Utilisation de produits cancérigènes : Une bataille légale autour d’un élevage de boucs

Une habitante de Beaux-Songes demande à la Cour suprême d’émettre un ordre pour empêcher son voisin, un éleveur de boucs, d’utiliser des produits chimiques cancérigènes pour le nettoyage de ses étables. Dans une demande d’injonction logée en Cour suprême, la plaignante, qui met aussi en cause le Conseil de district de Rivière-Noire ainsi que le ministère de l’Environnement, évoque « de graves problèmes de santé et le non-respect des normes environnementales » autour de l’utilisation du produit Formadehyde, qui est « hautement cancérigène », selon les classifications de la World Health Organisation.

- Publicité -

Cette affaire remonte à 2015. Tout commence quand très tôt le matin et tard dans la nuit, l’habitante en question remarque de la fumée noire provenant de la cour du voisin. Si dans un premier temps la plaignante tente amicalement de faire comprendre à l’éleveur que la fumée noire lui est nuisible ainsi qu’à sa famille, l’éleveur réfute catégoriquement être l’auteur de ces troubles. Dans son affidavit, la plaignante explique que le voisin lui aurait dit que « la fumée provenait de caoutchouc brûlé » et que des fois sa maman « cuisinait en faisant brûler du bois à l’extérieur ».

Lasse de cette situation, la plaignante écrit alors au Conseil de district de Rivière-Noire, au ministère de l’Environnement ainsi qu’au commissaire de police pour dénoncer l’éleveur. Une visite des lieux ne démontre rien de suspect et aucune action n’est prise à son égard. Cependant, l’éleveur, qui avait déclaré nourrir moins de 20 boucs, se fait prendre en contravention quand les autorités y découvrent 37 animaux. « Since he was found guilty of an offence for having bred more than 20 animals without permit, the Respondent has constructed two different sheds and has ensured that there is less than 20 goats in one shed. However, the total number of goats being bred is still above the permissible limit of 20 », souligne-t-elle dans son affidavit.

Cependant, les autorités concernées « ne voient rien d’anormal dans l’utilisation de produits chimiques ». C’est ainsi que les 4 et 5 mai, la plaignante a fait effectuer un Air Monitoring Test dans sa cour. Les résultats démontrent que tôt le matin et tard dans la nuit, soit les heures durant lesquelles l’éleveur fait le nettoyage, un taux au-dessus de la moyenne de Formadehyde avait été détecté dans l’air.

« An Air Monitoring Test Report effected by Air Quality Monitoring Ltd on the 4th and 5th May 2021 and which had detected a very high concentration of Formadehyde in my yard, late in the evening around 18.30 pm and early morning (around 7.00 am) which coincide with the two times when Respondent cleans his sheds. Although the WHO recommended permissible limit of Formadehyde is of a value of 80 ppb, yet, concentrations of 1347 ppb and 2902 ppb respectively were recorded during these two peak hours », dit-elle.

L’habitante de Beaux-Songes soutient qu’elle ne travaille pas, qu’elle passe toute sa journée chez elle et que, de ce fait, sa santé est plus affectée. Au cours des années, elle aurait développé une allergie aiguë qui, pour elle, serait « la cause des produits chimiques qu’utilise l’éleveur ». Elle demande à la cour d’émettre un ordre pour interdire l’éleveur de continuer cette pratique car, dit-elle, tout comme elle, plusieurs autres habitants de ce quartier souffrent de problèmes de santé.

Une pétition dans ce sens a également été envoyée au Conseil de district. Elle déplore l’inaction des autorités et dénonce une pratique de copinage pour protéger l’éleveur. « I have come to Court as Respondent is putting my health and that of my family in great jeopardy. Respondent’s daily use of highly cancerigen substance should be stopped forthwith as it constitutes a health hazard not only for me but for the environment », affirme l’habitante de Beaux-Songes.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -