Bayrou va démissionner, Macron veut nommer un successeur « dans les tout prochains jours »

Emmanuel Macron se retrouve mardi en première ligne pour tenter de résoudre, « dans les tout prochains jours », le casse-tête qu’il est incapable de dénouer depuis plus d’un an: trouver un Premier ministre susceptible de survivre dans un paysage parlementaire sans majorité.

Au lendemain de sa chute, François Bayrou, qui a massivement perdu lundi son pari d’obtenir la confiance de l’Assemblée nationale, doit remettre sa démission, conformément à l’article 50 de la Constitution, mardi à la mi-journée au président de la République qui en a déjà « pris acte ».

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Il va ensuite expédier les affaires courantes en attendant la nomination d’un successeur, le cinquième Premier ministre depuis le début du quinquennat en 2022, du jamais-vu dans une Ve République longtemps réputée pour sa stabilité politique mais entrée dans une crise sans précédent depuis la dissolution de juin 2024.

Le chef de l’Etat « nommera un nouveau Premier ministre dans les tout prochains jours », a annoncé l’Elysée dans un communiqué alors que revient fréquemment le nom du ministre des Armées Sébastien Lecornu.

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Dès ce mardi ? « Ça fait partie des possibles », ainsi qu’une expression présidentielle le même jour, glisse-t-on dans son entourage, sans certitude.

Cela lui permettrait de ne pas être seul à la tête de l’Etat mercredi face au mouvement de protestation « Bloquons tout », né sur les réseaux sociaux et soutenu par la gauche, qui précédera la mobilisation syndicale du 18 septembre, avec entre les deux la décision vendredi de l’agence Fitch qui pourrait dégrader la note de la dette française et engendrer des turbulences sur les marchés financiers.

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A défaut, rapporte un interlocuteur régulier d’Emmanuel Macron, un Premier ministre pourrait être nommé d’ici la fin de la semaine, de manière à disposer d’un gouvernement au complet lorsque le chef de l’Etat s’envolera pour New York où il doit reconnaître les 22-23 septembre l’Etat de Palestine à l’ONU.

Selon le raisonnement des stratèges élyséens, cette fois, le chef de l’Etat ne devrait pas engager des « consultations formelles », alors qu’il avait reçu les formations politiques à tour de rôle avant de désigner Michel Barnier il y a un an, et organisé une table ronde de plusieurs chefs de parti avant de choisir François Bayrou en décembre.

 

– accord de non censure –

 

A l’Elysée, on estime que la coalition entre la macronie et la droite est un acquis. Le président a exhorté ses chefs à « travailler avec les socialistes » pour « élargir » son assise.

Mais il ne devrait pas aller jusqu’à nommer comme Premier ministre le patron du PS Olivier Faure, malgré ses offres de services pour la formation d’un « gouvernement de gauche » qui irait chercher des « compromis ».

Selon ses interlocuteurs, Emmanuel Macron préfère donner les clés de Matignon à une personnalité « de confiance ».

Outre Sébastien Lecornu, le nom de Catherine Vautrin revient mais la ministre du Travail et de la Santé reste discrète, ayant déjà expérimenté un revirement élyséen tout comme le ministre des Armées.

Sur l’aile gauche de la macronie, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui reçoit dans la matinée les présidents des différents groupes politiques de l’Assemblée, s’est dite prête mardi à aller Matignon pour y mettre en oeuvre un éventuel « pacte de coalition » incluant les socialistes et les écologistes.

A moins que le président n’écoute ceux qui lui recommandent « un parfum de cohabitation », auquel cas le président Les Républicains des Hauts-de-France Xavier Bertrand pourrait tenir la corde.

Charge à l’impétrant d’arracher un pacte de non-censure du PS, quitte à lui concéder d’importantes victoires politiques, par exemple sur la taxation des plus riches. Jusqu’ici un tabou pour le locataire de l’Elysée.

Mais Olivier Faure a refusé de dire mardi matin si le PS négocierait avec un Premier ministre issu du camp présidentiel, continuant de « revendiquer le pouvoir ».

Ces derniers mois, le chef de l’Etat a invoqué l’exemple des coalitions allemandes, alliant sociaux-démocrates et conservateurs. Mais elles supposent de très longues négociations sur un contrat de gouvernement, négociations que le président n’a pas tenté d’initier jusqu’ici.

Il en donnera peut-être le mandat au futur Premier ministre, en lui demandant de négocier un programme a minima, et notamment une ébauche de budget pour 2026, avant de nommer le reste du gouvernement.

Emmanuel Macron le sait: s’il n’a que des cartes imparfaites entre les mains, l’atout qu’il va abattre risque d’être le dernier avant de devoir, en cas de nouvel échec, redissoudre l’Assemblée, comme l’y invite le Rassemblement national.

« La question du figurant importe peu, c’est la politique de fond qu’il faut changer. Les mêmes causes entraîneront les mêmes conséquences », a répété Jordan Bardella.

En cas d’impasse prolongée, la pression monterait sur une démission d’Emmanuel Macron, espérée par l’extrême droite comme par La France insoumise.

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© Agence France-Presse

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