Mercredi après-midi au Vatican, 133 cardinaux venant de 70 pays vont s’enfermer dans la chapelle Sixtine pour désigner le successeur du pape François. Un conclave qui suscite un intérêt massif dans le monde, bien au-delà des sphères religieuses.
Plus de deux semaines après la mort du pape François, c’est le jour J au Vatican. Les cardinaux chargés d’élire le futur pape s’enferment à partir de mercredi 7 mai après-midi dans la chapelle Sixtine pour un conclave historique chargé de désigner, dans le plus grand secret, le successeur de Jorge Bergoglio.
Les 133 cardinaux électeurs venant de 70 pays – un record – lanceront ce cérémonial extrêmement codifié et suivi avec attention par quelque 1,4 milliard de catholiques, par l’intermédiaire des médias du monde entier.
Prélude à ce rituel ancestral, les cardinaux participeront à 10 h à une messe solennelle dans la basilique Saint-Pierre, présidée par le doyen du collège cardinalice, l’Italien Giovanni Battista Re.
Le compte à rebours s’enclenchera vraiment vers 17 h, avec l’entrée en procession des cardinaux dans une chapelle Sixtine à l’isolement drastique : aucun téléphone portable ne sera autorisé et les réseaux de télécommunications seront coupés entre les murs de la Cité du Vatican.
Ayant prêté serment de ne rien révéler des échanges – sous peine d’excommunication –, ils s’enfermeront alors face à la fresque majestueuse mais aussi intimidante du « Jugement dernier » de Michel-Ange.
Une vidéo diffusée mardi par le Vatican permet de mesurer la solennité du cadre : double rangée de tables recouvertes de lourd tissu, aiguille pour percer les bulletins, places nominatives indiquées par un chevalet et sous-mains à rabats rouges frappés des armes du Saint-Siège.
Mercredi soir aura lieu un premier vote, dont le résultat ne sera sans doute pas connu avant 19 h. Ce premier tour permettant de jauger les forces en présence, il est peu probable que la majorité des deux tiers, c’est-à-dire 89 voix, soit déjà atteinte. L’élection devrait ainsi se poursuivre jeudi, avec deux tours prévus lors de la session du matin et deux autres l’après-midi.

Cette photo prise et diffusée le 6 mai 2025 par Vatican Media montre le serment des officiers et des employés du conclave au Vatican. © Vatican Media via AFP
Le monde aura les yeux rivés sur la mince cheminée métallique fixée sur le toit de la chapelle Sixtine qui libérera, à la fin de chaque session, sa fumée annonciatrice : noire en l’absence de choix, blanche si le pape est élu.
Couvert par quelque 5 000 journalistes, ce conclave suscite un intérêt massif dans le monde, bien au-delà des sphères religieuses, à l’image des millions d’euros de paris sur l’identité du prochain pape, du succès des jeux en ligne ou des records du film « Conclave », sorti en 2024.

© Valentin Rakovsky, Jean-Michel Cornu, AFP
Qui, parmi les 133 cardinaux, se présentera habillé de blanc au balcon de la basilique Saint-Pierre ? Des Italiens Pietro Parolin et Pierbattista Pizzaballa au Maltais Mario Grech en passant par l’archevêque de Marseille, le Français Jean-Marc Aveline, ou le Philippin Luis Antonio Tagle, plusieurs noms ont émergé parmi les « papabili », considérés comme favoris.
« Il y a sans doute une opposition à la fois culturelle, et presque de ressentiment politique, de certaines Églises du Sud à l’égard des Occidentaux et notamment des Européens », affirme à l’AFP François Mabille, directeur de l’Observatoire géopolitique du religieux. Il existe aussi, selon lui, « un clivage qu’on a bien vu pendant tout le pontificat de François » entre « ceux qui estiment qu’il faut rappeler en permanence la doctrine, et les profils plus pastoraux, dans une logique d’accompagnement » des fidèles.

Des cartes postales en vente devant la basilique, place Saint-Pierre au Vatican, le 5 mai 2025. © Gabriel Bouys, AFP
Pour apprendre à se connaître et confronter leurs points de vue sur les défis de l’Église, les cardinaux ont tenu ces derniers jours 12 « congrégations générales » permettant de dessiner le profil du prochain pape.
Mais dans cette élection très ouverte, le contexte géopolitique pourrait également peser, entre montée des populismes, retour de Donald Trump à la Maison Blanche et durcissement de la guerre entre Israël et le Hamas. « On peut tout à fait imaginer que les cardinaux sensibles au contexte international qu’on connaît depuis le retour de Trump se disent qu’il faut une personne expérimentée à la tête de l’Église catholique, et notamment quelqu’un qui connaît parfaitement les relations internationales », ajoute François Mabille.