Fort William : La menace des 65 tonnes d’huile du « Ruey Chien Tsai 112 »

Un an après le Wakashio, le spectre d’un deuxième déversement d’huile dans nos lagons plane toujours. Durant la semaine, soit mardi soir, l’alerte est lancée pour le bateau de pêche taïwanais Ruey Chien Tsai 112 du côté de Fort William en proie aux flammes. Si la situation a été maîtrisée et qu’il n’y a plus de feu, il n’en reste pas moins que les dégâts sont bien réels. Les habitants de la région côtière de Bain-des-Dames, impuissants face à ce drame, se disent inquiets, car à l’heure où nous mettions sous presse, les 65 tonnes d’huile n’avaient pas encore été pompées par les deux entreprises désignées, soit Taylor Smith Ltd et Eco Fuel Ltd.

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« Le bateau est complètement brûlé », affirmait dit Judex Rampaul, habitant de la région, hier. Pour le représentant du syndicat des pêcheurs, c’est un fait : l’huile s’est déversée dans la mer et les dégâts sont bien là. « Ce qui se passe, c’est que contrairement à ce qui s’est passé à Mahébourg avec le Wakashio, nous avons des vents contraires, donc, rien ne rentre dans le lagon et vers les cotes, et tout repart en haute mer. Nous ne ressentons donc pas les effets de cette pollution de plein fouet comme ce fut le cas dans le Sud. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu déversement d’huile », explique-t-il. Photos et vidéos à l’appui, il soutient que les pêcheurs de la région ont pu détecter des nappes d’huile sur l’eau. « Avec le mauvais temps de ces derniers jours, l’on ne sait pas si les 65 tonnes d’huile ont été pompées. En tout cas, nous on sait que la cale où l’huile est stockée est complètement calcinée. »

« On est un peu coincés », regrette-t-il. Du côté des autorités, l’on se veut rassurants. « Depuis que le ministère de l’Environnement a été informé de l’incendie à bord du (FV) Ruey Chien Tsai 112, mardi vers 18h30, le bateau a été amarré vers un endroit moins dangereux dans le port, selon les indications du Ports Master », est indiqué dans le communiqué officiel émis vendredi. Ainsi, l’on apprend, que le Port Louis Harbour Oil Spill Response Plan a été immédiatement activé, et que la Mauritius Ports Authority et la National Coast Guard ont installé des bouées autour du bateau pour éviter une éventuelle fuite d’huile.

Hydrocarbures détectés

Par ailleurs, les autorités signalent qu’un daily monitoring de la qualité de l’air et de l’eau est effectué par le National Environment Laboratory du ministère de l’Environnement et de l’Économie bleue. Hormis la présence d’une odeur de plastique brûlé aux alentours de l’incident, aucun « volatile organic compounds » n’a été détecté. Pour ce qui est de la qualité de l’eau, les prélèvements d’algues ont révélé une absence d’hydrocarbones autour du bateau, alors qu’à l’intérieur de la zone délimitée par les bouées, de l’hydrocarbure a effectivement été détecté.

Pour rappel, jeudi, soit deux jours après l’incendie et malgré le fait que le chalutier avait été stabilisé en mer à Fort William, les pompiers n’avaient toujours pas pu monter à bord à cause de la fumée. « Nous n’avons pas encore déterminé avec certitude quel combustible alimente toujours cet incendie après plus de 24 heures. Ce type de bateau est généralement construit en fibre de verre et sa peinture est à base d’huile. Ces matériaux sont considérés comme inflammables », a déclaré un haut gradé du Mauritius Fire and Rescue Service (MFRS). Par ailleurs, les pompiers n’auraient pas pris le risque « d’arroser le bateau avec l’eau de mer, car il pourrait couler et voir son carburant se déverser en mer. Nous utilisons plutôt des fireball extinguishers, technique de lutte contre les incendies qui prend plus de temps pour venir à bout des flammes ».  Ce sont les MPA Port Emergency Services avec l’aide du Tug Dombeya qui se sont occupés de cette opération.

Par ailleurs, selon la MPA, l’on joue avant tout la carte de la prudence et l’on veut éviter que le feu ne reprenne à cause de la fibre de verre et de la peinture sur le bateau, même si à l’heure où nous mettions sous presse, le feu semblait avoir été circonscrit. D’ailleurs, selon les analyses des autorités à bord du chalutier, la température ne dépassait pas les 25°C jeudi et donc pas de risque que le feu reprenne. Face à un exercice de pompage qui s’avère très technique et au vu d’un manque d’informations quant à la solidité du bateau après l’incendie, les autorités concernées attendent pour décider de la marche à suivre pour le pompage des 65 tonnes d’huile.

C’est Taylor Smith Ltd avec Eco Fuel Ltd qui se chargent de pomper et de se débarrasser de l’huile à bord. Au terme du “environmental monitoring” de Taylor Smith Ltd, une décision sera prise demain pour voir si la carcasse du chalutier pourra être ramenée sur la terre ferme, dans la cale sèche de la compagnie. En attendant, une enquête est menée par la Scene of Crime Office de la police pour déterminer les circonstances de cet incendie.

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