Gérard Louis, nouveau président de la MASA : «Je suis la bonne personne à la bonne place»

Gérard Louis, producteur et musicien qui est à l’origine de Cassiya, groupe dont le succès a transcendé les frontières un nouveau cap. Elevé au rang d’OSK en mars dernier, pour sa contribution dans le domaine de la musique, il occupe désormais le siège de la présidence du conseil d’administration de la Mauritius Authors Society (MASA). Cette responsabilité n’est pas un privilège ni une récompense faite à un “ti copain”, qu’il n’est pas, laisse-t-il entendre, mais une reconnaissance de ses compétences. Cela fait 35 ans qu’il est membre de la société, rappelle son nouveau directeur.

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Après une décoration de la République, le 12 mars dernier, vous êtes nommé à la présidence du conseil de la MASA par le Cabinet, peut-on dire que vous soyez dans les bons papiers du gouvernement? 

— S’il y a une chose que très peu de personnes savent, c’est que depuis 2005, le Prime Minister’s Office m’appelait régulièrement pour me demander si j’accepterais l’honneur d’une décoration. En 15 ans, j’ai systématiquement décliné l’offre. Il en a été de même pour le poste de président de la MASA. Si j’ai refusé cette fonction autrefois c’est parce que je m’absentais souvent de Maurice et je ne pouvais pas accepter cette responsabilité sans pouvoir m’y consacrer à plein temps. Je dis toujours que chaque chose en son temps et que Dieu a un plan pour tout. Je dirais tout simplement que les choses se sont mises en place en 2020. Depuis 2003, qu’importe l’alliance ou le parti au pouvoir, les gouvernements successifs ont toujours fait appel à ma participation dans des événements nationaux, comme pour le 50e anniversaire de l’Indépendance de Maurice, les Jeux des îles l’année dernière, entre autres. Cela veut dire que le Conseil des ministres croit dans mes compétences. Et je remercie le ministre qui a placé sa confiance en moi. Mais, d’autre part, cela fait 35 ans que je suis membre de la MASA. Je connais bien la société. Je pense que je suis la bonne personne à la bonne place,

Mais en tant que président de la MASA, consentirez-vous à continuer de plaider pour la reconnaissance de l’industrie musicale, comme vous l’avez fait activement à la fin de 2019?

— J’ai les mêmes convictions sur ce sujet: nou bizin gagn nou lindistri mizikal. Il y a une semaine, le ministre des Arts et du Patrimoine culturel, Avinash Teeluck, avait rencontré les artistes et nous avons pu constater qu’il y a un avancement dans la reconnaissance du statut de l’artiste. Ce qui est bien, car nous ne pouvons plus continuer à essuyer des refus des banques quand nous les approchons pour contracter un emprunt. L’artiste n’est pas éligible parce qu’il n’a pas de statut de salaire décent.

Avant votre nomination, vous aviez été membre exécutif du conseil d’administration de la MASA. Quelle a été votre contribution au sein de la société? 

— Il y a encore quelque temps, les artistes disaient qu’ils ne savaient pas qui faisait quoi à la MASA. En clair, ils ne connaissaient pas le personnel de la société et ne savaient pas vers qui se tourner quand ils avaient des griefs spécifiques à traiter. Depuis, nous avons pu situer et clarifier la responsabilité de chaque membre du personnel. L’on ne se rend peut-être pas compte, mais une meilleure compréhension de l’organigramme de la MASA était importante pour une communication plus efficace entre les artistes et la société. En l’absence d’un directeur, il n’est pas toujours évident de faire valider et ensuite concrétiser des décisions que prend le conseil. Beaucoup de dossiers restent bloqués dues aussi à certaines lacunes. Toutefois, nous avons pu trouver des voies pour améliorer les services de la MASA et prendre des décisions administratives qui facilitent ces mêmes services. Plus récemment, face à la situation précaire causée par le confinement, nous avons pu faire en sorte de soutenir nos membres avec une aide financière de Rs 5000.

Vous parlez de “lacunes”. Pouvez-vous en dire plus?

— Elle se trouvent dans des questions que se posent des artistes. Par exemple, pourquoi les dossiers prennent du temps à être traités. Mais il y avait une tension entre artistes et le personnel qu’il fallait absolument dissiper.

Comment faire appliquer des décisions en l’absence d’un directeur? Cette question est une des problématiques de l’administration de la société depuis des années maintenant!

— Je pense qu’en matière de décision, celle à prendre actuellement concerne l’affaire Gérard Louise. Il n’est un secret pour personne que ce dernier et l’homme de loi de la MASA étaient en négociation. Il est temps de comprendre que pour avancer et concrétiser des décisions… la MASA a besoin d’un directeur.

Quelles sont les priorités inscrites à votre agenda?

— J’en ai plusieurs en préparation. Après le départ de mon prédécesseur, Michael Veeraragoo, il me faudra assurer la continuité d’un travail qu’il avait commencé. En tant qu’artiste, je dois trouver une solution pour que nos membres et le personnel puissent travailler main dans la main, faire en sorte de dissiper cette tension palpable entre les deux parties pour une meilleure entente et le bon déroulement de la société. Il nous faut trouver un moyen pour raccourcir le délai d’attente pour les autorisations. Mais, cela se fera une fois que chacun aura compris qui fait quoi à la MASA et que le système de renseignements sera renforcé. Une autre priorité sera de mettre en place une stratégie pour améliorer les services offerts aux artistes. D’autre part, je crois que la MASA doit créer un code de conduite avec la collaboration des institutions et qu’il faut pour combattre le piratage en ligne. Cela va prendre un peu de temps et demande des consultations légales. Je n’oublie pas les artistes rodriguais, lesquels ont les mêmes revendications que leurs confrères mauriciens.

Quelle est l’ampleur du piratage en ligne?

La même, sinon plus, que le piratage des CD il y a quelques années. D’ailleurs, il y a encore quelques magasins qui vendent encore des CD piratés! Il faut relancer l’Anti Piracy Unit. Nous avons aussi besoin du soutien du ministère des Arts et du Patrimoine culturel dans ce sens.

Maintenant que vous êtes président du conseil d’administration de la Société, allez-vous dire haut et fort vos positions, en faveur de l’autonomie de la MASA? 

— J’étais pour l’autonomie de la MASA, mais dans le contexte actuel, où je trouve qu’il y a un cafouillage entre les artistes eux-mêmes, je me demande comment aurait fonctionné la MASA si elle était autonome. Nous, les artistes, nous nous tiraillons. Il n’y a jamais consensus ni d’unanimité dans nos débats. Il nous faudra encore et beaucoup de rencontres avec la communauté des artistes avant que nous arrivions à être sur la même longueur d’onde quand il s’agit de notre intérêt. Avant de penser à l’autonomie de la MASA, les artistes doivent d’abord comprendre son fonctionnement. Nou bizin enn disiplinn. Cependant, même si la société acquiert son autonomie, je crois que le ministère des Arts et du Patrimoine culturel doit avoir un droit de regard sur elle. Mais, c’est au conseil d’administration de décider des rules and regulations.

Quelle est la situation financière de la MASA?

— La société connaît une rentrée financière difficile, déjà que le piratage nous affectait, la Covid-19 est venue empirer les choses. Aussi, les radios doivent s’assurer que les oeuvres qu’elles diffusent ont été déclarées. Malheureusement, des auteurs, dans l’empressement, ont tendance à présenter une nouvelle oeuvre comme teaser sur les ondes. Une fois celle-ci diffusée, c’est parti pour d’autres diffusions. Et ces artistes s’étonnent qu’ils n’aient pas droit à une redevance.

La communauté des artistes ne comprend pas que des musiciens et des chanteurs. Qu’en est-il des peintres, des écrivains, etc. membres de la MASA? On parle très peu de cette catégorie d’artistes. Votre avis.

— En effet! Je souhaite qu’il y ait plus d’interaction avec les peintres, les photographes… Je veux comprendre pourquoi nous n’avons pas plus d’interaction dynamique avec eux. Je suis un amateur d’art, de tableaux… Je comprends l’importance et la valeur de ces oeuvres artistiques. Je me dois de valoriser tous les artistes.

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