Trafic humain : les dessous du retrait de l’ASP Rajesh Moorghen de l’enquête

  • Une interférence dans une autre affaire aurait-elle précipité le départ de l’ASP ?

L’enquête sur une affaire sensible de trafic humain connaît un nouveau rebondissement. Depuis la semaine dernière, l’ASP Rajesh Moorghen, jusqu’alors responsable du dossier, s’est retiré, et l’enquête a été transférée au Central CID. Ce retrait soudain, loin d’être anodin, suscite de nombreuses interrogations. Selon nos informations, une interférence dans une tout autre affaire serait à l’origine de cette décision.

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Tout débute le mercredi 7 mai lorsqu’une quadragénaire porte plainte contre son époux, un pompier affecté au poste de police de Plaine Verte. Elle affirme être victime de violences conjugales répétées. Ce soir-là, alors qu’elle effectuait un live sur TikTok avec sa fille pour vendre des vêtements, son conjoint aurait fait irruption à leur domicile. Refusant que le live continue, il aurait coupé les lumières, brisé les tubes de néon un à un, puis étranglé sa compagne, avant de la frapper à l’aide d’une barre en fer.

Une arrestation contestée
La fille de la victime, témoin direct de la scène, affirme que de la drogue serait également cachée sous le domicile familial. Une vidéo compromettante aurait même été transmise à des hauts gradés de la police à Abercrombie comme preuve.
Le suspect reste introuvable pendant plusieurs jours jusqu’à ce qu’il se rende au poste de Plaine Verte le 13 mai, accompagné de son avocat. À l’issue de son interrogatoire, l’ASP Rajesh Moorghen décide de le placer en détention provisoire en attendant sa comparution en Cour, le lendemain. Mais à peine deux heures plus tard, un Surintendant de Police, mandaté par un supérieur, débarque à la surprise générale. Sans être lié à l’enquête, il ordonne la libération immédiate du suspect, qui sera discrètement conduit en Cour pour être relâché sous condition, dans l’attente du paiement de sa caution.

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Des pressions auraient été exercées, notamment à travers le nom d’un député mentionné pour tenter de faire infléchir la décision de l’ASP Moorghen. Ce dernier a tenu bon, refusant toute ingérence, mais il a été dessaisi du dossier peu après.

Une plainte auprès de la FCC
Un signalement aurait été transmis au Commissaire de Police afin d’expliquer le retrait de l’ASP, qui aurait refusé de céder à une interférence inappropriée dans cette affaire. Une plainte a également été adressée à la Financial Crimes Commission (FCC), cette semaine.

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Ce développement affecte aussi l’enquête initiale sur le trafic humain, impliquant Al Madani Hossenally, actuellement incarcéré à la prison de Beau-Bassin. L’une des victimes présumées a adressé une lettre poignante au Commissaire de Police, au ministère de l’Égalité des Genres ainsi qu’au Premier ministre. Se disant épuisée et traumatisée, elle dénonce le retrait de l’ASP Moorghen, à qui elle avait confié son témoignage.

« Maintenant qu’il n’est plus en charge de l’enquête, je dois tout recommencer, tout raconter à un autre policier. Cela me fait revivre ce cauchemar. Pourquoi ? Est-ce que mon cas ne compte plus ? », écrit-elle. En se rendant récemment au poste de police d’Abercrombie, elle aurait reçu pour seule réponse : « Cette enquête est très complexe. Elle prendra du temps. »

Face au silence des autorités, elle lance un cri de détresse : « Si je n’ai aucune nouvelle la semaine prochaine, si personne ne me contacte au sujet de mon enfant, je n’aurai pas d’autre choix que d’entamer une grève de la faim. Je suis fatiguée d’attendre dans ce silence. »

Et de conclure : « S’il vous plaît. Aidez-moi. Ne laissez pas ce système faire taire une mère. »

L’enquête sur le trafic humain a officiellement été confiée au Central CID. Reste à savoir si cette nouvelle équipe saura redonner confiance aux victimes et faire toute la lumière sur les ramifications de cette affaire, qui semble désormais entachée d’ingérences et de tensions internes.

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