Initiative USA/Transparency Mauritius : Le procès de la MIC au nom de la transparence fiscale

Ashok Aubeeluck (ex-directeur du Budget) : « MIC is a little incestuous... Government is hiding and not answering questions »

Alors que la polémique enfle concernant le modus operandi de la Mauritius Investment Corporation (MIC), filiale controversée de la Banque de Maurice, la séance de formation virtuelle sur le thème “Budget Formulation Process and Importance of Fiscal Transparency”, organisée par l’ambassade des États-Unis et Transparency Mauritius, a donné lieu à des échanges intéressants entre divers participants sur la transparence et la bonne gouvernance au sommet de l’Etat.

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L’ancien directeur du budget au ministère des Finances, Ashok Kumar Aubeeluck, a expliqué que depuis quatre à cinq ans, Maurice a perdu des points en matière de transparence et que la gestion de la pandémie de Covid-19 a accentué ce déséquilibre : « We have reached a stage where we have developed some complacency in Mauritius. » Il a comparé la situation actuelle à celle du début des années 80, soulignant que « we were a little more transparent then ». Et de poursuivre : « Today the way we are spending the money and regarding some institutions created during last two years, I have great reservations regarding the Mauritius Investment Corporation. The MIC is a little incestuous, in my point of view. »

Ensuite, il a parlé de conflit d’intérêts à la MIC. Pour lui, « the best way would have been to create a sovereign welfare fund, that would bring benefits to Mauritius ». Poursuivant son analyse sur la MIC, l’ancien directeur du budget a déclaré sans ambages : « The government is hiding and not answering questions on how we are spending the money. And this is a very big role, especially when you have international reserves equivalent to 18.1 months, meaning that we don’t really lack resources. We don’t need that amount of reserves to sustain our balance of payments. Four to six months for any country is adequate. In terms of transparency and good governance we are not using the resources allocated through the budget or through MIC in a very efficient and transparent way. »
De son côté, Madhavi Ramdin Clark, Head of ACCA Mauritius, a également mis les points sur les i, insistant que « transparent and regular reporting of government finances are essential to building trust ». Elle a souligné que la pandémie a provoqué beaucoup de changements dans la manière de procéder des gouvernements : « Beaucoup ont adopté un “fast track process” avec pour résultat que les risques de corruption et de “mismanagement” ont augmenté. » D’où la nécessité pour les “audit institutions” de « take the lead ».

Madhavi Ramdin-Clark a insisté, face aux jeunes participants qui assistaient à cette formation virtuelle : « We really need to understand why public sector audit functions are essential and why these functions should focus on transparency, accountability and inclusiveness. We must know who received the benefits of the funding and who is left behind. Si l’argent n’a pas été utilisé à bon escient pendant la lutte contre la crise du Covid-19, nous devons le savoir. We have to take authorities to task when things go wrong. » Elle a expliqué qu’il y a des leçons à tirer des changements apportés dans la gestion publique pendant la pandémie afin de s’assurer « que dans le futur la transparence est améliorée à tous les niveaux ».

Et quid du rôle du Public Accounts Committee ? Ashok Kumar Aubeeluck a comparé cet organisme à un bouledogue sans dents : « The PAC is like an American mastiff without any teeth. It has no power and no authority to ensure that action is taken to remedy if something went wrong. Même s’ils découvrent qu’un item de dépense a été extravagant, deux ou trois semaines plus tard, tout est oublié. Le PAC doit être renforcé, sinon c’est du gaspillage de l’argent public. »

Quant au National Audit Office, il a été pointé du doigt notamment par Ashok Kumar Aubeeluck et Lovania Pertab, la présidente de Transpareny Mauritius. Auparavant, Khemraj Reetun, Deputy Director au bureau de l’Audit, avait déclaré : « we act as a watchdog, and we always report. Through our report, we encourage the ministries to implement necessary changes. Nous contribuons à la bonne gouvernance. »

Mais pour Ashok Kumar Aubeeluck, même si le bureau de l’Audit est indépendant, il est aussi un « American mastiff like the PAC ». Il devait souligner que quand le directeur de l’Audit dénonce les abus, il faudrait peut-être introduire des sanctions pour éviter les mauvaises pratiques. Ce à quoi Khemraj Reetun a répondu : « Our role is to report. Take sanctions is not our role, we are not empowered for this. » La présidente de Transparency Mauritius en a remis une couche en se référant aux rapports de l’Audit pendant ces dix dernières années : « Nothing has been done ! Le système n’est pas bon. »

Khemraj Reetun a tenté de faire ressortir que les gens doivent comprendre que « la nature des transactions change » et qu’« on ne peut pas venir dire qu’année après année rien n’a changé ». Et d’ajouter : « There are follow-up mechanisms. We follow and government tries to implement. We have very good relationships with all ministries and departments. Systems cannot be changed overnight. »

Lovania Pertab a expliqué que la bonne gouvernance est primordiale et peut améliorer la démocratie, ajoutant que « public funds must be used in an efficient manner » et que « all relevant information must be available to all citizens ». L’avocate a insisté sur le fait que « government has a duty to ensure a transparent economic framework and the protection of human rights ».

La chargée d’affaires à l’ambassade américaine, Judes DeBaere, qui a participé à la cérémonie d’ouverture de cette séance de formation, a encouragé les jeunes à participer au processus de préparation budgétaire pour comprendre « how government spends tax payers money ». Il est important pour tous les citoyens de comprendre le fonctionnement des finances publiques et comment le gouvernement prépare le budget, a-t-elle dit. Elle a mis l’accent sur l’importance de la transparence fiscale afin d’« enable governments, markets and other bodies to have a clear understanding of public finances ». Judes DeBaere a fait comprendre que « transparency empowers citizens to evaluate and question how government is spending taxpayers money ».
Parmi les intervenants à cette séance, il y avait aussi Ahmed Bachun de la Mauritius Revenue Authority, Aisha Timol de Cim Finance, Afsar Ebrahim de Kick Advisory Services et Michael Castro, expert américain en matière de transparence budgétaire.

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