Madagascar: le président s’accroche au pouvoir et dissout l’Assemblée

La crise politique à Madagascar tourne au bras de fer institutionnel. Le président malgache Andry Rajoelina, contesté dans la rue mais accroché au pouvoir, a dissous mardi l’Assemblée nationale avant un vote le visant pour abandon de poste.

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Fragilisé par le ralliement ce weekend des militaires à la contestation ayant embrasé le pays et désormais réfugié dans un lieu inconnu, le chef de l’État a écarté la veille toute démission en appelant à « respecter la Constitution » lors de sa première apparition à l’écran depuis ce revirement.

Élu en 2018, puis réélu en 2023 pour un mandat de cinq ans lors d’un scrutin boycotté par l’opposition, Andry Rajoelina était sous la menace d’un vote le visant pour « empêchement temporaire » qui nécessitait la majorité des deux tiers de l’Assemblée nationale.

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« Conformément aux dispositions de l’article 60 de la Constitution, l’Assemblée nationale est dissoute », indique donc un décret diffusé sur la page Facebook de la présidence dont l’authenticité a été confirmée à l’AFP par l’entourage du président.

« Ce choix s’impose pour rétablir l’ordre au sein de notre nation et renforcer la démocratie », a-t-il justifié dans un message sur les réseaux sociaux dans la foulée.

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Des députés de l’opposition assuraient avoir collecté suffisamment de signatures pour procéder à un vote lors d’une session extraordinaire mardi qu’ils justifient par une vacance du pouvoir, le chef de l’État ayant, selon la radio française RFI, quitté le pays dimanche à bord d’un avion militaire français.

– Milliers de manifestants –

Ce weekend, une unité militaire, le Capsat, qui avait joué un rôle majeur dans le coup d’État de 2009 ayant porté au pouvoir Andry Rajoelina à la suite déjà d’une mobilisation populaire, a appelé les forces de sécurité à « refuser de tirer » sur les manifestants, avant de rejoindre ces derniers dans le centre de la capitale.

La plupart des forces armées lui ont emboîté le pas depuis et ont renouvelé leur chaîne de commandement, y compris la gendarmerie, auparavant en première ligne de la répression des manifestations.

Au moins 22 personnes ont été tuées au début des manifestations et plus d’une centaine blessées, d’après un bilan des Nations unies.

D’après la Constitution, les élections législatives doivent se tenir « soixante jours au moins et quatre-vingt-dix jours au plus après le prononcé de la dissolution » de l’Assemblée.

L’incertitude gagne encore plus cette île très pauvre de l’océan Indien où des milliers de manifestants se sont encore rassemblés mardi à Antananarivo.

Comme depuis le 25 septembre, il s’agit de jeunes mobilisés par le collectif Gen Z, désormais joints par des fonctionnaires appelés à la grève par plusieurs syndicats et des protestataires de toutes générations.

Les pancartes anti-françaises ont aussi fleuri, a constaté une équipe de l’AFP dans la capitale malgache. « Dégage la France », « Dégage Rajoelina et Macron » pouvait-on y lire.

« Je ne confirme rien aujourd’hui », avait répondu le président français Emmanuel Macron la veille à une question sur l’exfiltration d’Andry Rajoelina.

Madagascar, île à la population très démunie, a une longue histoire de soulèvements populaires suivis par la mise en place de gouvernements militaires de transition.

Au moins 80% des 32 millions d’habitants de Madagascar vivent avec moins de 15.000 ariary par jour (2,80 euros), le seuil de pauvreté de la Banque mondiale.

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