L’Advisor Jameer Yeadally entraîne le VPM Husnoo dans l’affaire en affirmant l’avoir mis au courant de certaines informations avant les troubles
Une semaine après l’interruption par des membres d’un escadron du concert de solidarité à La Citadelle, la police a arrêté une vingtaine de suspects, inculpés du délit de damaging private property et taking part in an unlawful assembly. Or, les instigateurs, soit au moins le cerveau, ne sont toujours pas connus de la police. La Major Crime Investigation Team (MCIT) a des doutes que ces graves incidents découlent de la simple interprétation d’une chanson, ou en relation directes avec les victimes de la guerre Israël/Hamas. Les Field Intelligence Officers de la police sont en présence de certains éléments dont ils ne souhaitent pas faire état pour le moment par manque de double confirmation.
Les limiers de la police soupçonnent que cet acte aurait été planifié et prémédité dans l’intention d’un but au final. Les suspects, placés en détention jusqu’ici, ne seraient que des suiveurs. Ce grave incident est indirectement lié à la tenue d’une manifestation pacifique pour le peuple palestinien se déroulant dimanche à La Citadelle. Pour la police, plusieurs personnes s’étaient portées volontaires pour aider à l’organisation et elles ne venaient pas seulement de Port-Louis, mais aussi des Plaines-Wilhems.
Contrairement à d’autres rassemblements où étaient présents des religieux, celui de dimanche dernier avait un autre caractère. Des suspects appréhendés ont expliqué à la police qu’ils avaient l’intention d’installer des drapeaux à La Citadelle samedi pour décorer les lieux en vue de l’événement du lendemain. Mais ils se sont rendus compte de la tenue du concert. Ils sont alors descendus dans une zone à Port-Louis pour poursuivre les préparatifs.
Ces volontaires faisaient partie d’un groupe WhatsApp, qui a été créé pour l’organisation de la manifestation. Dès samedi après-midi, des éléments perturbateurs avaient commencé à inciter le groupe à se rendre au concert avec des messages comme « dimounn pe mor dan Palestine ek zot pe fer fet isi », « pa kapav les sa pase ». Une vingtaine de personnes, dont une majorité des jeunes, se sont laissé gagner par la ferveur des déclarations des instigateurs. La police soupçonne que ces derniers auraient reçu des instructions des cerveaux machiavéliques pour inciter le groupe. Ils se sont alors dirigés vers La Citadelle.
Entre-temps, le concert de solidarité avait débuté vers 15 heures et devait prendre fin peu après 21 heures. La sécurité était assurée par 18 policiers on extra duty et le personnel d’une entité privée. Vers 19h15, la police avait reçu une première alerte à travers l’OPS Room concernant de possibles incidents au concert. Mais aucun renfort ne fut dépêché sur les lieux pour prêter main-forte aux officiers sur place. Parallèlement, un petit groupe mené par le dénommé Shezaad Seeroo, activiste connu dans certaines zones de Port-Louis, avait débarqué à La Citadelle vers 21h10. Dans sa version, il a avancé qu’il avait fait le déplacement pour parler à la police et aux agents de sécurité.
Le message était qu’il fallait à tout prix mettre un terme au concert pour éviter des incidents. La police de Metro Nord avait été informée et après avoir visionné des images des caméras du Safe City Network montrant un convoi de véhicules suspects, un haut gradé et son équipe avaient immédiatement quitté Abercrombie pour La Citadelle.
Dans son rapport, le haut gradé avait indiqué qu’il y était arrivé vers 21h40 et il avait tenté de mettre fin au concert. Mais il a fait comprendre que « access was denied to police by security officers. » Cet ASP a dit que quelques minutes après, une vingtaine d’hommes, dont certains encagoulés, avaient envahi La Citadelle. Les suspects ont endommagé des instruments de musique et de sonorisation, et balancé des propos injurieux pour intimider les membres du public et les sommer d’évacuer les lieux. De son côté, la MCIT est en présence d’informations à l’effet que les suspects avaient facilement eu accès au concert sans même présenter de tickets. À ce stade, les limiers ne sont pas au courant s’il y a eu un exercice de vérification avant leur entrée. C’est une fois au concert en se mélangeant à l’assistance que certains avaient enfilé leurs cagoules et retiré les armes pour semer la terreur.
« Kapav pou ena problem »
La police a procédé à une vingtaine d’arrestations, dont l’activiste Shezaad Seeroo, hier. Ses explications n’ont pas totalement convaincu les enquêteurs. Des témoins affirment l’avoir vu en conversation avec Jameer Yeadally, attaché de presse du vice-Premier ministre et ministre des Collectivités locales, Anwar Husnoo, à La Citadelle. Convoqué dans les locaux de la MCIT durant la semaine écoulée pour donner des explications au sujet de sa présence lors des troubles, Jameer Yeadally a affirmé « ti ena ban rimer pe sirkile ki kapav pou ena problem. » Le dénommé Jameer Yeadally a ajouté qu’il aurait mis le No°4 du gouvernement au courant de ces rumeurs. Lors de son interrogatoire, il a indiqué avoir aussi informé « ban lotorite » de ce qu’il a entendu. Reste à savoir comment le VPM Husnoo et « ban lotorite » ont traité cette nouvelle, alors que les renforts de la police étaient arrivés après le début de ces graves incidents.
À hier, les enquêteurs ont indiqué que le VPM Husnoo ne sera pas convoqué aux Casernes centrales, car l’enquête a trait aux délits de damaging property by band et taking part in an unlawful assembly. Comme ce Senior Minister était absent à La Citadelle, il ne risque pas d’être inquiété sous ces charges. L’enquête de la police se poursuit avec d’autres arrestations à prévoir…