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(Hippisme) Karis Teetan : forgé dans le métal des champions

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(Hippisme) Karis Teetan : forgé dans le métal des champions

C’est un jockey taillé dans du métal précieux. Celui dans lequel sont forgés les champions. Sur la scène internationale, Karis Teetan vaut plus que son pesant d’or. Vainqueur du Longines International Jockeys’ Championship à Happy Valley à Hong-Kong, il a dominé quelques-uns des meilleurs jockeys au monde, dont Lanfranco Dettori, son idole, et Ryan Moore. Un exploit retentissant pour le natif de Flacq, qui a toujours voulu toucher les étoiles sur le dos d’un cheval.

Il était déjà une star à Hong-Kong, où il monte depuis sept ans. Karis Teetan, 29 ans, a grimpé en notoriété en s’appropriant le titre de champion lors de la Journée internationale, tenue le 4 décembre. En quatre montes, celui qu’on surnomme le Mauritian Magician a prouvé qu’il n’a rien à envier aux meilleurs jockeys du monde, s’illustrant de brillante manière pour s’octroyer ce titre tant convoité. Il s’est adjugé une des quatre courses au programme et a grappillé des points en conduisant ses autres montes vers les places d’honneur dans les autres manches.

Horseman.

Sa victoire sur le coursier Dream Warriors, il la doit à sa science, son jugement et ses efforts à l’entraînement. Il a démontré qu’il est un des meilleurs jockeys en activité. “Pour gagner une course, il faut avant tout bien sortir son cheval des stalles de départ, le placer dans la meilleure position possible relative à sa façon de courir, le faire courir dans un pas qui lui convient sans le bousculer, s’assurer qu’il est prêt à accélérer à 400 mètres du but et tout donner pour l’accompagner jusqu’au but”, explique Karis Teetan.

Le jockey nous confie qu’il prend toutes les mesures appropriées sur la piste, mais la moitié du travail se fait en amont. “Il faut faire son homework : étudier la course, les adversaires, regarder des vidéos des précédentes courses, monter un plan A et un plan B.”

Karis Teetan vient d’une famille qui aime les courses hippiques. “On regardait les courses à la télévision et souvent au Champ de Mars. J’ai grandi en apprenant à aimer cet univers.” Karis est un véritable horseman. Entendez par là qu’il voue un amour inconditionnel à la race équine. “J’ai toujours aimé les chevaux, depuis que je suis tout petit. Je montais des poneys à l’âge de 5 ans. J’ai vite su que je voulais devenir jockey. Ena dimounn kontan roul loto. Mwa mo kontan mont seval.”

Quand il est en vacances, les chevaux lui manquent. “Après deux ou trois jours, j’ai envie de toucher un cheval, le renifler. J’ai une vraie connexion avec cet animal.” Il confie avoir un petit rituel à chaque fois qu’il va monter sur un cheval, à l’entraînement ou en course. “Je lui touche le naseau pour lui faire comprendre que je vais grimper sur son dos. En quelque sorte, je lui demande la permission. En selle, je lui caresse la crinière et l’épaule pour le mettre en confiance. Mo get li bien pou li kapav get mwa bien, dit-il.

Quintuplé.

Pour revenir à ses performances sur la piste, outre sa victoire lors du Longines International Jockeys’ Championship à Happy Valley à Hong-Kong, il s’y est placé dans deux autres courses pour devancer de deux points son plus proche poursuivant, le grand jockey Ryan Moore, et s’approprier le titre. Il a aussi devancé son idole de toujours, Lanfranco Dettori. “Lanfranco Dettori sortait du Jockeys Room après une course lors de la Journée internationale à Maurice. À cette époque, le public avait accès au paddock. Mes oncles lui ont demandé si je pouvais être pris en photo à ses côtés et lui ont dit que je voulais devenir un jockey champion comme lui. Il m’a embrassé sur le front et m’a dit qu’il me donnait sa bénédiction. C’est quelque chose de spécial, j’ai beaucoup de respect pour lui. C’était un rêve de monter des courses contre lui. J’en suis très fier.”

Le jockey mauricien avait déjà fait parler de lui en septembre en remportant cinq courses dans la même journée, dont quatre épreuves successives. C’était d’ailleurs la troisième année consécutive qu’il le réalisait. Un véritable exploit à Hong-Kong, où montent régulièrement les meilleurs jockeys actuels. “Monter là-bas a toujours été un rêve pour moi. C’est la référence en termes de courses hippiques. Le professionnalisme y est remarquable et les meilleurs jockeys veulent y monter.”

“Monn pez nene bwar delwil”.

Humble et travailleur acharné, Karis Teetan ne se laisse pas perturber par l’euphorie autour de lui et continue à vouloir s’améliorer. Si c’est le meilleur jockey mauricien en activité, ce n’est guère le fruit du hasard. “Pour être un bon jockey, il faut avoir une bonne hygiène de vie, faire des exercices, travailler dur, être discipliné. Je dois continuer à travailler dur et me concentrer pour gagner d’autres courses.”

Tout n’a pas toujours été rose pour le gamin de l’est. À 13 ans, il a dû prendre la décision la plus dure de sa vie. Sélectionné aux côtés d’un autre apprenti jockey par le Mauritius Turf Club, il accepte d’aller faire son apprentissage en Afrique du Sud, loin de sa famille. “C’était très dur pour moi, je ne connaissais pas un mot d’anglais. Mais je savais au plus profond de moi-même que je devais faire ce choix afin d’atteindre mes objectifs et devenir jockey professionnel. Monn pez nene bwar delwil.”

Il entame sa carrière de jockey dans le même pays et y passe six années, tout en rêvant d’aller monter à Hong-Kong un jour. “C’était déjà dans ma tête, mais je voulais y aller uniquement quand je me sentirais prêt.” Il y a sept ans, il franchit le cap. Il y exerce actuellement en free-lance en tant que club jockey.

Après le frisson de sa consécration, il se tourne désormais vers d’autres objectifs. “J’ambitionne de devenir jockey champion à Hong-Kong et de gagner de grandes courses internationales comme la Melbourne Cup, la Breeders’ Cup et le Prix de l’Arc de Triomphe.”