Mauritius Duty Free Paradise : Les abus continuent… sous un vernis de changement

Changement de gouvernement, changement de direction, mais aucun changement de mœurs : à la Mauritius Duty Free Paradise (MDFP), les pratiques abusives et les privilèges indus continuent de prospérer à l’abri du tarmac. Sous des dehors de renouveau managérial, la réalité quotidienne des employés révèle une tout autre image : celle d’une entreprise publique toujours gangrenée par les méthodes clientélistes de l’ancien régime.

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« Rien n’a changé, sinon les visages. Les passe-droits, les abus, les petits arrangements entre amis : tout est toujours là, intact », disent des employés désabusés. Malgré l’arrivée d’un nouveau Chief Executive Officer – présenté comme accessible, à l’écoute, et même trop friendly avec ses « beti beta » –, les abus hérités de l’ère MSM perdurent. Au cœur du problème : un noyau de personnel bénéficiant d’une protection implicite sous l’ancien pouvoir, et qui continue de faire la pluie et le beau temps dans l’organisation.

Les témoignages recueillis sont concordants : certains employés boycottent les horaires les plus pénibles en manipulant les rosters, sans jamais être inquiétés. Des absences « stratégiques » sont organisées pour éviter les pics de fréquentation, laissant leurs collègues assumer la charge.

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D’autres évitent tout bonnement d’acheminer les produits du dépôt vers les rayons, paralysant temporairement l’approvisionnement… sans aucune sanction, mais des conséquences de millions de pertes pour les boutiques hors taxes, comme cela a été le cas il y a quelques jours avec la non disponibilité de parfums, pourtant bien calés dans le grand store.

Plus largement, une culture de deux poids, deux mesures continue de s’exercer entre « les protégés » et « les autres ». « Ceux qui avaient carte blanche hier l’ont toujours aujourd’hui. C’est juste le management qui a changé, pas les privilèges », résument les employés dépités.

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 « Beti Beta » : sympathie sans autorité ?

Le CEO, que certains surnomment – non sans ironie – « Beti Beta », pour sa bonhomie décontractée et ses manières peu conventionnelles, multiplie les gestes d’ouverture : conversation directe avec le personnel, posture de proximité, tolérance apparente.

Mais si le ton a changé, les décisions concrètes se font toujours attendre, et la hiérarchie informelle bâtie sous l’ancien régime semble plus solide que jamais. Certes, l’ancien régime politique a été balayé en novembre 2024. Certes, la direction générale a été renouvelée. Mais les bénéficiaires du système clientéliste sont toujours aux commandes informelles, dans les coulisses de l’entreprise. Et dans une structure où les anciens « chatwas » – protégés, promus, pistonnés – bénéficiaient d’une impunité quasi totale, rien n’a été mis en place pour corriger les déséquilibres.

Les employés de la MDFP se demandent à quand une première réunion du board espérant une rupture réelle car en l’absence de vraies réformes internes, le clientélisme post-MSM prospère en duty free, pendant que la hiérarchie observe — silencieuse, impuissante ou complice. Un changement d’étiquette sans changement de produit.

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