Rs 93 millions d’héroïne saisie, des employés arrêtés, un présumé baron en fuite, et une compagnie aérienne placée sous surveillance internationale : les récentes affaires liées au vol MK 852 d’Air Mauritius en provenance de Johannesburg révèlent l’existence d’un réseau structuré exploitant les failles de sécurité aérienne. Et ce, malgré les mesures annoncées en février dernier.
18 juillet 2025 : nouvelle saisie, vieille méthode
Tout débute à Plaisance, le 18 juillet 2025. Lors d’une fouille du vol MK 852, une équipe conjointe de l’ADSU et de la Customs Anti-Narcotics Section découvre 6,24 kg d’héroïne dissimulés dans une poubelle des toilettes. Deux employés d’Airmate, affectés au nettoyage, avouent travailler pour un certain BR, un Rodriguais bien connu des services antidrogue. Ce dernier, pourtant sous contrôle judiciaire, est introuvable depuis le 19 juillet.
Quelques jours plus tôt, sur ce même vol, un homme avait été arrêté avec 125 boulettes d’héroïne ingérées. Sa compagne reste en détention.
Février 2025 : une tentative déjouée, des consignes données
Cet épisode intervient alors que, dès février, MK Security avait tiré la sonnette d’alarme. À Johannesburg, un prestataire de nettoyage avait tenté d’introduire un colis suspect dans une poubelle d’un avion MK. Alertée par un membre d’équipage, la tentative avait été avortée. Un mémo interne avait ensuite été diffusé, rappelant aux équipes les mesures de vigilance à adopter, notamment sur les vols à risque.
La méthode utilisée en juillet – dissimuler la drogue dans les toilettes – est identique à celle de février. Ce constat relance les interrogations : comment une technique déjà connue a-t-elle pu passer entre les mailles du filet ? La possibilité de complicités internes à Maurice et Johannesburg semble désormais difficile à nier.
L’enquête pointe de nouveau vers BR, déjà soupçonné en 2019 d’avoir orchestré un trafic régional impliquant des mules entre Madagascar, Rodrigues et Maurice. Il aurait infiltré les chaînes logistiques aéroportuaires en recrutant des agents de nettoyage, bagagistes et autres opérateurs au sol.
MK sous surveillance internationale
En avril, la National Crime Agency britannique avait déjà placé Air Mauritius sur une liste de surveillance. En cause : des soupçons d’utilisation de vols commerciaux pour acheminer de la drogue, notamment via Londres Gatwick. Des valises sans passagers identifiés et des mouvements suspects de bagages ont été signalés.
L’un des cas les plus troublants concerne un bagage remonté de la soute de l’équipage de MK à Gatwick jusqu’à l’extérieur de l’aéroport, sans contrôle douanier.
Un danger pour tous les passagers
Outre les enjeux judiciaires, la sécurité des passagers est en jeu. « On ne sait plus ce qu’on pourrait retrouver dans un avion », confie une hôtesse. Si l’héroïne peut être dissimulée aussi facilement, qu’en serait-il de substances encore plus dangereuses ?
Avec plusieurs saisies majeures en quelques années – Rs 93 M en 2025, Rs 11 M en 2020, – c’est l’intégrité du système de contrôle qui est en cause. La question n’est plus seulement celle des trafiquants. Elle touche désormais la capacité de l’ensemble du secteur aérien mauricien à garantir une sécurité réelle et crédible.