- Vers 1 h samedi matin, un Prison Officer effectuant une ronde donne l’alerte sur des mouvements suspects dans les dortoirs convertis en centre de quarantaine
- La CID de Port-Louis initie une enquête en vue d’identifier les Ring Leaders au nombre de quatre avec une trentaine de détenus devant subir des interrogatoires
La prison est en état d’alerte depuis le week-end. Et pour cause, une tentative d’évasion a été déjouée de justesse vers 1 heure samedi matin à l’Open Prison de Petit-Verger convertie en centre de quarantaine pour accueillir des détenus testés positifs au Covid-19. Tentant de profiter des dispositions de contrôle sanitaire pour limiter la propagation du virus dans les milieux pénitentiaires, ils allaient mettre à exécution un plan de Prison Break.
Toutefois, ils n’avaient pas compté sur la vigilance des Prison Officers, l’un d’eux effectuant une ronde des blocs dans la nuit de vendredi à samedi et donnant l’alerte sur des mouvements suspects dans des dortoirs et les détenus n’ayant d’autre choix que d’abandonner leur projet. Les premières indications sont qu’au moins cinq Ring Leaders auraient été identifiés alors que la Criminal Investigation Division de Port-Louis prévoit d’interroger pas moins d’une trentaine de prisonniers pour établir les tenants et aboutissants de ces graves incidents. De son côté, le capitaine du MV Wakashio, Sunil Kumar Nandeshwar, qui a retenu les services de Me Gavin Glover, Senior Counsel, n’a pas tenté de s’enfuir.
Depuis la déflagration dans le nombre de cas au Covid-19 dans les prisons, les autorités étaient sur leurs gardes contre des velléités de désordre, voire d’une mutinerie à la prison. Samedi aux petites heures du matin avec l’alerte donnée par ce garde-chiourme On Patrol dans les blocs convertis pour les cas positifs, l’on avait craint le pire. Mais une intervention rapide des Prison Officers de service a eu pour conséquence que ceux qui avaient déserté leurs cellules – croyant pouvoir retrouver la liberté – devaient vite changer d’avis et rebrousser chemin.
Parmi les détenus dans cette section de l’Open Prison de Petit-Verger, l’on retrouve non seulement le capitaine du MV Wakashio, en détention provisoire depuis plus d’une année, l’ex-juge arbitre de kickboxing, Steeves Ibester, appréhendé dans une affaire d’importation de 14 kg de drogue en 2017; Lucandro Prudence, alias Gro Samuel, en état d’arrestation après la saisie record de 243kg de drogue le 2 mai dernier sur le terrain des Gurroby à Pte aux Cannoniers ou encore Didier Antoine Romain, accusé du meurtre d’une retraitée de 77 ans à Quatre-Bornes en 2017.
À ce stade, compte tenu des risques potentiels de contamination, les limiers de la police n’ont procédé à aucune séance d’interrogatoire des détenus. Ils ont préféré soumettre une demande à la direction générale de la prison pour une autorisation en vue de visionner les enregistrements des caméras de surveillance pour comprendre le déroulement de cette tentative d’évasion en vue d’identifier les cerveaux.
Les détenus de Petit-Verger ne seront interrogés qu’à une étape ultérieure, notamment à la fin de leur période quarantaine. Mais depuis samedi, le régime de contrôle des détenus, que ce soit sur le plan de la sécurité ou encore pour éviter toute éventualité de Tampering With Evidence and Witnesses a été renforcé. À ce stade, les enquêteurs souhaitent identifier les Ring Leaders, qui seraient au nombre de cinq.
Les premiers recoupements d’informations poussent la police à privilégier la thèse que le plan aurait été élaboré depuis plus d’une semaine. L’heure de l’évasion avait été arrêtée de manière tactique « par les patrons de l’évasion en prison ». Vers 1 heure du matin, ils avaient cru que les gardes-chiourme avaient baissé la garde vu que des prisonniers étaient en plein sommeil. Sauf qu’ils n’avaient pas tenu en ligne de compte qu’un garde-chiourme allait effectuer sa ronde à cette heure précise. Ainsi, ce dernier a remarqué des agitations inhabituelles dans l’un des blocs convertis en centre de quarantaine. Aux termes du protocole agréé entre la Prison et le ministère de la Santé, seuls les Prison Officers désignés pour être déployés dans cette zone peuvent y avoir accès en vue d’intervenir. Mais avec un premier contrôle, les officiers opérant la CCTV Control Room devaient confirmer que les mouvements suspects émanaient du dortoir C2.
Une escouade de Prison Officers avait été dépêchée vers les lieux indiqués. Un premier constat laissait voir que des antivols avaient été endommagés. En plus, trois détenus étaient allongés sur une structure en béton, un dernier rempart avant de quitter la zone. En apercevant la présence des gardes-chiourmes, les évadés en puissance ont repassé par l’imposte pour retourner au dortoir.
Avec l’obscurité et le fait que les prisonniers avaient dissimulé leurs visages avec des vêtements, les officiers n’ont pu les identifier. Les Prison Officers ont fait appel à des renforts et l’enceinte de la prison avait été sécurisée par les officiers d’autres institutions et la police.
Par la suite, les hauts gradés de la prison ont procédé au contrôle individuel des détenus et aucun ne manquait à l’appel. Une première pièce à conviction a été saisie sur place. Pour les besoins de cette évasion, ils avaient confectionné une corde avec des vêtements, une piste non-négligeable susceptible de mener aux auteurs de cette tentative d’évasion et leurs complices.
Les prisonniers de Petit-Verger demeurent sur place et ils ne seront transférés que vers les prisons de Melrose et Beau-Bassin qu’à la fin leur temps de quarantaine, soit très probablement cette semaine.
Par ailleurs, Me Gavin Glover nie que son client fait partie des Ring Leaders. « Le capitaine du Wakashio se trouve dans le même dortoir que ceux qui sont derrière cette tentative d’évasion. À aucun moment, il n’a tenté de s’enfuir et ne fait partie de cette bande. D’ailleurs, il n’est nullement inquiété par cette enquête », a-t-il déclaré au Mauricien, hier.
Affaire à suivre…