Ils sont sur le terrain : Le sens du devoir des frontliners

Tout comme l’année dernière, médecins, infirmières, membres des forces de l’ordre, entre autres éboueurs, sont en première ligne sur le terrain depuis le début du confinement. Chaque jour, ils quittent leurs domiciles et leurs proches pour répondre présents à leurs postes. Malgré tout ces frontliners ne cachent pas leur sentiment inquiétude. Surtout pour leur entourage car ils sont plus à risque de ramener le virus à la maison. Comparativement à l’année dernière, ces frontliners confient avec amertume que tout leur travail et sacrifices n’ont pas la même considération au vu de l’insouciance de certains qui ne comprennent pas la gravité de leurs actes et qui ne respectent pas les mesures de précautions.

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Ils travaillent sans relâche, voire encore plus qu’en temps normal. L’inquiétude, certes présente, passe au second plan. Plusieurs de ceux que nous avons contactés l’expliquent ainsi : “Pandémie ou pas, nous avons choisi de faire ce métier et nous devons assumer nos responsabilités peu importe la situation et les risques.” La peur est présente, mais un peu moindre pour Vidyot- ma Murday, Nursing Officier : “Nous connaissons mieux toutes les précautions à prendre”. Postée récemment dans le centre de dialyse à l’hôpital Candos, elle avoue : “C’est impossible de pas partir travailler sans ressentir de la crainte lorsque l’on voit que le nombre de cas est supérieur à 2019. Donc, quand je retourne à la maison où m’attend mon fils, je n’ai jamais l’esprit tranquille. Nous ne sommes jamais certains de ne pas ramener le virus à la maison”. De part sa profession, cette habitante de Clairfonds N°1 à Vacoas est en contact direct avec les patients. “Si j’avais le choix j’aurais choisi de ne pas rentrer à la maison. C’est à la fois stressant et à la fois un peu dur moralement et professionnellement de penser que nous, soignants, nous pouvons transmettre et être infecté”. Malgré le fait de faire régulièrement des tests PCR, elle ressent toujours cette boule au ventre surtout qu’avant le confinement, elle avait été en contact avec un patient positif. “J’ai été informé un jour après. Je me suis alors souvenue que le patient ne portait pas bien son masque et j’ai eu un moment de stress. J’avais moi-même fait ses prises de sang. Il était mal, mais j’ai tout fait pour le rassurer en lui tenant la main. En apprenant qu’il était positif, j’ai ressenti de la peur. Même si finalement mon résultat était négatif, cela ne veut pas dire que ça ne me retombera pas dessus à n’importe quel moment”.

Le risque est omniprésent

Etant pour sa part sous un traitement médical, la policière Nadia Tanner n’a pas pu être vaccinée. Et le fait d’être sur le terrain et en contact avec la population elle se sent très vulnérable : “Je redouble de vigilance avant, pendant et après mon travail. Mais le risque est là et personne n’est à l’abri. Je travaille constamment avec cette pensée en tête”. Warren T. est éboueur à Curepipe, ville décrétée zone rouge. Tant bien que mal, il essaie de garder la tête froide tout en se persuadant que : “Tout se passera bien.” Chaque jour lorsqu’il rejoint ses autres collègues pour le ramassage de déchets : “Je ne ressens pas de peur à travailler ou à être exposé au virus. Ce sont surtout mes parents qui sont très inquiets, car en terme d’équipements c’est très limité. Ce métier ne nous permet pas vraiment d’être en mesure de nous désinfecter correctement à chaque fois”. Puisque le jeune homme est la seule source de revenu de la famille, il confie ne pas avoir d’autre choix. “Si nous ne collectons pas les déchets il y aura d’autres épidémies. Et de toute façon, les gens nous ont toujours méprisés, et ce n’est pas d’un seul coup avec cette crise du covid, que les choses changeront”. Il avoue même avoir très peu d’espoir de toucher une prime supplémentaire comme ce fut le cas l’année dernière.

Face à l’insouciance

Nadia Niclair est actuellement postée au barrage pour contrôler et vérifier les allers et venus de la population. Une tache délicate que la WPC (Women Police Constable) prend très sérieux : “Je sais qu’il y a des moments particuliers dans une carrière, là ça en fait partie. Il faut s’adapter et faire au mieux car il y a certains contrôles qui se passent calmement, d’autres un peu moins. J’aurais aimé être la maison pour éviter d’être contaminée mais le devoir passe avant tout. Je trouve regrettable que les gens ne réalisent pas la situation difficile dans laquelle nous sommes”. D’ailleurs, cette année-ci, elle constate que certaines personnes se relâchent et ne prennent pas les mesures de précautions. “Elles sortent, continuent à se regrouper comme si tout était normal ou ne portent pas de masque. Et quand nous leur parlons, elles sont agacées et ne comprennent pas que ce sont les directives et que nous essayons de contenir la propagation du virus”. Raison pour laquelle Vidyotma Murday a une certaine appréhension lorsqu’elle e se rend au travail, “Ce n’est que ceux qui sont dans le covid-centre qui sont fully-equiped. Quand nous travaillons dans la salle avec les patients, nous avons le masque, un shield, du sanitizer. Cependant la différence comparée à l’année dernière, il y a plus de cas et on en détecte aussi dans les hôpitaux et cliniques. Sans compter que j’ai l’impression que les gens pensent tout savoir sur le virus et ne prennent pas toutes les précautions nécessaires. Ils pensent peut être que c’est facile d’être en quarantaine. Que c’est qu’un séjour où on est logé et nourri”.

Luttons ensemble

Voilà bientôt 16 jours que le Dr Hemraj Shibchurn travaille dans un centre de quarantaine où il a reçu des admissions provenant de plusieurs clusters. Il est impatient de retrouver ses proches. “Certes, c’est notre travail et nous devons le faire. Mais ce n’est pas facile d’être séparés de nos proches. Et ce serait mentir de dire que l’on est sans crainte. Il faut cependant essayer de la surpasser”. C’est donc dans un esprit de “fighter” que, le médecin généraliste se donne à fond dans ses tâches et autres lourdes responsabilités pour venir à tout du virus. “Nous devons tous être solidaires que ce soit le personnel hospitalier et tous les frontliners. Je salue le travail fait par tous ces personnes et croyez-moi que nous n’allons pas baisser la garde dans cette bataille”. Une expérience dont il ne cesse d’apprendre jour après jour : “Cela n’a rien à voir avec la façon traditionnelle de pratiquer notre métier”. Tant que le virus et les cas locaux seront présents, le médecin n’hésitera pas à mettre sa vie personnelle et familiale en parenthèse pour être au front. Il lance d’ailleurs à un appel à la population : “Des frontliners font beaucoup d’efforts mais certains membres du public ne font pas le nécessaire. Tout le monde ne joue pas le jeu et ne respecte pas les mesures. Dès fois, il m’arrive de penser que tous ces efforts, tous ces sacrifices et risques que nous prenons ne servent à rien. On ne vous demande pas grand chose. Juste de mettre un masque, de vous laver les mains et de respecter la distanciation sociale. La situation est grave. Pa less nou la suer al dan vid. Pense à nous aussi”.

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