La justice du Bangladesh a autorisé dimanche la remise en liberté sous caution du rédacteur en chef d’un grand quotidien local, interpellé en vertu d’une loi controversée sur la sécurité numérique, pour avoir dénoncé les prix élevées des denrées alimentaires.
Interpellé la semaine dernière, Matiur Rahman, 78 ans, rédacteur en chef du quotidien en langue bengali Prothom Alo, a « obtenu six semaines de liberté sous caution », a déclaré son avocat Z.I. Khan Panna aux journalistes.
La loi a été critiquée par les Nations unies et les groupes de défense des droits de l’homme comme un outil pour réprimer la dissidence et harceler les journalistes en représailles à leur travail.
M. Rahman ainsi que le journaliste Shamsuzzaman Shams sont mis en cause pour un article dans lequel, des gens ordinaires évoquaient leur combat au quotidien pour se procurer les produits de première nécessité.
Comme dans d’autres pays pauvres, le coût de la nourriture a grimpé en flèche au Bangladesh depuis le milieu de l’année dernière à la suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la devise nationale, le taka, a fortement chuté face au dollar américain.
D’après un groupe de réflexion local, près de 3.000 personnes ont au total été inculpées en application de la loi sur la sécurité numérique depuis qu’elle est entrée en vigueur, dont environ 280 journalistes.
L’ONG Reporters sans frontières a classé le Bangladesh 162e sur 180 pays dans son classement mondial de la liberté de la presse 2022.
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a appelé à un moratoire immédiat de cette loi que Dhaka utilise, selon lui, « pour arrêter, harceler et intimider les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme, et pour museler les voix critiques en ligne ».
Reporters sans frontières a ajouté que l’affaire n’avait aucune base légale et qu’il s’agissait « clairement d’un acte d’intimidation du gouvernement envers tous les journalistes ».
M. Rahman risque jusqu’à sept ans de prison s’il est reconnu coupable.