L’audition des témoins de la poursuite dans le procès de Bernard Maigrot, accusé du meurtre de Vanessa Lagesse le 10 mars 2001, s’est poursuivie aux Assises. L’audition du jardinier de Vanessa Lagesse, Jayraz Sookun, a mis en scène un Allemand, qui l’avait emmené vers la dépouille de la victime au bungalow de cette dernière à Grand’Baie. Le prévenu plaide non-coupable.
Darshana Gayan, Senior Assistant Director of Public Prosecutions, qui représente la poursuite, a procédé à l’interrogatoire de Jayraz Sookun, qui était employé comme jardinier chez Vanessa Lagesse en 2001. Il est revenu sur le moment où il avait pris son service au bungalow de Vanessa Lagesse ce 10 mars 2001.
DG : À quelle heure étiez-vous arrivé chez Vanessa Lagesse ?
JS : Vers 6 h 30.
DG : Qu’avez-vous fait ensuite ?
JS : J’avais commencé à laver la voiture.
DG : Aviez-vous entendu quelque chose ?
JS : Oui. De l’eau qui coulait à l’intérieur de la maison.
DG : Vous étiez ensuite parti chez vous ?
JS : Oui.
DG : Et ensuite ?
JS : J’étais parti déposer ma fille à Pointe-aux-Canonniers. Puis j’avais attendu Vanessa Lagesse près de la quincaillerie Corona, où elle devait me rejoindre. Je l’ai attendue en vain. Je suis reparti chez elle avec un reçu. J’ai vu un « Misie alman » dans la cour et je lui ai dit que je devais laisser le reçu avec Vanessa Lagesse. L’Allemand m’avait demandé de le suivre vers la porte se trouvant à l’arrière, donnant sur la cuisine.
DG : Comment avait-il ouvert la porte ?
JS : Avec ses mains.
DG : La maison comportait combien de portes ?
JS : Une à l’avant, une à l’arrière et une qui donnait sur sa chambre à coucher.
DG : Vous êtes allé vers quelle porte en premier ?
JS : La porte à l’arrière.
DG : Pourquoi êtes-vous entré par cette porte ?
JS : Il faut demander cela à l’Allemand.
DG : Qu’avez-vous vu une fois à l’intérieur de la maison ?
JS : La maison était en désordre.
DG : Qui était avec vous ?
JS : L’Allemand. Je l’ai suivi. J’ai ensuite découvert Vanessa Lagesse dans la baignoire.
DG : Comment était la baignoire ?
JS : Elle était pleine d’eau sale.
DG : Quel était le niveau de l’eau ?
JS : La baignoire n’était pas pleine. L’eau coulait du robinet, mais s’écoulait.
DG : Dans quelle position était Vanessa Lagesse ?
JS : Sa tête était comme ça. (Le témoin penche son corps en avant.)
DG : Qu’avez-vous fait ensuite ?
JS : Je suis sorti pour alerter Monsieur Pitot. La police était déjà là. Les policiers nous ont demandé de ne pas bouger.
DG : Que faisait l’Allemand ?
JS : Il était sorti lui aussi.
DG : Pourquoi vouliez-vous appeler Monsieur Pitot ?
JS : Il était parenté à Vanessa Lagesse.
DG : Quand vous êtes sorti, qui d’autres étaient présents ?
JS : Le gardien, ainsi que des servantes. Je ne connais pas très bien leurs noms. Mme Rogers était venue par la suite.
DG : En votre présence, qui était entré dans la maison ?
JS : L’Allemand.
Le témoin a ensuite été contre-interrogé par Me Gavin Glover, Senior Counsel, l’avocat de Bernard Maigrot.
GG : Quand vous laviez la voiture, vous n’avez rien entendu ?
JS : Non.
GG : Quand vous vous êtes rapproché de la maison, vous avez entendu de l’eau qui coulait à l’intérieur ?
JS : Oui.
GG : Après avoir déposé votre fille à Pointe-aux-Canonniers, vous êtes allé à la quincaillerie Corona, qui était près d’une autre maison de Vanessa Lagesse ?
JS : Oui.
GG : Quelle était la distance avec cette maison et la maison où l’on a découvert le corps ?
JS : Ti enan inpe distans.
GG : Quand vous êtes retourné, qui avait-il sur place ?
JS : L’Allemand, le gardien et les servantes.
GG : C’est cet Allemand qui vous a demandé de le suivre ? Vous connaissez son nom ?
JS : Non.
GG : Vous êtes alors entré dans la salle de bains ?
JS : Oui.
GG : Vous ne saviez pas à ce moment-là que Vanessa Lagesse était morte ?
JS : Non.
GG : L’Allemand a touché la tête de Vanessa Lagesse ?
JS : Oui.
GG : Vous aviez attrapé ses reins ?
JS : Oui.
GG : Y avait-il un drap sur elle ? Un drap gris et blanc ?
JS : Non, je n’ai pas trouvé de drap.
GG : Qui avait éteint une bougie qui brûlait ?
JS : Ce n’est pas moi. Je ne sais pas.
GG : L’Allemand a-t-il fermé le robinet ?
JS : Je ne sais pas.
GG : Deux policiers en uniforme sont ensuite arrivés sur les lieux ?
JS : Peut-être.
GG : Monsieur Pitot et d’autres membres de la famille sont aussi entrés dans la maison ? Ils ont marché partout ?
JS : Oui.
GG : La mère de Vanessa Lagesse vivait dans la maison à l’avant de la cour ?
JS : Oui.
GG : Vanessa Lagesse vivait dans la maison à l’arrière ?
JS : Oui.
GG : En arrivant sur les lieux, vous aviez rencontré le gardien ?
GG : Oui, il était là-bas.
GG : Avait-il pénétré dans la maison ?
JS : Pas en ma présence.
GG : Quelle autre personne était ensuite venue ?
JS : Une femme qui était déjà venue auparavant. Je ne connais pas son nom.
Le juge Aujayeb a ensuite posé deux des questions qui lui ont été transmises par les jurés, les autres ayant été rejetées.
Juge : La voiture était-elle au même endroit où elle était le matin ?
JS : Oui.
Juge : Dans quel état était Vanessa Lagesse dans la baignoire ?
JS : Je n’ai pas remarqué.
Des policiers qui avaient ensuite été déployés comme sentinelles après la découverte du corps ont été appelés à la barre des témoins. Ils ont confirmé qu’ils s’étaient relayés à tour de rôle et qu’il n’y avait pas eu de « Unauthorised Entry ».
L’affaire a repris ce vendredi.

