L’homme d’affaires malgache Maminiaina, dit “Mamy” Ravatomanga (56 ans), a été placé en état d’arrestation hier par la Financial Crimes Commission (FCC) de Maurice sous une charge provisoire de blanchiment d’argent, conformément aux sections 36(1)(b) et 38 de la FCC Act. Cette arrestation a été notifiée alors que le quinquagénaire est hospitalisé à la clinique Premium Care des Plaines-Wilhems, où il se trouvait sous observation médicale.
Une Sentry de la police a été déployée 24 heures sur 24 auprès de lui, dans l’attente du feu vert des médecins pour autoriser sa Discharge. Dès que celle-ci sera donnée, l’homme d’affaires sera transféré au Réduit Triangle, siège de la FCC, où il sera formellement inculpé avant d’être traduit devant la justice.
Selon les informations recueillies, les enquêteurs soupçonnent Mamy Ravatomanga d’avoir orchestré plusieurs transferts illicites de fonds depuis Madagascar vers Maurice, pour un montant total estimé à Rs 7,316,116,760. Ces transactions, considérées comme suspectes, auraient transité par un réseau complexe de sociétés domiciliées à Port-Louis et à l’étranger.
La FCC oriente actuellement son enquête vers l’origine de ces fonds et les circuits présumés de blanchiment. Plusieurs entités détenues ou liées à Ravatomanga figurent déjà dans le viseur des autorités mauriciennes. Parmi elles, Auto Diffusion Ltée, dont les bureaux se trouvent à la Hennessy Tower, et First Class Immobilier Ltd, également basée à Port-Louis. D’autres compagnies ont été identifiées et sont sous examen approfondi.
Les comptes bancaires personnels de l’homme d’affaires ainsi que ceux de ses sociétés ont été gelés par un Attachment Order émis par la Cour suprême à la demande de la FCC. Ce gel vise à prévenir tout transfert ou dissimulation de fonds dans le cadre de l’enquête.
Proche de l’ancien président malgache déchu Andry Rajoelina, Mamy Ravatomanga se retrouve au centre d’un scandale financier qui secoue la région. Son arrestation intervient dans un contexte hautement sensible : il est arrivé à Maurice dans la nuit du 11 au 12 octobre 2025 à bord d’un jet privé immatriculé 5R-HMR, appartenant au groupe SODIAT, en compagnie de Christian Ntsay, ex-Premier ministre de Madagascar fraîchement destitué.
Cet atterrissage discret à l’aéroport de Plaisance, passé inaperçu du grand public mais relevé par les autorités, avait déjà alimenté de vives spéculations sur les véritables raisons de son séjour à Maurice.
Depuis son hospitalisation, son état de santé fait l’objet d’une surveillance rapprochée. Selon des sources proches du dossier, la FCC maintient la présence policière à la clinique jusqu’à sa sortie, considérant le dossier comme une affaire de haute sensibilité politico-financière impliquant de possibles ramifications transnationales.
L’enquête se poursuit, et la FCC devrait dans les prochains jours procéder à de nouvelles auditions, y compris dans l’entourage proche de l’homme d’affaires.
Son épouse Ramy Ravatomanga également entendue
Dans la journée de vendredi, Ramy Ravatomanga, épouse de l’homme d’affaires, a été convoquée et entendue par la FCC dans le cadre de la même enquête.
L’audition, qui a duré près de trois heures, s’est tenue en présence de ses avocats, Me Devina Deonarain et Me Krishen Luximon.
Mme Ravatomanga a nié toute implication dans les affaires financières de son mari, affirmant être femme au foyer et sans aucun lien avec ses activités professionnelles.
Avant son audition, des perquisitions ont été menées à son domicile de Belle-Vue-Harel.
Aucun élément compromettant n’a été retrouvé, mais son téléphone portable a été saisi pour analyse.
À la fin de son audition, elle a été autorisée à regagner son domicile, tout en demeurant à la disposition des enquêteurs pour la suite de la procédure.
Selon des témoins, son arrivée et son départ de la FCC se sont déroulés dans la plus grande discrétion. Les journalistes présents ont été tenus à l’écart pendant plusieurs minutes, le temps pour la FCC d’éviter tout contact direct entre Mme Ravatomanga et la presse.

