Inde: Modi pose la première pierre d’un temple hindou controversé

Le Premier ministre indien Narendra Modi va poser mercredi la première pierre d’un temple hindou controversé à Ayodhya (nord), un geste politico-religieux significatif pour ce site emblématique du nationalisme hindou et qui a empoisonné les relations intercommunautaires dans le pays.

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Dans une juxtaposition sibylline, ce déplacement du chef de gouvernement survient le jour du premier anniversaire de la révocation de force de l’autonomie du Cachemire indien, région à majorité musulmane, autre ancienne promesse des nationalistes hindous qu’il a amenés au pouvoir à New Delhi en 2014.

Avec le chantier d’un temple dédié au dieu Ram à Ayodhya et le changement de statut du Cachemire, le Premier ministre envoie deux signaux forts à son électorat de la construction en cours d’une patrie hindoue en Inde, s’éloignant de la nation laïque et multiconfessionnelle pensée à l’indépendance en 1947.

L’homme fort du géant d’Asie du Sud participe vers 12H30 (07H00 GMT) à une cérémonie religieuse sur le site afin de marquer le début du chantier du temple. Les hindous à travers l’Inde sont appelés à allumer des bougies pour célébrer l’événement.

Serpent de mer de la politique indienne depuis plusieurs décennies, l’explosif dossier du temple d’Ayodhya a été tranché en novembre dernier par la Cour suprême. Les juges ont octroyé ce site disputé à la majorité hindoue pour y construire un temple sur les ruines d’une mosquée détruite, et ordonné qu’un nouveau terrain plus loin soit donné à la minorité musulmane.

Des groupes hindous affirment que cette terre de 1,1 hectare située dans l’État d’Uttar Pradesh, est le lieu de naissance du dieu Ram et demandaient de longue date à y construire un temple à son honneur.

D’après eux, l’empereur musulman Babur y a bâti au XVIe siècle la mosquée Babri en rasant un temple ancien dédié à Ram, septième avatar du dieu préservateur de l’univers Vishnou.

Alimentée dans les années 1980 par les nationalistes hindous, à l’époque dans l’opposition mais aujourd’hui au pouvoir, la campagne d’agitation autour d’Ayodhya avait culminé avec la destruction de la mosquée Babri par des zélotes hindous le 6 décembre 1992.

Plus de deux mille personnes avaient péri dans les émeutes intercommunautaires qui avaient suivi, pire vague de violences depuis la partition de l’empire colonial britannique en 1947.

Le début de la construction du temple de Ram « n’est pas qu’un nouveau temple mais un signe que la structure constitutionnelle fondamentale de l’Inde est en train de changer », a déclaré à l’AFP l’intellectuel Pratap Bhanu Mehta.

bur-amd/jhd

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