Le rôle de l’Anti–Drug & Smuggling Unit (AdDSU est passé au crible dans le sillage de l’affaire Franklin. Un jugement du tribunal de Saint-Denis, à La-Réunion, avait en effet condamné Jean Hubert Célérine, alias Franklin, ainsi que Jérémy Decidé, dit Nono, à sept ans de prison chacun pour leur rôle au sein d’un réseau de drogue ayant opéré entre l’île sœur et Maurice de 2017 à 2018. Or, si le jugement date de juillet 2021, les Casernes centrales avaient été informées d’une demande pour une commission rogatoire bien avant cette date.
Ce que confirme d’ailleurs le jugement : « Une commission rogatoire internationale a été délivrée aux autorités mauriciennes aux fins notamment de procéder à l’interpellation de Jean Hubert Célérine et Jérémy Decidé. Mais en dépit de l’engagement des autorités policières, aucune suite n’a été donnée par les autorités requises, de sorte que les deux hommes, manifestement localisés, étaient convoqués aux fins d’interrogatoire de première comparution. »
Pourtant, le DCP Bhojoo, patron de l’ADSU, s’était rendu à La Réunion le 1er juin 2019 après une énième saisie de zamal, drogue destinée au marché mauricien. Le haut gradé avait alors assuré que la police mauricienne collaborerait avec les autorités réunionnaises pour lutter contre ce trafic entre les deux îles.
Les autorités de l’île sœur avaient alors émis un mandat d’arrêt quelques jours plus tard contre Nono et Franklin, soit le 13 juin 2019. Mais ces derniers étaient absents lors de leur procès. Un haut gradé à l’ADSU avance que c’est le bureau de l’Attorney General qui s’occupe de ce genre de demande, tout en faisant remarquer qu’à l’époque, il n’existait aucun traité d’extradition entre les deux pays. Ce n’est en effet qu’en novembre de l’année dernière que le gouvernement a signé deux accords de coopération avec la France, l’un dans le domaine judiciaire et l’autre sur la lutte contre la criminalité.
« C’est à cause de l’absence d’un traité d’extradition entre nos deux pays que nous n’avons pas pu faire revenir le Français Christophe Caterino à Maurice quand qu’il avait pris la fuite en 2009, alors qu’il était en liberté conditionnelle dans une affaire d’importation de Subutex », explique-t-on au niveau de l’ADSU en ajoutant « s’il y a un ordre émis par la justice mauricienne, nous l’appliquerons. »
De son côté, Franklin a pris les devants, anticipant sa possible extradition vers l’île sœur. Raison pour laquelle il devait loger une injonction en Cour suprême jeudi. La juge Aruna Narain a cependant rejeté sa demande, estimant que Franklin « ne se base que sur des appréhensions ».
Soulignons que le tribunal correctionnel de Saint-Denis estime que Franklin a joué le rôle de commanditaire dans un trafic de stupéfiants entre Maurice et La-Réunion. Lénommé Nono était son skipper. Ces détails avaient été révélés par le Réunionnais Laurent Mariaye. Ce dernier avait ainsi affirmé qu’il travaillait pour Franklin dans le cadre d’un réseau d’exportation de stupéfiants depuis avril 2017. « Les 140 kilos de zamal saisis lors de l’opération judiciaire du 30 avril 2018 étaient destinés à Franklin. Ils devaient être convoyés les jours suivants à Maurice », fait état le jugement du tribunal de Saint-Denis.