Baie-du-Tombeau : une charcuterie dénoncée de multiples fois opère sans permis

Pourquoi les Casernes centrales, la justice, le Conseil de district et le ministère de la Santé ne parviennent à stopper les activités jugées illégales d'un business installé dans une zone hautement résidentielle?

Ni la police, ni les représentants de ministères, ni la justice ne parviennent à mettre un frein aux opérations d’une charcuterie de Baie-du-Tombeau, poursuivie en justice pour absence de permis d’opération.

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Depuis 2019, plus d’une vingtaine de plaintes ont été déposées à la police contre ce business, installé dans une zone hautement résidentielle de la localité. À ce jour, malgré les procédures judiciaires enclenchées par les autorités, l’usine – qui fait dans l’élevage porcin et fait office de boucherie – reste en activité.

Dans un document émis par le ministère de la Santé et signé par P.K Beharee, Principal Health and Food Safety Inspector, en date du 25 janvier 2021, il est fait mention que plusieurs descentes des inspecteurs sanitaires ont eu lieu en la charcuterie. Le propriétaire, est-il précisé, ne détient pas de permis d’opération.

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Un an après, soit le 10 mai 2022, une accusation provisoire de « undertaking development works (ie food processing activity) without being holder of a permit » a été logée contre ce dernier en cour de Pamplemousses.

L’affaire a été entendue une première fois le 14 juin 2022. Toutefois, le propriétaire de l’usine ne s’est pas présenté en cour, comme l’atteste un document dudit ministère. Celui-ci retrace d’autres absences du principal concerné en cour, soit le 27 septembre et le 29 novembre 2022. Un nouveau rendez-vous a été fixé au 21 mars de cette année.

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Entre-temps, le business continue d’opérer malgré les plaintes du voisinage.

Inactions multiples.

Approchés, les habitants des alentours confient que les opérations de cette charcuterie ont des répercussions sur leur localité.

Il est fait état de restes de bétails jetés ça et là, d’eau nauséabonde évacuée dans les rues, de tapage nocturne. Et même d’actes d’intimidations allégués. Certaines langues avancent que l’éleveur de porc aurait des liens étroits haut placés.

Un argument qui pourrait expliquer pourquoi la vingtaine de plaintes déposées depuis quatre ans à la police, dont au poste de Baie-du-Tombeau, semblent inutiles. D’autant que l’affaire a également été rapportée aux Casernes centrales, où des plaignants disent avoir été reçus par des officiers pour discuter des problèmes que génère cette charcuterie.

« Stasion pa pe kapav fer nanye, lazistis pe tarde. Ki laport pou tape ? », regrettent les habitants, qui en viennent à se demander si le propriétaire bénéficierait d’une quelconque protection.

Du côté du poste de police de Baie-du-Tombeau, un officier nous a informés la semaine dernière qu’ils sont au courant des activités qualifiées d’illicites de ce commerce. Toutefois, devait-il nuancer, il revient à la cour de se prononcer à ce stade.

Ainsi, il a de nouveau invité les dénonciateurs à se rendre au poste de police pour s’adresser à un supérieur…

En parallèle, face au laxisme des autorités, l’Independent Police Complaint Commission a été approchée par un habitant.

Ce dernier aurait dans un premier temps averti les forces de l’ordre avant de finalement se tourner vers le Conseil de district, qui a, de son côté, vainement saisi la justice. Cette prise de position, raconte l’habitant de la localité, lui a valu d’être victime de « représailles » sans que la police n’intervienne.

En 2020, son domicile a été caillassé par des « gros bras », explique-t-il. « Ou al denons enn maldonn, e se ou ki vinn viktim san ki lapolis pa kapav fer nanye. Ale mem stasion sak fwa, boug-la paret fer seki li anvi », déplore ce père de famille qui se dit « pris en otage ».

Pour assurer la sécurité des siens, il a fait installer des caméras de surveillance à son domicile.

A savoir que depuis plusieurs jours nous tentons vainement de joindre le propriétaire du business par téléphone pour connaitre sa version des faits.

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