malades”, dit-il.

“Avant, l’île Maurice était réputée pour ses belles plages au sable fin. Aujourd’hui, la réalité est autre. Nous sommes loin des images de cartes postales dévoilant des poissons multicolores qui nagent dans de magnifiques lagons. L’eau du lagon n’est plus turquoise. Elle reflète la couleur des goémons et des coraux morts. Dans certains endroits comme Flic en Flac et Belle Mare, c’est presque cimetière de corail qui s’offre à la vue. Un triste constat qui n’attire pas les touristes”, estime le géologue. La situation est telle que nos plages sont érodées et du fait que les coraux sont morts pour la plupart, il n’existe plus de production de sable dans nos eaux, constate-t-il. D’où son insistance pour une sensibilisation sur l’importance des coraux à l’écosystème marin, ainsi que pour la pêche ou le tourisme.
Les activités humaines: facteurs perturbateurs

Loin des images de cartes postales, nos plages sont aujourd’hui érodées. Les grosses lames, qui ne sont plus retenues par les barrières désormais éliminées, partent à l’assaut des plages, érodant ainsi le sable

Habitat pour les poissons, barrières protectrices du littoral et attrait touristique, les récifs coralliens jouent un rôle important dans l’écosystème marin uniquement s’ils sont en bon état. C’est la raison pour laquelle Gaj Pyndiah attire l’attention sur la dégradation des coraux et la nécessité de leur conservation. Car si, pour diverses raisons, nos lagons sont malades, des solutions existent pour y remédier. Et en cela, Gaj Pyndiah est convaincu que le principal remède serait la culture des coraux, recréant ainsi un écosystème marin sain.
“Il faut abord comprendre pourquoi nos coraux meurent”, dit le géologue, indiquant qu’outre le changement climatique et les activités nautiques qui n’arrangent pas la situation, le développement foncier avec plus de personnes qui fréquentent les plages contribuent largement à l’altération des coraux. “Plus que par le blanchiment causé par le changement dans la température de l’eau qui provoque un état de stress sur les polypes qui deviennent blancs et meurent au bout de quelques mois, les coraux sont tout autant menacés par la pollution directe provenant des activités humaines qui dégradent l’écosystème marin”, souligne Gaj Pyndiah. De même, les déchets sur les plages se retrouvant souvent dans le lagon asphyxient les coraux ou les cassent. La pêche non contrôlée, les ancres larguées sur les récifs ou les plongeurs inexpérimentés piétinant le corail impactent aussi négativement sur la barrière corallienne. Une fois les coraux affectés, il y a une réaction en chaîne, explique le géologue, regrettant le débalancement de l’écosystème marin. “Lorsque les plantes aquatiques, les poissons et les mollusques disparaissent des barrières sous-marines, les coraux restants se fragilisent, deviennent friables et ne jouent plus leur rôle de protecteur de la côte. Le littoral en souffre car les grosses lames, qui ne sont plus retenues par ces barrières éliminées, partent à l’assaut des plages, érodant ainsi le sable”, dit-il.

Affectés
par le changement climatique, les coraux sont tout autant menacés par la pollution directe provenant des activités humaines qui dégradent l’écosystème marin

La situation n’est pas pour autant désespérée, dit Gaj Pyndiah, convaincu que récréer un écosystème permettra aux coraux de se développer, favorisera un environnement marin sain et freinera l’érosion. Les coraux ont, cependant, besoin de conditions favorables pour se développer et cela prend aussi du temps: un corail grandit de 0,5 à 1 centimètre par an. “Il faut attendre plusieurs années, sauf si l’on entreprend la culture de corail. Le mois d’avril est un des mois les plus propices à la repousse des coraux”, dit-il, ajoutant que les polypes peuvent par ailleurs pousser n’importe où. “Il faut surtout s’assurer d’une eau propre, sans pollution. Il faut stopper toutes ces constructions qui viennent déverser leurs sédiments dans l’eau de mer. Il faut un programme de protection du lagon”, estime le géologue “Les solutions sont là, il faut de la volonté, mais il faut surtout une sensibilisation du public. Les Mauriciens ne connaissent pas l’importance des coraux. Les autorités devraient leur apprendre à respecter ces polypes combien capitaux pour notre économie”, dit Gaj Pyndiah.

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