Éradication de la pauvreté : La NSIF demande aux ONG d’assurer leurs réserves

Malgré le contexte économique difficile qui pourrait perdurer, la National Social Inclusion Foundation, principal bailleur de fonds des ONG mauriciennes, pense qu’elle ne devrait pas faire face à un manque d’argent pour soutenir les programmes qui visent à endiguer la pauvreté. Néanmoins, la fondation a conseillé à ses bénéficiaires de faire comme elle, c’est-à-dire d’assurer des réserves pour les prochaines années.

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La journée d’aujourd’hui, comme à chaque 17 octobre, est consacrée au refus de la misère. Le thème de cette année est “Construire l’avenir ensemble : mettons fin à la pauvreté persistante en respectant toutes les personnes et notre planète”. Pour repousser la pauvreté persistante, l’argent est une des premières armes indispensables pour ceux qui sont engagés dans cette lutte. Des bailleurs de fonds comme les prestataires de services sociaux qui interviennent auprès des familles les plus nécessiteuses de la société vont être frappés par les conséquences de la Covid-19 dans le secteur économique du pays.

Le principal bailleur de fonds des organisations non-gouvernementales, la National Social Inclusion Foundation, a pris les devants en s’assurant d’une disponibilité financière pour soutenir les programmes de ses bénéficiaires. Pour la présente année financière, la NSIF dispose d’un fonds de Rs 845 M. Cet argent, rappelle-t-on à la fondation, ne relève pas d’une dotation budgétaire, et ce, même si ce montant avait été annoncé dans le dernier budget. Ces Rs 845 M proviennent des « profits chargeable to income tax » des compagnies privées à la Mauritius Revenue Authority.

Optimisme

Malgré la certitude d’un impact négatif sur le revenu des entreprises du secteur privé, à la NSIF, on affiche l’optimisme. Pour cause, Ajay Sowdagur, le secrétaire général de la fondation, explique que celle-ci a pris des précautions financières. « Nous avons fait des prévisions pour les trois années à venir. Mais nous croyons qu’avec le mécanisme que nous avons mis en place et nos fonds disponibles en termes de réserves, nous allons pouvoir opérer pendant cette période jusqu’à ce que la situation économique se stabilise », dit-il.

Toutefois, ajoute ce dernier, la NSIF a demandé aux ONG d’assurer une réserve financière en guise de précaution. Il poursuit : « Mais nous sommes optimistes, nous pourrons traverser cette situation qui paraît contraignante dans le moyen terme. » D’ailleurs, pour ce qui est de l’année financière en cours, la pandémie liée à  la Covid-19 ne va pas affecter le financement des programmes à venir des bénéficiaires, car les fonds qui vont à la NSIF sont basés sur les profits des précédentes années.

Des ONG remboursent Rs 18 M

De son côté, Menon Munien, le président du conseil d’administration de la NSIF, qui dit préférer qualifier la fondation de central funding agency de bailleur de fonds, explique que les réserves dont elle dispose sont aussi constituées d’argent non utilisé par des ONG, et ce, pour diverses raisons. « De manière générale, ce sont environ 15% du montant alloué aux ONG respectivement qui ne sont pas utilisés », souligne ce dernier. Par ailleurs, suivant l’exercice d’évaluation des programmes financés et comme stipule le Funding Contract Agreement, les ONG qui n’ont pu implémenter les projets dont le financement ont été au préalable validés par la fondation sont tenues à rembourser l’argent qui leur a été accordé. Les derniers remboursements par des ONG représentent une somme de Rs 18 M.

Éducation, appication du FLE

Si malgré la morosité du contexte économique l’argent n’apparaît pas comme un obstacle majeur dans le combat contre la pauvreté, toutefois, le fait que des ONG consacrent une bonne partie du financement de la NSIF au salaire de leur personnel n’est pas toujours bien perçu par l’opinion publique. La NSIF se dit consciente « que le plus gros du financement va dans les ressources humaines. » Car une ONG, insiste le secrétaire général de la fondation, est un prestataire de service qui doit investir dans des ressources humaines techniques et pourvoir des services spécialisés. Pour la NSIF, il est temps de « corriger la perception qui veut que tou kas pe al dan saler staff ONG. » Les coûts administratifs des ONG absorbent entre 15 et 30% de l’argent qui proviennent de la NSIF.

Par ailleurs, la NSIF, qui était jusque-là un partenaire financier des ONG, a élargi son partenariat en lançant le projet Fortified Learning Environment (FLE) et créé une Fortified Learning Environment Unit, à Ébène. Ce projet national et d’envergure consiste à accompagner des enfants scolarisés fréquentant des écoles primaires à faible performance et des collégiens défavorisés pour leur garantir de meilleures chances dans leur éducation. Le FLE se veut être un rempart contre les dommages que peut causer la pauvreté. Et englobe plusieurs stratégies, parmi le support parental. Ce concept engage une palette d’acteurs clés, des autorités de l’éducation, y compris la Mauritius Institute of Education, à quelques 13 organisations non-gouvernementales.

La ZEP supplantée ?

Environ 900 enfants et adolescents scolarisés sont concernés par ce projet. La participation du personnel — recruté spécialement pour la mise en pratique du FLE — de certaines ONG, explique encore le secrétaire général de la fondation, est indispensable et ne crée en aucun cas une situation conflictuelle entre le bailleur de fonds et les organisations. La NSIF se défend de privilégier ces ONG. « Nous sommes mandatés pour travailler avec des ONG et celles-ci restent nos intermédiaires. Dans le cas du FLE, c’est la NSIF qui a élaboré le programme à être implémenté. Nous avons besoin de ressources formées pour des services pointus et nous ne sommes pas un implementing body », souligne Ajay Sowdagur.

Le FLE, qui est un projet au coût de Rs 120 M, amènera les différents intervenants à corriger les facteurs qui sont à l’origine de l’échec scolaire ou des difficultés d’apprentissage des bénéficiaires. À bien des égards, le FLE fait penser au concept des Zones d’Éducation Prioritaire (ZEP), lancé en 2003. Le ministère de l’Éducation s’était alors donné pour mission de combattre l’échec scolaire dans les établissements primaires qui enregistrent moins de 40% de réussite aux examens de fin de cycle avec une approche sociale. Le FLE vient-il supplanter ou désavouer la ZEP ? « Non ! » répond Menon Munien, qui était Project Manager des écoles ZEP. « Le FLE primaire reprend ce que le secteur privé faisait pour les écoles ZEP, mais de manière plus organisée et plus large. Le FLE se fait en complémentarité avec le système éducatif en taclant le problème de la pauvreté intergénérationnelle », dit ce dernier.

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