Incendie aux Casernes centrales : 50 officiers de la SSU dépourvus d’équipements d’intervention

Ils doivent, en outre, squatter des dortoirs où la promiscuité ne leur permet pas de se reposer le soir

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Les éléments de la Special Support Unit (SSU) ont les pieds et poings liés face aux promesses de leurs supérieurs hiérarchiques faites après l’incendie qui a ravagé, dans la nuit du 4 juillet, la Caserne 4 qui abritaient leurs bureaux, lits, vestiaires, toilettes et salles de bain. Alors qu’ils devaient être relogés dans les plus brefs délais à l’ancien bâtiment de la Mauritius Ports Authority (MPA) au Quay D, les officiers de cette unité doivent, bon gré mal gré, squatter d’autres dortoirs où la promiscuité ne leur permet pas de se reposer le soir ou aux petites heures du matin après avoir bien souvent cumulé plus de 15 heures de travail. En outre, les autorités ne semblent pas faire grand cas des préoccupations, du bien-être et de la question de la sécurité de ces officiers qui n’ont pas toujours reçu leurs nouveaux accessoires et équipements de protection trois semaines après le sinistre !

Les traits sont tirés, forcément, après avoir cumulé un peu plus 24 heures de travail. Mais qu’importe, trois semaines après l’incendie, des officiers de la SSU sont venus à notre rencontre vendredi matin, loin des Casernes centrales, pour exprimer leur ras-le-bol face à l’inaction de leurs supérieurs hiérarchiques, en espérant que ces derniers changeront leur fusil d’épaule face à cette levée de boucliers. « Nous nous sommes armés de patience, mais enough is enough, on mérite de meilleures conditions et d’être respectés à notre juste valeur », confie Charles (*prénom fictif), le fer-de-lance des revendications. L’unité de la SSU est composée d’environ 350 éléments répartis par groupe de 50 dans six casernes. « Au cours de leur shift de plus de 24 heures, les officiers ont un emploi du temps très chargé, avec des exercices physiques, une formation pour gérer les émeutes et assistent à des cours sur le Police Duty. Il est donc normal qu’ils aient un endroit spécial pou refer lekor », souligne Charles.

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Sauf que ce dernier affirme que « chaque dortoir n’est pas assez large pour accueillir, en même temps, plus de 40 officiers qui se retrouvent bien souvent à faire les mêmes horaires de travail. Ce qui génère parfois des inconvénients et de la nervosité lorsque nous sommes amenés à nous relayer dans les salles de bain, faire la sieste durant quelques heures sur les lits ou pour travailler sur les ordinateurs. » Du coup, compte tenu de l’incendie qui a détruit la Caserne 4, les choses se sont corsées avec la répartition des 50 officiers lésés dans les cinq autres casernes. La promesse faite par leur chef à l’effet qu’ils seront très vite relogés dans le bâtiment de la MPA, en attendant que leur dortoir aux Casernes centrales soit de nouveau accessible, n’était que de la poudre aux yeux. « Du haut de leur tour d’ivoire, nos chefs n’en ont cure du calvaire auquel nous sommes confrontés depuis trois semaines, et ce n’est pas faute d’avoir soulevé la question avec eux à maintes reprises », s’insurge un officier qui a dix ans de service au sein de la SSU.

Cris d’alarme…

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Livrés à leur sort, ils n’ont pas d’autre choix que de faire preuve de solidarité. « Nous cumulons par semaine plus de 90 heures de travail, sans overtime, qui sont à la longue difficilement supportables. Ça fait trois semaines qu’on fait la sieste, avec deux, voire trois officiers, dans les voitures de fonction. Les conditions hygiéniques laissent à désirer dans les dortoirs », souligne Charles. * L’insomnie chronique qui peut en résulter entraîne forcément fatigue et somnolence durant le jour, une diminution de la force physique et des difficultés à se concentrer« Le problème n’est pas nécessairement de faire un 24heures, mais de ne pas pouvoir dormir. Beaucoup de gens pensent que les policiers, les pompiers et les équipes médicales peuvent surmonter leur tendance naturelle à dormir. La situation réelle est tout autre. Le manque de sommeil peut affecter notre jugement et nos compétences. Comme conducteur, je dois prendre les bonnes décisions au bon moment, je ne peux pas me permettre d’être extrêmement fatigué », confie un officier en tirant une longue bouffée de sa cigarette.

La pilule est dure à avaler, et ils ne sont au bout de leur peine. En effet, les officiers de la SSU analysent avec sévérité le « je-m’en-foutisme » dont font preuve les chefs de leur unité en ce qu’il s’agit de leur octroyer de nouveaux équipements de sécurité, les anciens ayant brûlé dans l’incendie. Ils ont beau multiplié les cris d’alarme, il n’y a personne pour désamorcer la polémique. « Ce nouvel épisode porte un rude coup au moral de nos troupes, lesquels, il est nécessaire de le rappeler, sont spécialisés dans les interventions difficiles et face au climat délétère qui règne dans le pays actuellement, le danger guette. Comment intervenir si nous ne sommes pas équipés de boucliers et de casques pour se protéger de jets de pierres ou d’autres objets, de gilets par balle, de matraques et de chaussures spéciales, entre autres ? Les émeutes qui ont ébranlé le pays en avril auraient dû servir de piqûre de rappel, sauf qu’il n’en a rien été », souligne Charles*.

À ce sombre tableau s’ajoutent la perte des effets personnels des policiers lors de cet incendie et le fait que leurs supérieurs font la sourde oreille lorsqu’ils évoquent un éventuel remboursement. « Des officiers ont perdu des objets de valeur avoisinant les Rs 10 000, et là aussi ils sont contraints de quémander pour bénéficier d’un remboursement, alors que le Deputy Chief Fire Officer, Dorsamy Ayacouty, avait conclu que plusieurs quartiers des Casernes centrales n’ont pas de Fire Certificate, y compris la partie qui a été ravagée par les flammes. Si un certificat incendie n’est pas à jour, alors il n’est pas conforme à la loi. C’est une infraction et cela montre que la loi sur la santé et la sécurité n’est pas respectée », soutient un autre officier.

Affaire à suivre…

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