Hong Kong : la « pire année » pour la liberté de la presse, selon un syndicat de journalistes

La liberté de la presse est « en miettes » à Hong Kong du fait de la reprise en main musclée par Pékin de l’ex-colonie britannique, a estimé jeudi le principal syndicat de journalistes hongkongais, redoutant désormais l’imposition d’une loi sur la désinformation.

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« L’année passée a sans conteste été la pire année pour la liberté de la presse », a déclaré le président de l’Association des journalistes de Hong Kong (HKJA), Ronson Chan, en marge de la présentation du rapport annuel de l’organisation.

Celui-ci fait l’inventaire d’une cascade d’événements qui ont eu un impact sur la presse depuis que Pékin a imposé il y a un an à Hong Kong la loi sur la sécurité nationale qui est depuis le principal instrument de répression contre les dissidents hongkongais.

Les auteurs du rapport citent notamment l’incarcération du magnat des médias Jimmy Lai, l’une des figures du camp pro-démocratie, et le gel des actifs de son tabloïd emblématique, l’Apple Daily, qui a entraîné la fermeture d’un des titres les plus critiques de la politique de Pékin.

Un millier d’employés ont perdu leur travail, dont 700 journalistes. M. Lai et plusieurs des responsables du journal dont actuellement incarcérés en raison de poursuites pour atteinte à la sécurité nationale chinoise, en lien avec les contenus du journal.

– « Gouvernement répressif » –

La HKJA accuse par ailleurs l’exécutif hongkongais, qui est aligné sur Pékin, de transformer le radiodiffuseur public RTHK en « appareil gouvernemental de propagande » en renvoyant les membres de son personnel qui se montrent critiques ou en supprimant certains programmes.

L’accès à certaines bases de données publiques est en outre de plus en plus compliqué, selon l’organisation qui rappelle le cas de cette journaliste de RTHK qui a été condamnée pour avoir utilisé les registres d’immatriculations automobiles dans le cadre d’une enquête sur une violente agression de militants pro-démocratie par des partisans du gouvernement en marge des manifestations de 2019.

Le gouvernement a également cherché à restreindre la capacité des journalistes à obtenir des informations sur le registre des entreprises, ce qui a été critiqué par les associations luttant pour la transparence financière.

« Les libertés ont gravement reculé sous l’action d’un gouvernement répressif », selon le rapport.

M. Chan s’est en outre inquiété de l’impact de lois en préparation.

De hauts responsables et des parlementaires du camp pro-Pékin ont demandé l’instauration d’une loi sur les « fausses informations ». Les détracteurs de ce projet y voient une initiative qui visera à terme les contenus qui déplaisent aux autorités.

Dans le classement annuel de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières (RSF), Hong Kong n’a cessé de dégringoler, passant de la 18e place en 2002 à la 80e cette année.

La Chine continentale est 177e sur 180. Seuls le Turkménistan, la Corée du Nord et l’Erythrée sont plus mal classés.

De nombreux médias internationaux ont leur siège régional à Hong Kong en raison de l’environnement favorable aux entreprises, et parce que la liberté de la presse continue d’y être garantie dans la Loi fondamentale, le texte qui sert de mini-Constitution à la ville théoriquement semi-autonome.

Mais beaucoup d’entre eux se posent la question de la pertinence de leur position à Hong Kong.

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