Procès de Bernard Maigrot – Anne Rogers : « Vanessa Lagesse était très perturbée avant sa mort »

L’audition des témoins de la poursuite dans le procès intenté à Bernard Maigrot pour le meurtre de Vanessa Lagesse, remontant à 23 ans et survenu dans son bungalow à Grand-Baie, a débuté. Le témoignage de la sœur aînée de Vanessa Lagesse, Anne Rogers, a retenu l’attention.

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Un des membres du jury, sélectionné dans le cadre du procès intenté à Bernard Maigrot pour le meurtre de Vanessa Lagesse, survenu il y a 23 ans dans son bungalow de Grand-Baie, et qui était tombé malade et avait dû être hospitalisé depuis la semaine dernière, a été remplacé. De fait, Me Darshana Gayan, Senior Assistant Director of Public Prosecutions, qui représente la poursuite, et Me Gavin Glover, Senior Counsel et avocat de Bernard Maigrot, ont dû refaire leurs Opening Statements aux jurés, où ils ont indiqué à ces derniers les preuves qu’ils comptent mettre en avant. Les deux avocats ont aussi mis l’accent sur le fait que Bernard Maigrot est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie.

Ce dernier, 62 ans, homme d’affaires, est accusé de Manslaughter sur la personne de Vanessa Lagesse, en infraction avec le Code pénal, 23 ans après que cette dernière avait été retrouvée morte dans son bungalow, à Grand-Baie, soit le 10 mars 2001. Le prévenu plaide non coupable.

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La séance a ensuite été consacrée à l’audition des témoins de la poursuite. Anne Sonia Rogers, la sœur aînée de la défunte, a été appelée à la barre des témoins. Elle s’est décrite comme une femme au foyer et mère de trois enfants, et habitant sur la route principale de Grand-Baie. Elle a été interrogée par Me Gayan.
Me Darshana Gayan : Quel était votre lien de parenté avec Vanessa Lagesse ?
Anne Sonia Rogers : C’était ma sœur cadette. Elle était née en 1964. Elle était très généreuse et avait beaucoup d’amis. Elle était très différente de moi. Elle avait sa vie. Moi, je suis mère de trois enfants.
DG : Quel métier exerçait-elle ?
ASR : Styliste. Elle avait sa propre boîte à Port-Louis, la Vanessa Lagesse Design, où elle employait deux ou trois personnes. Elle était très aimée de ses employés.
DG : Vous la rencontriez souvent ?
ASR : Elle habitait à côté de chez moi, dans la maison de nos parents. Elle passait souvent chez moi, mais pas tous les jours.
DG : Y avait-il une relation entre Vanessa Lagesse et Bernard Maigrot ?
ASR : Oui. Elle aimait Bernard Maigrot. Elle était entière dans son amour pour Bernard Maigrot. C’était une longue relation, par intermittence. Il y avait des cassures et des reprises.
DG : Quand cette relation avait-elle débuté ?
ASR : Si ma mémoire est bonne, peut-être en 1993. Je n’approuvais pas cette relation.
DG : Comment perceviez-vous la relation entre Bernard Maigrot et Vanessa Lagesse ?
ASR : C’était très compliqué.
DG : Donnez-nous le contexte.
ASR : Bernard Maigrot était un homme marié. Sa relation avec Vanessa Lagesse devait rester cachée. Vanessa Lagesse était très perturbée par cette relation. Elle était sous l’emprise de Bernard Maigrot dans cette relation. Elle essayait d’arrêter cette relation, mais c’était difficile.
DG : Que voulez-vous dire par « elle était sous l’emprise de Bernard Maigrot » ?
ASR : Vanessa Lagesse ne participait plus à nos activités. Elle attendait des appels ou des rendez-vous. Elle était sous une tension extraordinaire. Elle était maigre. Quelque chose la travaillait. Nous étions tous concernés.
DG : Durant la semaine précédant sa mort, combien de fois avez-vous parlé avec Vanessa Lagesse ?
ASR : Je ne sais pas.
DG : Votre maman se trouvait où ?
ASR : Elle habitait dans la même cour que Vanessa Lagesse. Celle-ci occupait une petite maison à côté.
DG : Combien de fois avez-vous vu Bernard Maigrot chez Vanessa Lagesse ?
ASR : Jamais.
DG : Que faisiez-vous le 9 mars 2001 ?
ASR : J’étais à un dîner à Moka.
DG : Vers quelle heure êtes-vous rentrée chez vous ?
ASR : Je ne me rappelle pas. En général, un dîner se termine vers minuit.
DG : Qu’avez-vous fait jusqu’au lendemain ?
ASR : Je m’occupais du Centre nautique de St Géran. J’avais alors reçu un appel de Maurice, qui m’avait dit qu’il y avait un problème avec Vanessa. J’ai alors demandé qu’on l’emmène dans une clinique, mais il m’a dit que c’était trop tard. (Le témoin se met à sangloter) J’étais ensuite partie directement sur les lieux, où Vanessa Lagesse était morte.
DG : Vers quelle heure étiez-vous arrivée à Grand-Baie ?
ASR : En début d’après-midi.
DG : Qui était présent ?
ASR : Maman, mon autre sœur, Sonia, ainsi que des policiers. Il y avait beaucoup de monde. Je ne peux vous expliquer ce que j’ai ressenti à ce moment-là. Vous arrivez chez vous, vous vous dites que votre proche a été assassinée. Quel ennemi pouvait-elle avoir ? Mais il y avait des personnes qui formaient une cabale contre elle. Ils étaient nombreux. Je suis là pour dire la vérité.
Elle a ensuite été contre-interrogée par Me Glover. Ce dernier a montré le Statement que le témoin avait donné à la police.
DG : Veuillez identifier si c’est bien votre signature et veuillez confirmer la date de ce document.
ASR : C’est bien ma signature, en date du 21 mars 2001.
DG : Je lis la dernière phrase de votre Statement : « Je n’ai aucune idée de qui a bien pu commettre ce meurtre. »

Une fonctionnaire déléguée par le Directeur des poursuites publiques (DPP) a ensuite été appelée à la barre des témoins. Elle a soumis une lettre du DPP certifiant que le dossier relatif à l’enquête préliminaire qui s’était déroulée devant la Cour de district de Rivière-du-Rempart en 2003 par rapport à cette affaire a bien été reçu par son bureau.
Cette lettre a été soumise aux jurés. L’ancien District Clerk de la Cour de district de Rivière-du-Rempart a expliqué pour sa part à la barre des témoins qu’une enquête préliminaire avait bien eu lieu devant cette instance entre 2005 et 2007 concernant la présente affaire, et que le dossier avait bien été transmis au DPP.
L’affaire reprend aujourd’hui.

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