MV Wakashio : Un manque de vigilance à bord du vraquier mis en cause

L’enquêteur du CCID évoque des « dérogations » aux règlements lors de la fameuse fête d’anniversaire à bord du navire

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Devant la Cour de district de Port-Louis, hier c’était au tour du Chief Officer Hitihamillage Subodha Janendra Tilakaratna, 45 ans, de comparaître pour sa demande de remise en liberté. L’enquêteur principal du CCID, venu appuyer les objections de la police à sa remise en liberté, a fait état d’un manque de vigilance des officiers supérieurs alors qu’ils fêtaient un anniversaire à bord, avançant que le Chief Officer était supposé être aux commandes lorsque le vraquier s’est échoué sur la côte Sud-Est du pays, faisant ainsi l’impasse sur certaines conditions nécessaires pour s’assurer que le vraquier était convenablement dirigé.

L’enquêteur principal avait évoqué auparavant le fait que le plan de route déjà établi avant le voyage du vraquier MV Wakashio, sortant de Singapour, avait été altéré, sur l’aval du capitaine Nandeshwar. Et l’enquêteur d’indiquer que, selon l’enquête policière, c’est le Chief Officer Hitihamillage Subodha Janendra Tilakaratna qui avait pris les commandes du navire. Lorsqu’il a pris les commandes, dit-il encore, le vraquier avait déjà commencé à changer de trajectoire près des côtes mauriciennes. Ainsi, selon les détails de l’enquête, des instructions avaient été données au Chief Officer pour qu’il redresse la position du vraquier. Cependant, l’examen du Voyage Data Recorder (VDR) du vraquier révèle, dit l’enquêteur, que « even thereafter the position of the vessel was not being properly monitored ».

Une dérogation démontre que le Chief Officer, alors aux commandes, aurait demandé aux membres de l’équipage qui étaient « officer on watch » de demeurer à la fête d’anniversaire. « Une entorse aux règlements, car la présence de cet officier est nécessaire pour repérer s’il y a un danger qui approche, tout en informant son supérieur de ce qu’il voit à l’horizon. Or, il n’était pas présent cet après-midi du 25 juillet », soutient l’enquêteur.

Ce dernier avance que les membres de l’équipage étaient plus concernés à savoir s’ils pouvaient capter le signal de réseaux, « et partager la connexion Wi-Fi Hotspot », que par la trajectoire du vraquier. Pour l’enquêteur principal, le Chief Officer « devait se montrer plus vigilant, puisqu’alors aux commandes, afin de diriger le vraquier selon la trajectoire revue, soit à 5 milles nautiques de la côte Sud-Est du pays ».

Et d’ajouter que le Chief Officer avait même pu appeler son épouse et son frère, au Sri Lanka, « alors que pendant ce temps-là, le vraquier s’approchait dangereusement de la côte ». Du coup, l’intéressé « ne portait pas attention au radar et au système informatique électronique, qui se trouvait en face de lui, aux commandes ». C’est ainsi vers 19 h 25 ce 25 juillet, le vraquier s’est échoué sans que le Chief Officer n’ait pu l’empêcher.

L’enquête policière devait par ailleurs révéler que des officiers de la National Coast Guard (NCG) de Pointe-du-Diable avaient tenté de prendre contact avec l’équipage du MV Wakashio vers 18h15 ce jour-là, mais en vain. Selon l’enquêteur, ce serait la NCG de Mahébourg, sollicitée, qui a pu établir un contact avec le capitaine du Wakashio après l’échouement, à 20h08.

En ce qui concerne la demande de remise en liberté, la police évoque le risque que l’accusé tente de fuir le pays ou encore qu’il interfère avec les témoins, en l’occurrence les autres membres d’équipage. Me Ameerah Peeroo, qui représente le Chief Officer, a cependant soutenu que son client se trouvait sur le vraquier après l’échouement pendant au moins 10 jours avant d’être évacué et placé en quarantaine pendant au moins 14 jours au centre de quarantaine à Belle-Mare, ajoutant qu’à « aucun moment, il n’a défié les autorités en tentant de prendre la fuite ».

Il ajoute que l’unique passeport de son client est en possession de la police, ainsi que son “sea man book”. Selon lui, son client n’a donc aucune raison d’interférer avec des témoins, d’autant que ces derniers sont sous stricte surveillance policière. Mais l’inspecteur Ramdhony estime toutefois que l’enquête suit son cours et que la police compte confronter le prévenu avec de nouveaux éléments de preuves.

Hitihamillage Subodha Janendra Tilakaratna, qui s’est adressé à la cour, a indiqué qu’il était Merchant Navy Officer avant de devenir Chief Officer, poste lui donnant les qualifications pour agir comme capitaine, avant son assignation à bord du MV Wakashio. Selon lui, c’est la première fois qu’il a des démêlés avec la justice, affirmant ainsi qu’il se pliera aux conditions de remise en liberté qui lui seront imposées.

Il ajoute qu’il ne compte pas prendre le risque d’être recherché par Interpol et d’autres services de renseignements internationaux en tentant de fuir le pays et la justice. « Sans compter que je perdrais mon travail et ne pourrais plus nourrir ma famille », dit-il. À noter que Yashdev Dhunny, consul honoraire du Sri Lanka, avait été appelé à la barre des témoins, où il a confirmé qu’en tant que consul, il fournira au Chief Officer un lieu de résidence s’il est relâché sous caution, et qu’il veillera à ce qu’il ait les facilités nécessaires pendant son séjour dans ce pays, « qui lui est étranger ».

Autre témoin, le coordinateur de la Maritime Transport and Port Employees Union, Moussa Ibrahim. Ce dernier a avancé qu’il revient de la responsabilité de l’organisation affiliée à l’International Transport Federation de prendre en charge les marins en escale ou autres, et de veiller à leur bien-être. Et de donner la garantie que l’union fera « tout le nécessaire si le prévenu obtient la liberté conditionnelle ».

La magistrate Ramdewoor prononcera sa décision le 22 octobre.

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