Fuites d’eau sur le réseau de distribution – Des pertes importantes qui s’accentuent

Une eau boueuse coule des robinets à Vallée Pitot

Le pays est confronté à une période de sécheresse inédite depuis neuf ans. Un coup dur pour quelques milliers de familles qui sont privées d’eau et qui ne sont pas au bout de leurs peines après avoir subi de plein fouet les contrariétés liées à la Covid-19. Au-delà des conséquences de la quasi-absence de pluie ayant occasionné une baisse du niveau des réservoirs, les abonnés de la CWA paient également l’ampleur de l’impact des nombreuses fuites d’eau sur le réseau de distribution.

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Très inquiétant. Le terme n’est pas trop fort pour qualifier la situation en ce qui concerne les ressources en eau. Certes, le taux de remplissage du réservoir de Mare-aux-Vacoas, actuellement à 57, 1%, est nettement supérieur aux 28% de 2011 à la même période, mais les prévisions de la station météorologique, qui maintient que les grosses pluies n’arriveront qu’au mois de janvier 2021, n’augure rien de bon. Le Midlands Dam, qui affiche à ce stade un niveau de 37,2%, pourrait dans cette perspective atteindre les 28% avant la fin de l’année. La hausse des températures, qui débouche inéluctablement vers un accroissement de la consommation d’eau, n’est pas pour arranger les choses.

Outre la faible pluviométrie, les sempiternelles fuites d’eau sur le réseau de distribution, provoquées par la vétusté ou la perforation des tuyaux, sont également grandement responsables des coupures d’eau répétées à travers l’île. « Entre 50 à 52% d’eau se perdent dans la nature à travers le pays », a indiqué le ministre des Utilités publiques, Joe Lesjongard, lors de sa dernière conférence de presse. Des pertes colossales qui s’accentuent d’année en année, si l’on en croit certains General Workers de la CWA.

« Les techniques et méthodes de recherche et détection des fuites n’ont pas fait l’objet de développements notables ces dernières années, malgré l’énorme investissement financier consenti par la CWA. Ces fuites demeurent bien souvent invisibles en surface, d’où l’urgence de remédier à la situation au plus vite pour ne pas se retrouver comme l’Afrique du Sud, qui a été contrainte il y a deux ans de décréter l’état de catastrophe naturelle dans tout le pays en raison d’une sécheresse historique », nous ont confié nos interlocuteurs.

La hotline de la CWA  pointée du doigt

Serait-ce parce que la sécheresse est en train de prendre des proportions démesurées ? Toujours est-il que le nombre d’images et de vidéos de fuites d’eau relayées par des internautes se multiplie sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Dans certains quartiers où l’eau est une denrée rare, on pourrait croire que ce sont de grosses averses qui sont à l’origine des flaques d’eau qui se sont formées sur les routes. Or, c’est bel et bien l’eau émanant des tuyaux perforés qui s’écoule, comme à la route Geoffroy à Bambou. « Ce sont des milliers de mètres cubes d’eau qui se perdent quotidiennement depuis trois jours faute de réactivité de la part de la hotline de la CWA », soutient un habitant de ce quartier. La situation est identique à Baxoo Lane, à Diolle, Vacoas, où « un tuyau cassé a laissé s’échapper l’eau pendant deux jours avant que la CWA ne daigne venir le réparer », indique un habitant de la ruelle. Week-End a observé les mêmes scènes à Rose-Hill et à la rue Poudrière à Port-Louis.

Pire, ce phénomène est susceptible de nuire à la santé des consommateurs lorsque l’eau traitée pour la consommation et les eaux usées des tuyaux perforés, proches les uns des autres sous terre, se mélangent. Ce scénario s’est produit la semaine dernière à Vallée Pitot, où les habitants ont été surpris de découvrir une eau marron sortir de leurs robinets. Le député de l’opposition et ingénieur civil Osman Mahomed s’est alors rendu dans le quartier pour faire un constat de la situation.

« Les craintes des habitants se sont avérées. Un tuyau d’eau potable et un autre dédié aux eaux usées qui se trouvent l’un à côté de l’autre ont été perforés. Du coup, les eaux des deux types de tuyaux se sont mélangées et ont coulé dans les robinets des maisons. » La CWA avait d’ailleurs émis un communiqué le vendredi 4 décembre pour informer ses abonnés de Vallée Pitot, Plaine Verte et Camp Yoloff que « pour cause de réparations, la fourniture d’eau sera irrégulière le dimanche 6 décembre et le lundi 7 décembre. »

Des mesures fortes pour décourager le gaspillage

Les deux semaines écoulées ont été particulièrement agitées au deuxième étage de la Sicom Tower, à Ébène, qui abrite les bureaux du ministère des Utilités publiques. Les réunions avec les cadres de la CWA se sont multipliées pour décider de la marche à suivre pour faire face à la crise et la colère grandissante des abonnés privés d’eau aux quatre coins de l’île. Brossant un tableau sombre de la situation de l’eau dans les réservoirs et nappes phréatiques, le lundi 30 novembre, le ministre de tutelle, Joe Lesjongard, avait annoncé la promulgation des CWA (Dry Season) Regulations 2020, en vigueur depuis le 1er décembre. Quiconque utilise l’eau fournie par un tuyau d’arrosage, un gicleur ou tout autre appareil similaire pour arroser la haie, un jardin et pelouse ou laver un véhicule, un trottoir, un bâtiment à l’aide des dits appareils devra payer une amende n’excédant pas Rs 200 000. Une limite est aussi imposée sur l’heure d’irrigation. Les opérateurs concernés par le lavage de véhicules obtiendront une assistance financière du gouvernement. Les compagnies sucrières détenant les water rights doivent respecter les heures établies pour l’irrigation, soit de 6h le matin à midi les lundis, mercredis et vendredis.

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