Ils sont sur le terrain : Les éboueurs s’exposent pour nous sauver des déchets

Sans leur intervention les déchets nous auraient envahis, et un problème d’hygiène se serait greffé aux difficultés du confinement. En ce moment, les éboueurs sont aussi en première ligne pour vider les poubelles. La hantise d’une contamination habite ceux que nous avons contactés tandis qu’ils déplorent aussi l’attitude de certains membres du public et un manque de reconnaissance des autorités.

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“Kifer zot pa rantre ? Mo bizin desan pou met mo salte lor sime la ? Deza de semenn zot pa pase !” Du haut de sa terrasse, cette femme n’hésite pas à faire entendre son mécontentement vis-à-vis des éboueurs qui passent dans son quartier à Vacoas. Preetam qui commence à peine sa journée de travail sous une pluie battante essaie de lui faire entendre raison : “Nous n’avons plus le droit d’entrer dans la cour des gens pour enlever les déchets ménagers Madame. C’est une instruction qui vient d’en haut.” La collaboration du public est requise, mais le danger, estimet-il, plane à chaque instant. Rumeur ou fait avéré ; depuis ce matin ses collègues et lui ne sont pas tranquilles. “Pas plus tard que hier, un des habitants de cette rue a été testé positif au coronavirus. C’est un de ses voisins qui me l’a dit plus tôt,” nous explique Preetam. “Ou panse nou lespri kav trankil ?”

En cette période d’épidémie de Covid-19, la collecte des déchets ménagers est devenue une opération plus que jamais sensible. En contact direct avec des ordures pendant des heures, la peur est là. “Nous risquons d’attraper et de ramener ce virus dans nos maisons autant que les médecins, les infirmiers et autres travailleurs des secteurs essentiels qui sont sur les fronts. Mais, nous savons que nous avons une responsabilité et que c’est notre gagne-pain. Ce sont les raisons qui nous motivent à nous réveiller le matin pour venir travailler.”

Une savonnette et une moitié de litre d’alcool pour onze personnes

Avec le confinement, la tâche s’annonce plus dure car c’est presque deux fois plus de déchets qu’ils collectent en ce moment. Le volume est beaucoup plus conséquent aujourd’hui surtout, car ils ont pris du retard. “La semaine dernière, nous n’avons travaillé que deux jours parce que nous n’avions pas encore eu les équipements de protection de base, comme les masques et gangs.” Les éboueurs rencontrés sur le terrain déplorent également que contrairement à d’autres de leurs collègues appartenant à des sociétés privées ou d’autres collectivités, eux, n’ont pas reçu de combinaison de protection. “Pire, nous devons utiliser une savonnette et une moitié de litre d’alcool à onze personnes pour nous désinfecter les mains.”

Du côté de Flacq, les éboueurs longent les routes avec la même frayeur. Mais ils sont toutefois beaucoup plus sereins que leurs confrères de Vacoas. Ravi, 55 ans, père de deux enfants, dit avoir été équipé comme il se doit : “Nous avons tous reçu une combinaison blanche, des gangs blancs, du gel hydroalcoolique mais aussi du handwash.”

Depuis le début de la crise liée au coronavirus, il note un changement dans l’attitude de beaucoup. “Nombreux sont ceux qui comprennent notre rôle et les dangers auxquels nous nous exposons en ce moment. Nous le voyons bien dans leur attitude. Pourtant, vous avez quelques-uns qui pensent toujours que nous ne faisons que le travail pour lequel nous sommes payés.”

De retour à Vacoas, José, 53 ans, tient à ajouter que malgré l’appel lancé par les autorités pour que les ordures ménagères soient disposées dans des sacs poubelles : “vous avez encore des gens qui font fi de ces directives et qui les jettent directement dans leurs poubelles.” Un de ses collègues déplorent aussi : “Ena pe tir matla, pe tay brans, pe netway jardin. Boukou dimoun pa rekonet nou valer.”

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