Gessika Frivet (secrétaire de l’Association des travailleurs du transport d’autobus) : « L’avenir dans le secteur est sombre »

Après avoir travaillé pendant 12 ans comme receveuse d’autobus, Gessika Frivet occupe actuellement le poste de Duty Starter chez l’United Bus Service (UBS). Dans l’interview qui suit, la secrétaire de l’Association des travailleurs du transport d’autobus (ATTA) trouve que l’avenir dans ce secteur est sombre avec l’avènement du métro et les retombées négatives de la COVID-19.
Elle évoque également de nombreux problèmes auxquels font face les travailleurs de cette industrie. Elle invite le gouvernement à accorder une attention particulière aux compagnies d’autobus dont la situation financière est morose et exprime le souhait que Metro Express fasse confiance une nouvelle fois aux compagnies d’autobus pour le “feeder service”. Elle profite de l’occasion pour attirer l’attention des autorités sur le problème de la drogue chez les jeunes, qui, dit-elle, serait pire que la COVID-19. La secrétaire de l’ATTA dit constater que la distanciation sociale n’existe plus dans les autobus et que le nombre d’agressions à l’égard des receveurs et chauffeurs est en baisse en raison de l’interdiction d’utiliser les plages publiques. Elle souligne qu’en tant que femme, il n’est pas facile de travailler dans l’industrie du transport en commun. Parfois, dit-elle, une receveuse d’autobus doit sourire même si elle est maltraitée par un passager.

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Quel est le sentiment qui prévaut chez les travailleurs du transport en cette période de l’année ?
C’est avec frayeur que les travailleurs du transport sont en train de travailler en raison des répercussions négatives du métro sur le chiffre d’affaires des compagnies d’autobus. Je me demande quel sera l’état d’esprit des travailleurs du transport lorsque le métro ralliera Port-Louis à Curepipe. Je ne sais pas si cette même crainte prévaut chez les travailleurs de la Corporation nationale de transport (CNT). Pour les compagnies privées d’autobus, la situation est devenue amère. On est en train de percevoir la moitié de ce qu’on touche normalement à la fin du mois comme rémunération. Certaines compagnies sont contraintes de supprimer les congés et les heures supplémentaires car les recettes ont diminué considérablement. En sus de cela, le nombre de passagers sur nos routes a diminué vu que durant et après la période de confinement national, plusieurs d’entre elles ont préféré faire usage de leurs propres moyens de transport. D’autres compagnies ont opté pour le travail à domicile. L’exemple le plus le palpable est la cybercité d’Ébène, où moins d’employés y font le déplacement car ils travaillent à domicile pour les compagnies opérant dans le domaine de l’externalisation. Tout cela a un impact direct sur les revenus des travailleurs du transport. On peut comprendre la position des compagnies d’autobus lorsqu’elles viennent dire qu’elles sont incapables d’offrir aux travailleurs du transport des rémunérations adéquates.
Nous avons eu, à cet égard, une rencontre avec la direction d’une compagnie d’autobus. Ils nous ont montré, avec preuves à l’appui, que les recettes de la compagnie sont passées de Rs 1 million à Rs 300 000. Ils nous ont fait savoir que la situation est telle que parfois les autobus roulent tout simplement pour amortir les frais du carburant. Dans ce contexte, nous n’avons pas d’autre choix que de continuer à travailler.

Est-ce que l’association a cherché une rencontre avec le ministre du Transport, Alan Ganoo, pour évoquer ces difficultés ?
Que peut faire le ministre du Transport ? J’ai comme impression que du moment qu’il sait que nou pe gagn nou bouse manze li pa kas latet. C’est pourquoi dès le départ, les syndicats du transport se sont battus pour faire signer un accord avec l’Etat pour garantir l’emploi dans ce secteur avec l’arrivée du métro. Mais malheureusement, cette demande est restée lettre morte. La situation est déjà difficile. Maintenant, on va ajouter deux autres problèmes sur la tête des travailleurs : l’extension de la ligne du métro de Rose-Hill à Curepipe et un bruit qui court selon lequel Metro Express songe à avoir recours à ses propres feeder buses. Le deuxième projet n’est pas encore confirmé, mais je dois dire que si tel est le cas à l’avenir, c’est la mort lente des compagnies d’autobus qui desserviront le corridor Port-Louis-Curepipe. Nous avons d’ailleurs adressé au ministre du Transport, Alan Ganoo, à ce sujet afin d’avoir des éclaircissements sur une telle éventualité mais nous n’avons pas obtenu de réponse jusqu’ici. Le ministre ne nous a pas répondu. On n’a même pas accusé réception de notre lettre. Nous avons appris par nous-mêmes que le projet de Metro Express d’avoir sa propre flotte pour assurer le “feeder service” n’est pas d’actualité pour le moment. Face à cette éventualité, je ne crois pas que les travailleurs de la CNT aient à s’inquiéter car elle obtient son financement du gouvernement.
Il faut savoir aussi que pour le mois d’avril, nous n’avons pas eu droit au Wage Assistance Scheme. C’est la raison pour laquelle les compagnies d’autobus éprouvent des difficultés pour accorder des heures supplémentaires aux travailleurs. Nous avions l’intention d’évoquer la question avec le ministre s’il nous avait accordé une rencontre. Mais il n’en a rien été. Je pense aussi que si Metro Express va de l’avant avec son projet de “feeder service”, soit avec son propre moyen de transport, les compagnies d’autobus ne vont plus avoir recours aux Casual Workers ou vont couper encore les heures supplémentaires. À ce jour, nous avons droit à seulement deux heures de travail supplémentaires et deux jours de congé pour une semaine de six jours de travail. En sus de cela, on ne perçoit plus le double de nos salaires les dimanches et jours fériés. Il faut savoir que beaucoup de travailleurs du transport ont contracté des emprunts. J’en fais partie. Il faut savoir que les travailleurs du transport ne sont pas bien rémunérés. Je donne des exemples. Le “top salary” d’un chauffeur ou d’un receveur, après 20 à 25 ans de carrière, est de Rs 17 000. Moi, de mon côté, je suis en train de rembourser des emprunts à hauteur de Rs 12 000 par mois alors que mon salaire de base est de Rs 16 000 après 16 ans de carrière. Notre “attendance bonus” est en train d’être supprimé car nous ne travaillons plus sur le principe de “working days”. Il y a aussi des “working days” qui ne sont pas comptabilisés comme tels. C’était le cas lors des récentes grosses averses. Je ne sais pas ce que le gouvernement est en train de faire avec les travailleurs du transport, mais en tout cas notre situation est devenue extrêmement difficile. Nous n’avons pas le choix, surtout lorsqu’on sait que partout on ferme boutique.
Est-ce que les syndicats du transport ont songé à créer un front commun pour faire entendre leur voix ?
Nous avons déjà notre front commun syndical chez l’United Bus Service. Le problème se pose avec les syndicats de la CNT. Ils ont leurs spécificités. On peut certainement avoir un coup de main des travailleurs de Rose-Hill Transport. Je pense que leurs problèmes sont beaucoup plus aigus car le métro opère en plein cœur de leurs activités. Je sais que la plupart des travailleurs de ladite compagnie sont employés sous contrat. RHT a de la chance cependant d’opérer plusieurs entités à la fois. Ses revenus se sont donc diversifiés. Le travail permanent est en train de disparaître maintenant dans l’industrie du transport.
Les nouvelles recrues sont sous contrat à durée déterminé. Ce qui fait que maintenant l’avenir des travailleurs du transport en commun est devenu bien sombre, surtout lorsque sait que ce gouvernement a signifié son intention d’étendre le réseau du métro dans d’autres régions de l’île, Réduit, Ébène, Saint-Pierre. Que peuvent faire les syndicats du transport dans ce contexte ? Descendre dans la rue ? Avec ce gouvernement, tout le monde peut aller en prison pour avoir revendiqué plus de considération en raison de l’entrée en vigueur de la Quarantaine Act. J’ai eu l’occasion, la dernière fois, d’approcher le leader de l’opposition, Xavier-LucDuval, pour poser une Private Notice Question sur le sort des travailleurs du transport avec le métro. Il en a pris bonne note. Je dois dire que le deuxième confinement sanitaire national a été pire pour les travailleurs du transport. On peut dire que les recettes des compagnies d’autobus étaient passables durant le premier “lockdown”. Mais avec la deuxième vague de la COVID-19, les revenus des compagnies d’autobus ne sont pas retournés à la normale. Maintenant on vient nous parler des zones rouges qui ne sont pas accessibles aux autobus. Dans une telle situation, les responsables des compagnies d’autobus n’ont pas d’autre choix que d’agir sur les “ti malere”. Ils ne vont certainement pas retirer les caisses qui ont été alimentées pendant plusieurs années pour rendre justice aux travailleurs. Puisque les travailleurs du transport n’ont pas beaucoup de choix, bon nombre d’entre eux qui ne sont pas loin d’atteindre l’âge de la retraite choisissent de quitter le navire maintenant pour que leur “lump sum” ne subisse pas une baisse s’ils restent jusqu’à l’âge de 65 ans. Il faut savoir que la “lump sum” est normalement calculée sur la dernière année de service. Maintenant, il y a des compagnies qui font des arrangements avec les employés qu’ils veulent partir plus tôt que prévu pour payer la “lump sum” en tranches. Ces employés doivent malheureusement accepter ces offres compte tenu de ce qui pourrait les attendre plus loin.

Quelles sont vos propositions pour le budget ?
Nous, au sein du syndicat, nous pensons que le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, devrait accorder une attention particulière à notre avenir, surtout avec l’avènement du métro et les effets de la COVID-19 sur l’industrie du transport. Il faut savoir que nos conditions de service n’ont pas été révisées depuis plusieurs années par le National Remuneration Board. Le gouvernement aurait pu “top up” la compensation salariale annuelle et, en même temps, aider les compagnies financièrement pour faire face à la situation. Je le redis, beaucoup de compagnies de transport sont endettées en ce moment et elles ne savent pas à quel point se vouer. Si le gouvernement n’accorde pas de facilité à cette industrie, les petites gens continueront à vivre dans la misère et les riches deviendront plus riches. Il demeure un fait que le gouvernement est venu en aide financièrement à de nombreuses personnes en raison du confinement sanitaire. Parmi, il y a même des gens qui ne travaillaient pas et ont eu droit à une assistance financière. Je ne sais en tout cas si les Casual Workers ont eu droit à moins de Rs 6 000. Ce type de travailleurs ne tombe pas sous le Wage Assistance Scheme. Même si on les considère comme des Casual Workers, ils font des contributions au gouvernement, mais ces derniers n’ont pas obtenu le “one off payment” de Rs 10 000. Certains d’entre eux ont eu droit à un montant entre Rs 3 000 et Rs 4 000 car ils ne travaillent que pendant quatre heures environ.
Maintenant, la situation s’est corsée pour certains qui sont dans la zone rouge. Je ne pense pas qu’ils aient eu droit à une assistance cette fois-ci malgré le fait qu’ils détenaient le WAP. Moi, je suis passée par là. Certains qui habitent dans la zone rouge ont vu leur “local leaves” supprimés. Ils ont dû rester tranquilles en raison de cette loi sévère qui permet à un patron de mettre à la porte des travailleurs.

Qu’en est-il de la situation pour les Reliefs Workers dans cette industrie ?
Leur problème est malheureusement plus aigu en cette période. Ces derniers travaillaient en moyenne pendant quatre heures durant la semaine. Maintenant, ils ne voient pas venir ce type de travail, ce qui fait qu’ils se retrouvent avec une somme entre Rs 4 000 et Rs 5 000 par mois alors qu’auparavant ils touchaient entre Rs 20 000 et Rs 25 000 par mois avec des heures supplémentaires, les dimanches et les jours fériés. Certains arrivaient même à toucher environ Rs 35 000 à Rs 36 000 par mois.
D’autres travailleurs ont vu leurs petites économies en banque fondre comme neige à cause des dettes jusqu’au point où ils n’arrivaient pas à payer les factures d’électricité et d’eau. Certains ont dû alors prendre des emprunts auprès des compagnies pour lesquelles ils travaillent pour faire rouler leur cuisine. Finalement, ils se sont retrouvés avec plusieurs dettes. Beaucoup de travailleurs du transport ont dû également faire appel au Bus Industry Employee Welfare Fund pour une assistance financière durant la COVID-19. Ils n’ont pas eu le choix, il fallait rembourser les dettes. Certains ont emprunté entre Rs 10 000 et Rs 15 000.

Depuis quelque temps, les travailleurs du transport avaient attiré l’attention sur des nombreuses agressions dans l’exercice de leurs fonctions. Qu’en est-il de la situation maintenant ?
Je dois dire que le problème existe toujours, mais pour le moment nous sommes plutôt tracassés par notre avenir. Notre principal problème pour le moment a trait aux finances. Je pense sincèrement que le nombre d’agressions à l’égard des travailleurs du transport a beaucoup diminué ces derniers temps car l’accès aux plages est interdit en ce moment. D’ordinaire, c’est lorsque les gens font la fête à la plage qu’ils refusent parfois de payer leur ticket d’autobus. Ils finissent parfois par saccager les autobus parce qu’ils sont sous l’influence de l’alcool.
Cependant, en cette période, on voit beaucoup de jeunes sous l’influence de la drogue synthétique dans les autobus. Ils refusent de payer le ticket et vont jusqu’à menacer d’agresser les receveurs. C’est un groupe particulier qui agit de la sorte. Ils disent aux receveurs d’autobus que « misie la pe asize dan so biro, ou pe gagn traka paye ». Les receveurs ont vraiment peur de ces drogués car ils sont capables de tout faire.
Pour moi personnellement, le problème de la drogue est très difficile à gérer par les mamans et les parents. Malheureusement, ce problème continue à empirer et on ne sait toujours pas qui sont les barons de la drogue. La drogue, en tout cas, ne connaît pas de religion, de couleur ou de classe sociale. Elle est en train de circuler partout, que ce soit dans les villes et les villages parmi les jeunes. Les travailleurs du transport voient ce déroulement. Il n’y a pas que des enfants pauvres qui se droguent. Il y a aussi des enfants issus de familles riches qui s’adonnent à la drogue synthétique. Il y a mêmes des étudiants de l’université qui se droguent. Les travailleurs du transport le constatent à travers leurs comportements bizarres. Je ne sais pas si on pourra combattre ce fléau chez les jeunes par le biais de mesures répressives.
Au fait, le problème de la drogue chez les jeunes est devenu pire que la COVID-19. C’est écœurant de voir nos jeunes sombrer dans la drogue de cette façon. Je ne souhaite pas qu’un membre d’une famille ait un problème de drogue car cela va affecter la famille entière. C’est très difficile de sortir de l’enfer de la drogue. Moi, je pense que le gouvernement devrait plutôt axer son intervention sur l’éducation et la prévention. Malheureusement, les écoles sont fermées en ce moment. Je pense que le gouvernement devrait axer son intervention sur les gares routières. Il doit absolument surveiller ces endroits car c’est là que normalement que des transactions se déroulent. Il faut mettre davantage de policiers sur les gares routières. Ce n’est certainement pas des petites gens qui importent de la drogue à Maurice. Ce sont des gens puissants financièrement qui peuvent apporter de la drogue dans le pays. Pour mettre un frein à ce problème, il faut d’abord mener une campagne d’éducation auprès des jeunes sur les méfaits de la drogue dans les endroits à risque.

Que faut-il faire, selon vous, pour combattre le problème de la drogue chez les jeunes ?
Il faut mettre à la disposition des jeunes beaucoup d’activités sportives pour les motiver et les encourager. Parfois, c’est lorsque les jeunes n’ont pas de loisir et d’activité sportive qu’ils se tournent vers la drogue. Lorsqu’ils n’ont pas de centre de loisirs, les jeunes passent leur temps sur la route et finissent par sombrer dans la drogue à travers des fréquentations. Cela arrive souvent lorsque les parents se disputent pour des problèmes d’argent à la maison et que la rue devient alors une échappatoire. Cela se passe normalement dans des endroits à risque. Au lieu de dépenser beaucoup d’argent avec le métro, le gouvernement aurait dû songer à investir cet argent en faveur du peuple mauricien, en particulier les jeunes.
Je pense aussi que les quatre “Credit” pour réussir aux examens du School Certificate (SC) peuvent devenir une bombe à retardement pour ceux qui échouent. Figurez-vous que pour la première année, les parents ont la chance de ne pas payer les frais d’examens. Est-ce que les parents auront les moyens pour payer Rs 12 000 et permettre à leurs enfants de concourir une deuxième fois aux examens du SC ? Lorsque les parents n’ont pas les moyens, la scolarité est stoppée tout d’un coup et ils se retrouvent dans le néant. Il fallait que le gouvernement finance au moins la moitié des frais d’examens pour donner la chance aux jeunes de concourir une deuxième fois aux examens. Au lieu d’investir l’argent du peuple dans la construction de “fos fos simin”, on aurait pu investir cet argent en faveur des jeunes pour qu’ils ne se sentent pas découragés et se retrouvent dans la rue à la merci des trafiquants de drogue.

Comment cela se passe actuellement dans les autobus avec le déconfinement ?
Il n’y a pas de distanciation sociale dans les autobus bien que les passagers soient invités à porter le masque. Il y a quand même des “sanitizers” à la disposition des receveurs. Cette situation est très comique. Les passagers sont appelés à observer la distanciation sociale sur les gares routières, mais ce n’est pas le cas dans les autobus.

Est-ce que c’est difficile pour une femme de travailler dans le transport en commun ?
Ce n’est pas du tout facile de travailler dans le transport en commun. D’une part, il faut gérer diverses mentalités dans les autobus. Certains passagers sont polis alors que d’autres ont des mentalités exécrables. En tant que femme, il faut se réveiller très tôt pour faire le ménage, s’occuper des enfants et des besoins de l’époux. Parfois, les femmes qui travaillent dans le transport en commun quittent leur domicile le matin pendant que leurs enfants sont toujours au lit. Maintenant, une receveuse d’autobus peut rentrer chez elle vers 21h lorsqu’un autobus est tombé en panne. Il faut savoir que la santé d’une femme n’est pas la même tous les jours. Mais, la femme n’a pas le choix. Il faut qu’elle travaille pour aider et nourrir sa famille. Il faut, certes, avoir de la patience car c’est un travail très dur.
Moi-même, lorsque j’étais receveuse à un certain moment, j’ai failli faire des chutes à plusieurs reprises dans les autobus. Parfois, dimoun maltret ou osi, ou bizin riye pour éviter une agression. J’ai vécu tout cela pendant au moins 12 ans en tant que receveuse d’autobus. Maintenant, je suis devenu Duty Starter, un job qui consiste à répartir des autobus dans plusieurs endroits.

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