Mondial-2022: « pas de tequila au Qatar », le Mexique prépare le débarquement de ses supporters

« Pas de tequila au Qatar »: 80.000 Mexicains sont attendus au Mondial-2022, l’un des plus gros contingents de supporteurs étrangers, et l’un des plus turbulents aussi, à tel point que les autorités ont pris les devants pour éviter tout choc culturel.

- Publicité -

« En plus d’être nombreux, nous sommes très folkloriques », résume Caramelo, le supporter numéro 1 de la « Tri », la sélection mexicaine. Avec son sombrero, Caramelo – Héctor Chávez de son vrai nom – est l’alter ego de Manolo del Bombo, icône des supporters espagnols.

« Nous aimons chanter, boire et danser tout le temps », ajoute ce chef d’entreprise, qui fêtera ses 60 ans au Qatar.

- Publicité -

Fêtards, les Mexicains sont les bienvenus au Qatar à condition de respecter quelques règles. « Il est interdit d’introduire de l’alcool », prévient celui qui a été nommé « ambassadeur » des supporters de son pays par les autorités de l’émirat où il s’est rendu quatre fois en un an.

Ils devront observer les règles générales de consommation (trois heures avant et une heure après le match, dans les fans zone…). Et surtout payer une simple « chela » – bière – trois à quatre fois plus cher qu’au Mexique. « Entre 225 et 300 pesos (entre 9 et 12 dollars) », convertit-il.

- Advertisement -

Caramelo, dix Coupes du monde au compteur, a aussi tenté d’anticiper la cohabitation avec les autres supporters sur un territoire minuscule (11.571 km² au total). Notamment avant un certain Mexique-Argentine, une des affiches du groupe C où figurent aussi la Pologne et l’Arabie saoudite.

« Le représentant des supporters argentins, je le connais. S’il se passe quoi que ce soit, je peux l’appeler pour qu’il calme ses troupes », affirme Caramelo, selon qui les organisateurs ont pour la première fois associé les représentants des supporters à la préparation du Mondial.

Le gouvernement anticipe le déplacement de 80.000 ressortissants mexicains au Qatar, soit l’un des deux ou trois bataillons de supporters les plus importants.

Ils sont prêts à payer 14.000 à 20.000 dollars pour un forfait incluant l’aller-retour Mexico-Doha, l’hébergement et les trois matches de poule de la sélection, d’après l’Association des agences de voyage.

« Beaucoup d’aficionados économisent pendant quatre ans pour pouvoir assister au Mondial », complète son président, Eduardo Paniagua Morales.

– Jamais autant de Mexicains au Moyen-Orient –

« Ce sera la présence de Mexicains la plus importante dans l’histoire d’un pays du Moyen-Orient, avec une autre tradition juridique, religieuse, une autre langue », a relevé le ministre mexicain des Affaires étrangères Marcelo Ebrard, en présentant des mesures préventives dès le mois d’août.

« On ne peut pas emporter de la tequila dans nos bagages », a-t-il prévenu, à l’unisson de Caramelo.

Une quinzaine d’agents de la Garde nationale – un corps de sécurité créé par l’actuel président, sur le point de passer sous le contrôle de l’armée – seront également du voyage.

Sans armes ni uniformes, ils seront un point de liaison « entre les supporters mexicains, notre langues et nos coutumes, et les autorités du Qatar », a détaillé le chef de la diplomatie.

Un centre Mexique-Qatar ouvrira ses portes le 19 novembre pour « résoudre les problèmes sans fin » qui vont se présenter avec les passeports. « Nous avons travaillé avec le Qatar », a rassuré Marcelo Ebrard.

– Un sombrero pour Mandela –

Quinze mille en Afrique du Sud en 2010, 34.000 au Brésil quatre ans plus tard, 44.000 en Russie en 2018 et 80.000 attendus cette année: les Mexicains ne passent jamais inaperçus lors d’un Mondial.

Avec quelques dérapages individuels qui ont marqué les esprits. « Un Mexicain en état d’ivresse a éteint la flamme du soldat inconnu en France en 1998. Il a uriné sur la flamme. C’est indigne », déplore Caramelo.

En Afrique du Sud en 2010, un autre Mexicain a été arrêté parce qu’il avait tenté de placer un sombrero sur une statue de Nelson Mandela, un affront national.

Plus dramatique, en 2014 au Brésil, Jorge Alberto López Amores est mort en se jetant d’un bateau de croisière qui transportait des supporters mexicains vers Recife.

Mauvais signe pour le pays qui co-organisera avec les Etats-Unis et le Canada le Mondial-2026: la FIFA a sanctionné 17 fois le Mexique pour les cris homophobes (« puto ») saluant les dégagements du gardien de l’équipe adverse.

Les supporteurs mexicains traversent le monde pour voir une sélection qui n’a jamais dépassé le stade des quarts de finale – lors des deux Coupes du monde organisées au Mexique, en 1970 et 1986 -, et qui reste sur sept éliminations consécutives en huitièmes de finale.

« C’est un public qui se livre à fond, avec une sélection qui l’a rarement payé en retour », a résumé l’écrivain Juan Villoro lors d’une fête du livre à Mexico le 9 octobre. Et de conclure que s’il existait un Mondial des supporters, « le Mexique parviendrait en finale ».

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques