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Fête du Printemps : Dans la quiétude des pagodes

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Fête du Printemps : Dans la quiétude des pagodes

La Fête du Printemps est de loin la fête la plus importante pour la communauté sino-mauricienne. Des semaines avant le grand jour, les pagodes de l’île se préparent pour accueillir les dévots qui viennent en grand nombre pour effectuer les services de remerciements. Afin de mieux comprendre les coutumes et traditions et pour voir les préparatifs nous nous sommes rendus dans quelques uns de ces lieux sacrés à Port-Louis.

Aux Salines, la pagode Kwan Tee, qui date de 1842, est le plus ancien lieu de prières de communauté sino-mauricienne. A l’exception des vrombissements de quelques véhicules perceptibles de temps à autre de la rue, l’endroit revêt une ambiance particulière et respire la quiétude. Difficile d’imaginer que dans quelques jours à peine, cet espace fourmillera de monde. En effet,  la pagode accueille chaque année la cérémonie officielle de la Fête du Printemps, en hommage aux ancêtres. Wilson Chan, gardien de la  pagode depuis 2005, a d’ailleurs énormément à faire : “Nous nous préparons au mieux  pour ces célébrations.” C’est le grand nettoyage et des travaux de peintures sont en cours. “Hier nous venons de repeindre la pièce principale et l’autel où se trouve la statuette du dieu Guan Di ”, explique ce dernier. Cette pagode est, pour rappel, consacrée au culte de Guan Di, un seigneur guerrier qui a vécu au premier siècle et qui a été élevé au rang de divinité. “Tout doit être impeccable pour accueillir la nouvelle année, c’est un renouveau.”

Remercier les divinités

Wilson fait ressortir que depuis un mois, les Mauriciens ont déjà commencé à venir sur place pour faire leurs services de remerciements. “On vient remercier Guan Di et les autres divinités pour l’année écoulée et lui demander sa protection pour celle qui débute”. Les week-ends et les jours fériés, la pagode est bondée de familles. Parents, enfants et grands-parents viennent honorer les dieux. Ils apportent des offrandes : coqs, porc et poisson. “Ce sont les trois essentiels”, explique notre interlocuteur. “Pour que ce soit complet, on offre aussi du thé, du vin ou du whisky et aussi des fruits. Pour les fruits, il faut toujours que ce soit  un nombre impair, trois ou cinq”.

De l’autre côté, au coeur de la Capitale China Town bouillonne de vie en cette période de l’année. Les divers commerces marchent bien et la vente des gâteaux traditionnels (la cire, cravate, zinzli, etc.) a déjà débuté. Nous prenons la direction de l’immeuble Ollier Plaza à la Rue Remy Ollier à la découverte d’une pagode à ciel ouvert. Appartenant à la société Fock Diack, la pagode du même nom est la seule de Maurice et de l’hémisphère sud à être perché en hauteur. Au dixième étage et une fois les portes ouvertes, le panorama sur Port-Louis est à couper le souffle. À la base, la pagode était au rez-de-chaussée. Mais les coûts de l’entretien étant trop onéreux, les propriétaires ont de la délocaliser.

Comme à Les Salines, c’est aussi le grand nettoyage. Philippe Fok Kan, président de l’association Nam Shun Fooy Koon et secrétaire de la Société Fock Diack explique que les dévots viennent, mais pas en aussi grand nombre pour plusieurs raisons. “La population chinoise diminue chaque année à cause de l’émigration et autres raisons. Ce qui influe sur la fréquentation dans les pagodes dont celle de Fock Fiak.”.

Réveillon festif

Par contre, la pagode Nam Shun Fooy Koon à Champ de Mars, est hautement fréquentée par les dévots d’à travers l’île. “Il y avait aussi beaucoup de touristes auparavant”, révèle Gérard Chan Kam, le gardien. Cette pagode, qui a fêté en 2020 ses 125 ans, abrite de nombreuses antiquités de grandes valeurs, comme des encadrements en bois sculptés et une très ancienne cloche. Pour nous accueillir, le gérant fait sonner la cloche trois fois. “Tout le monde peut l’a faire sonner. C’est pour signaler à Guan Di que l’on vient lui rendre hommage. Cependant, lors du réveillon de nouvel an, ce sera difficile de respecter la tradition vu le nombre de fidèles qui convergeront ici”.

En effet, le 11 février les pagodes restent ouvertes. Que ce soit à Les Salines, au Champs de Mars, a China Town et toutes les autres de l’île. Les dévots défileront dans ces lieux de culte après le diner festif et copieux connu comme ‘tuan yuan fan’. “C’est l’occasion pour toute la famille de se retrouver chez un des aînés”, raconte Wilson Chan. Les plats consommés sont rares, composés entre autres d’ailerons de requins, de concombres de mer, des œufs de 100 ans. “D’autant plus que le premier jour de l’an, la tradition veut que nous restions végétariens, mais c’est une coutume qui commence à se perdre”, confie ce dernier.

Une fois le diner terminé, les pagodes se remplissent. “De l’encens et des bougies sont allumés et on prie les esprits pour leur demander protection et bonne fortune tout au long de l’année. La fumée des offrandes en papier monte vers le ciel transportant les vœux et prières”. Pendant ces 15 jours de festivités jusqu’à la fête des lanternes, les dévots continuent à affluer dans les pagodes en grand nombre. Les pétarades, le partage de gâteaux traditionnels ou encore les danses des loups chinois font aussi partie des traditions marquant le nouvel an.  “Une manière de communiquer le bonheur”, confie Gérard.