Enquête judiciaire – Décès du jockey Nooresh Juglall : La magistrate ordonne une enquête policière

Raison invoquée : le Dr Oozerkhan aurait « menti » lors de son audition concernant la position du corps du jockey lors des premiers soins

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La magistrate Sharvina Jugnauth, présidant l’enquête judiciaire sur le décès du jockey Nooresh Juglall,lors de la première journée des courses au Champ-de-Mars, a sévi. Elle a ordonné une enquête policière à l’encontre d’un des témoins et préposés du Mauritius Turf Club (MTC). Les réponses du Dr Rehan Oozeerkhan, médecin de service du MTC,  lors de la séance d’hier au tribunal de Port-Louis ont rendu perplexe le représentant du bureau du DPP, Me Juggunaden Mooneesawmy. Ce dernier soupçonne le médecin d’avoir menti sous serment en Cour, ce qui serait synonyme de parjure, lorsqu’il avait expliqué la position du corps du jockey lors des premiers soins prodigués et lorsqu’il avait été transporté par ambulance à la City Clinic, à Port-Louis. La magistrate a de fait ordonné que la police enquête à ce sujet. L’audition reprendra le 21 septembre, après les conclusions de l’enquête policière.

L’audition du médecin  s’est poursuivie en cour de district de Port-Louis hier avec les questions de Me Yahia Nazroo, avocat de la MTCSL. Le médecin, qui avait reçu un avertissement de la magistrate Shavina Jugnauth lors de la précédente séance – ses réponses étant jugées « pas claires et précises » et sa version différant de ce que laissaient entrevoir les enregistrements vidéo de la chute, visionnés en cour –, se voit cette fois reprocher d’avoir commis un parjure.

Lorsque Me Nazroo lui a demandé si l’équipe médicale aurait pu faire autre chose pour soigner le jockey sur la piste, le médecin avait expliqué une nouvelle fois les premiers soins administrés. Il a ainsi expliqué qu’il fallait « lui dégager les voies aériennes, lui administrer de l’oxygène, et enlever les débris de son visage et de sa bouche ». Ce qui, a affirmé le médecin, a été fait sur la piste, où le jockey avait été placé en position latérale de sécurité avant d’être remis sur le dos pour que les brancardiers puissent assurer son transfert.

Cette réponse a cependant fait réagir Me Mooneesawmy. « Le témoin ne dit pas la vérité », a-t-il lancé. Il est revenu sur l’audience précédente, où le médecin avait indiqué que Nooresh Juglall avait été placé en position latérale  sur la piste, ce que contredisaient les images des vidéos visionnées en Cour. Le médecin s’était alors rétracté pour dire ensuite avoir placé le corps en position latérale qu’une fois monté dans l’ambulance.

En Cour, hier, le médecin a expliqué que le jockey était sur le dos et sur une planche dorsale lorsqu’il a été transporté dans l’ambulance. Des réponses jugées ambiguës par la magistrate, qui a souhaité obtenir plus d’éclaircissements. Raison pour laquelle elle a ordonné une enquête policière à ce sujet.

L’audition a été temporairement arrêtée en attendant les retombées de l’enquête en question. L’enquête judiciaire a été renvoyée au 21 septembre.

Une « dizaine d’accidents » par saison

Par ailleurs, le médecin a été entendu sur ses 30 années d’expérience comme médecin traitant au Champ-de-Mars, lors des journées hippiques. Répondant aux questions de Me Nazroo, il a indiqué avoir été témoin d’au moins une dizaine d’accidents par saison hippique, notamment de chutes de jockey en pleine course, « dont certaines chutes sérieuses », a-t-il précisé. Mais pas aussi sérieuse cependant, dit-il, que celle du jockey Juglall, lors de la 7e course le 15 mai dernier, et qui aura coûté la vie à ce dernier.

Le médecin ajoute que c’était la première fois qu’il faisait face à un drame de cette ampleur. Aussi, dit-il, deux ambulances restent désormais en stand-by sur la piste lors des journées de courses, comme en a décidé le club, afin de pouvoir intervenir au plus vite en cas de chute.

Le Dr Oozeerkhan a également expliqué que dans les cas de jockeys grièvement blessés, ces derniers ont été transportés à la City Clinic, à Port-Louis, qui se trouve à seulement trois minutes du Champ-de-Mars. Quant aux blessés légers, ils sont traités à l’infirmerie, qui se trouve à la MTCSL.

Au sujet de sa première réaction après la chute du jockey Juglall, le médecin a affirmé que l’équipe médicale et lui ont immédiatement accouru à son chevet pour lui administrer les premiers soins et veiller que le jockey soit évacué hors de la piste, où deux chevaux sans cavaliers couraient toujours. C’est alors qu’il a expliqué avoir demandé que le jockey soit placé sur le dos afin de dégager son visage. « Il était quasiment inconscient. Il ne répondait pas à ma voix. Il respirait difficilement. Après une première évaluation, on a conclu que c’était un cas sérieux », a indiqué le médecin.

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