Les agents et Ticketing Officers de la compagnie Metro Express Ltd (MEL) sont souvent confrontés à la rébellion de certains passagers qui ont assimilé le fait de voyager gratuitement à bord des rames à un droit acquis. Certes, la chasse aux fraudeurs s’est intensifiée, ces dernières semaines, mais, pour autant, elle n’a pas sonné le glas des actes de brutalités et d’intimidation. En atteste le traumatisme vécu par un Ticketing Officer, jeudi soir, menacé avec un couteau par un individu dont la carte de voyage ne disposant pas de crédit suffisant. Un épisode qui a créé l’émoi parmi les passagers, instillant la peur parmi le personnel qui crie dans le désert pour que des policiers leur prêtent main-forte à chaque inspection. « Une tâche ardue, dans la mesure où la force policière ne dispose pas de suffisamment d’agents pour systématiquement assister les inspecteurs », confie le ministre des Transports, Osman Mahomed.
Bien souvent, lorsqu’ils sont pris en flagrant délit, les fraudeurs font preuve d’agressivité en usant de prétextes fallacieux pour justifier le fait de ne pas être en possession d’un ticket ou d’une carte valide. Ils n’en ont cure des messages vocaux relayés en boucle à bord des trains : « to frode, to tase » ou « respectez nos employés », suivi d’une piqûre de rappel sur les provisions légales qui existent pour traquer les contrevenants, dont les amendes allant à Rs 25 000 assortie d’une peine d’emprisonnement.
Face à la multiplication des actes d’incivilité, MEL a, certes, pris la mesure de la gravité de la situation en renforçant les contrôles, se traduisant notamment par un déploiement plus conséquent des forces de l’ordre et des Ticketing Officers. Sauf que ces vagues de contrôles massifs se heurtent à des pierres d’achoppement lorsqu’aucun agent des forces de l’ordre n’est pas présent dans les rames. « C’est là où le bât blesse. Les voyous se sentent pousser des ailes lorsqu’ils constatent que des policiers sont absents. Surtout lorsqu’ils ont affaire à des femmes », confie une inspectrice.
Hormis le cas de l’agression d’un Train Captain à la station de Rose-Hill le 14 septembre 2024 — alors qu’il tentait d’intervenir lors d’une altercation entre des employés et un passager —,d’autres employés de MEL ont subi les foudres de resquilleurs. On pourrait multiplier les exemples, mais au rayon des pires, deux épisodes ayant plongé employés, voyageurs et internautes dans la consternation sortent du lot. Primo, l’agression d’un agent de sécurité par un fraudeur largement partagée sur les réseaux sociaux, le 16 février dernier, vers 19h. Après avoir essuyé des injures de la part de son bourreau, ledit agent a reçu un violent coup de pied dans le ventre. Grâce aux images capturées par une caméra de surveillance à bord du tram, les autorités ont pu identifier le suspect, qui a été arrêté par la police quelques jours plus tard. À l’heure des réseaux sociaux, les vidéos amateurs demeurent d’une grande aide pour la police.
Les incartades à bord des rames ont franchi un nouveau palier, jeudi, après qu’un inspecteur de MEL a été menacé avec un couteau par un passager à la station de Quatre-Bornes, aux alentours de 18h14. L’incident s’est produit alors que l’inspecteur, âgé de 38 ans, effectuait son service à bord du train 108, en compagnie de deux collègues. Arrivés sur le quai 2, l’un de ses collègues a demandé à un passager de descendre du train, sa carte de voyage ne disposant pas de crédit suffisant. Au même moment, un couple s’est approché. Les choses ont rapidement tourné au vinaigre sous les yeux de familles et d’enfants médusés. L’homme, s’adressant directement à l’inspecteur, a proféré des menaces virulentes, avant de sortir un couteau de son sac, tentant d’intimider l’agent. Une enquête devrait être ouverte suite à cette agression.
Un tour de vis radical visant à mettre hors d’état de nuire ces resquilleurs patentés, parfois violents, est plus qu’urgent, car derrière ces comportements éhontés se cache une réalité qui ne doit pas être prise à la légère par les autorités. Tous les jours, on assiste au ballet des dealers et des toxicomanes qui s’installent autour de certaines stations. Voilà le décor qui s’offre aux voyageurs. Les lieux sont dans un état repoussant se traduisant par des « scènes ouvertes » d’usage de drogues. « Les habitants hésitent à prendre le métro passé une certaine heure, car parfois, ces gens usent un langage grossier. Que fait la police ? Ils ne sont pas assez présents à nos côtés », déplore un employé de la compagnie ferroviaire. « Les agents de l’Emergency Response Unit (ERS) sont sollicités de toutes parts dans le secteur du transport public. Hélas, on aurait aimé que ça soit autrement, mais l’unité n’a pas l’effectif pour se dédier entièrement à MEL », souligne Osman Mahomed.
Comme si les cas de fraudes et d’agressions à bord des rames représentant un coût économique et social très important ne suffisaient pas, les actes de vol et de dégradation infligés au réseau ferroviaire ont pris des proportions aggravantes et concernent principalement les guichets automatiques. Après les cas de vandalisme ayant frappé le distributeur automatique de billets de St Louis et Coromandel il y a deux semaines, plus de Rs 70 000 ont été dérobées à Trianon lundi.
Au Parlement, mercredi, Osman Mahomed a souligné que « ces actes de vol et de dégradation ont causé un préjudice estimé à Rs 5,2 millions. Face à ce constat, la collecte des recettes s’effectue désormais quotidiennement dans toutes les stations afin de limiter les montants laissés dans les distributeurs. Le 19 mai, une opération avec la police a permis l’arrestation de l’un des deux suspects impliqués dans un vol. »
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Responsable de la sécurité du réseau ferroviaire : MEL résilie le contrat d’Edmond Security Services Ltd
Le conseil d’administration de MEL, qui s’est réuni hier, a tranché. Le contrat de la firme Edmond Security Services Ltd, responsable de la sécurité du réseau ferroviaire, a été résilié. En sus de la multiplication des cas de vols et de vandalismes sur les stations, ladite compagnie était sur la sellette depuis la fin de l’ère du MSM, après certaines zones d’ombre ayant fuité sur les dessous de son contrat.
6 novembre 2024. De nouvelles bandes sonores diffusées par Missie Moustass révèlent des échanges impliquant la voix présentée comme celle de Kobita Jugnauth et le Premier ministre sortant, Pravind Jugnauth. Dans l’un des enregistrements, une conversation laisse entendre qu’une entreprise, Edmond Security, aurait remis une somme de Rs 200 000 à Kobita Jugnauth. Dans un enregistrement précédent, une voix attribuée à cette dernière intervenait auprès d’un ex-conseiller du PMO pour qu’Edmond Security obtienne un contrat. De croustillants détails qui auraient valu leur pesant d’or dans la décision de MEL de mettre fin à sa collaboration avec la firme en question.
Répondant à une question parlementaire de la députée Stéphanie Anquetil, mercredi, Osman Mahomed, a souligné que ladite compagnie est sous contrat avec MEL depuis le 29 mai 2024. « Elle bénéficie d’un contrat de deux ans renouvelé à plusieurs reprises, pour un montant annuel de Rs 23,4 millions », dit-il. À une question supplémentaire de la même députée, Osman Mahomed a fait ressortir qu’il appartiendra au comité de décider si l’allocation du contrat à cette compagnie de sécurité doit être référée à la Financial Crimes Commission (FCC).