France: décision lundi pour Nicolas Sarkozy dans l’affaire des « écoutes »

Une relaxe ou une condamnation inédite: le tribunal de Paris se prononce lundi dans l’affaire dite des « écoutes » sur le sort de l’ancien président Nicolas Sarkozy, contre lequel le parquet a requis de la prison ferme pour corruption et trafic d’influence.

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Quatre ans d’emprisonnement, dont deux avec sursis, ont été demandés pour l’ex-chef de l’Etat (2007-2012) ainsi que pour ses deux coprévenus, son avocat historique Thierry Herzog et l’ex-haut magistrat Gilbert Azibert.

Offensif lors du procès qui s’est achevé le 10 décembre, Nicolas Sarkozy, 66 ans, a dit vouloir être « lavé de cette infamie », assurant avoir « encore confiance en la justice de notre pays ».

Avant lui, seul un ancien président, Jacques Chirac, a été jugé et condamné, dans l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris en 2011, mais sans avoir comparu à l’audience pour des raisons de santé..

Quelle que soit la décision, elle sera scrutée de toutes parts et déterminante pour Nicolas Sarkozy, sous forte pression judiciaire depuis sa retraite politique en 2016 et encore populaire à droite.

Les trois semaines électriques du procès des « écoutes » ont été le théâtre d’une polarisation entre deux visions opposées de ce dossier, né en 2014 d’interceptions téléphoniques entre l’ancien locataire de l’Elysée et son avocat.

– « Pacte de corruption » –

Au terme d’un lourd réquisitoire, le parquet national financier a estimé qu’un « pacte de corruption » avait bien été conclu entre les trois prévenus.

Pour le ministère public, Gilbert Azibert a transmis, via Thierry Herzog, des informations couvertes par le secret et tenté d’influer sur un pourvoi en cassation formé par Nicolas Sarkozy. En échange, ce dernier a accepté d’appuyer la candidature du magistrat pour un poste à Monaco.

L’ancien locataire de l’Elysée voulait alors faire annuler la saisie de ses agendas présidentiels après avoir obtenu un non-lieu dans l’affaire Bettencourt. Gilbert Azibert, avocat général dans une chambre civile, n’intervenait pas directement dans ce dossier mais il aurait joué de ses relations.

Aux fondements de l’accusation: des conversations interceptées par la justice entre l’ancien président et son avocat sur une ligne officieuse – deux téléphones prépayés achetés sous le nom de « Paul Bismuth ».

« Il a bossé hein ! » lance notamment Me Herzog. « Moi, je le fais monter », affirme un autre jour Nicolas Sarkozy.

Dans cette affaire aux « effets dévastateurs », qui « vient cogner les valeurs de la République », le parquet a aussi demandé cinq ans d’interdiction professionnelle pour Me Herzog.

– « Désert de preuves » –

Tout cela n’est que « fantasmes », « hypothèses » et « procès d’intention » pour les avocats des trois prévenus, qui ont vivement plaidé la relaxe face à un « désert de preuves ». Les conversations retranscrites n’étaient que des « bavardages entre amis » et ne prouvent aucune corruption, ont-ils argué.

Les avocats ont fait valoir qu’au final, Nicolas Sarkozy n’a pas eu gain de cause devant la Cour de cassation et que Gilbert Azibert n’a jamais eu de poste à Monaco. Selon la loi, il n’est cependant pas nécessaire que la contrepartie ait été obtenue, ni que l’influence soit réelle, pour caractériser les délits de corruption et de trafic d’influence.

Tout au long du procès, la défense a pilonné un dossier « poubelle », réclamant l’annulation de toute la procédure, basée selon elle sur des écoutes « illégales » car violant le secret des échanges entre un avocat et son client.

Nicolas Sarkozy sera à nouveau au tribunal de Paris dès le 17 mars pour l’affaire Bygmalion, soupçonné de « financement illégal » de sa campagne électorale de 2012.

L’ancien président est aussi visé par une enquête pour un possible « trafic d’influence » dans ses lucratives activités de conseil en Russie.

Mais la principale affaire contre laquelle se débat l’ancien chef de l’Etat reste celle sur les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle 2007, dans laquelle le parquet financier porte l’accusation sur des soupçons de « pacte de corruption » avec la dictature de Mouammar Kadhafi.

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